Suicide d’une enseignante dans le Cantal : Une enquête ouverte

par Olivier
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Suicide d'une enseignante dans le Cantal : Une enquête ouverte
France
Portrait de Caroline Grandjean

« Caro, directrice d’école a décidé de mettre fin à ses jours ce lundi, jour de rentrée. […] Nous sommes dévastés », écrivait mardi sur X le Syndicat des directrices et directeurs d’école. Lundi matin, Caroline Grandjean, 42 ans, a été retrouvée morte à Anglards-de-Salers, dans le Cantal, près de son domicile, en contrebas d’un site escarpé. Harcelée par un corbeau en raison de son homosexualité, la quadragénaire, directrice d’une école à classe unique à Moussages, s’est donné la mort le jour de la rentrée scolaire (suicide enseignant).

Le ministère de l’Éducation nationale, qui s’est dit « profondément touché » par ce décès tragique, a annoncé dans un communiqué avoir saisi l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche pour réaliser une enquête administrative portant sur « l’ensemble des faits et des procédures » ayant précédé le décès.

« Face aux actes de harcèlement homophobe et de menaces dont elle a été victime, des mesures d’accompagnement avaient été mises en place par l’institution, notamment l’octroi de la protection fonctionnelle, un signalement au procureur, et l’activation de dispositifs de soutien », a indiqué le ministère.

Un retour en préparation

Durant l’année scolaire 2023-2024, Caroline Grandjean avait retrouvé des tags et une lettre anonyme contenant des menaces de mort en lien avec son orientation sexuelle. Elle avait alors été arrêtée temporairement par son médecin avant de reprendre son activité. Depuis fin avril, elle était de nouveau en arrêt de travail, a précisé le rectorat de Clermont-Ferrand.

Une enquête avait été ouverte par le parquet, mais celle-ci « n’avait pas permis d’identifier les auteurs » et avait été classée en mars 2025 « en l’absence de nouveaux faits », a précisé la procureure de la République d’Aurillac, Sandrine Delorme. Depuis, l’académie suivait « de près » sa situation, préparant son retour en tenant compte de ses souhaits, a ajouté le rectorat, saluant sa mémoire.

La « lesbophobie tue »

La disparition de la quadragénaire, survenue le jour de la rentrée scolaire, a suscité un vif émoi. La FSU‑SNUipp, principal syndicat du primaire, souligne qu’elle « a mis fin à ses jours, après de longs mois de harcèlement lesbophobe sur son lieu de travail » et demande une enquête afin « d’éclaircir les différentes responsabilités au sein de l’Éducation nationale qui, en tant qu’employeur, n’a pas été en capacité de protéger ». Une position partagée par le syndicat Unsa, pour lequel l’enquête interne devra « conduire à comprendre pourquoi l’employeur, informé de la situation, n’a pas réussi à protéger son personnel ».

Sur Instagram, Julia Torlet, porte‑parole de SOS Homophobie, a assuré que « l’Éducation nationale a du sang sur les mains » et que « la lesbophobie tue ». « Comment accueillir la parole des plus jeunes si l’on ne trouve pas soi‑même un soutien vers qui se tourner ? Comment éduquer au vivre‑ensemble si l’on évolue dans une structure où l’on ne peut pas exister ouvertement et en sécurité ? », a ajouté l’association.

Sur le volet judiciaire, une enquête « en recherche des causes de la mort » a été ouverte afin de recueillir tous les témoignages et permettre à la famille d’apporter tous les éléments, « même si l’acte ne pose pas de question particulière », a indiqué la procureure de la République d’Aurillac. Aucun écrit n’a pour l’heure été retrouvé, selon elle. Caroline Grandjean avait prévenu les secours avant son geste, mais le temps que les gendarmes soient informés, elle était déjà passée à l’acte.

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