L’humanité a longtemps cherché des moyens pour déceler le mensonge. Dès la Chine antique, certains « inquisiteurs » demandaient aux suspects de mettre du riz dans leur bouche pour observer leur salivation, tandis qu’au Moyen Âge, une anthologie romaine évoquait l’écoute du pouls de l’épouse pour détecter une infidélité. Avec les avancées technologiques, des méthodes plus sophistiquées ont vu le jour.

Le polygraphe, ou détecteur de mensonges, est la méthode la plus célèbre. Il mesure la fréquence cardiaque, la respiration, la pression sanguine et la transpiration. Utilisé depuis plus d’un siècle par les forces de l’ordre et autres organismes officiels à travers le monde, le polygraphe est censé révéler la vérité. Aux États-Unis, par exemple, le FBI impose ce test à chaque candidat, et ce sont environ 70 000 personnes par an qui y sont soumises dans le cadre de vérifications de sécurité ou de recrutements fédéraux.
Pourtant, ce dispositif présente une faille majeure : il n’existe aujourd’hui aucune preuve scientifique convaincante de son efficacité. Malgré des millions de tests annuels, une méfiance croissante s’installe quant à sa fiabilité, notamment lorsqu’il est utilisé comme preuve en justice.
Parallèlement à ces tests, les interrogatoires policiers font également appel à des techniques psychologiques discutables. L’une des plus controversées est la « méthode Reid », élaborée dans les années 1960. Cette méthode repose sur des pressions psychologiques et des manipulations destinées à forcer une confession, même si le suspect est innocent.

Il est courant, par exemple, que les policiers annoncent à tort qu’un suspect a échoué au polygraphe afin de le pousser à avouer. Ces pratiques, bien que souvent légales, posent un grave problème éthique. En effet, la pression psychologique peut pousser une personne vulnérable — particulièrement les jeunes, ou celles en état de stress, fatigue ou traumatisme — à faire un faux aveu, parfois de crimes graves comme des agressions ou des meurtres.
Le phénomène des faux aveux n’est pas marginal. De nombreuses études ont établi un lien entre confessions erronées et condamnations injustifiées. Ce constat soulève des questions fondamentales sur les méthodes d’enquête et la quête de justice.

Les experts en droit et en psychologie insistent sur le fait qu’aucun individu n’est à l’abri d’un tel piège, et que la croyance selon laquelle « personne ne ferait jamais un faux aveu » est erronée. La pression prolongée, souvent exercée dès le début d’une enquête, amène parfois les interrogateurs à présumer la culpabilité du suspect avant même un procès, orientant ainsi toute leur démarche vers l’obtention d’une confession à tout prix.
Heureusement, les avancées de la technologie génétique, notamment l’analyse d’ADN, contribuent aujourd’hui à lever le voile sur ces erreurs judiciaires en prouvant l’innocence des personnes fautivement accusées. Toutefois, beaucoup restent confrontées à une longue lutte pour obtenir réparation et réhabilitation.
