Sommaire
L’essentiel
- Fethi M., détenu du centre pénitentiaire de Toulouse‑Seysses, âgé de 37 ans, est plongé dans le coma après avoir ingéré environ 5 g de cocaïne lors d’une fouille le 15 août.
- Ses codétenus ont alerté les surveillants vers 23h10 pour des convulsions ; le SAMU est intervenu vers 23h56, ce que la famille conteste en dénonçant un délai de prise en charge.
- Une enquête a été ouverte pour blessures graves, détention et cession de stupéfiants ainsi que pour introduction d’objet illicite en établissement pénitentiaire.
Les faits
Le 15 août, lors d’une inspection de sécurité dans une cellule occupée par trois détenus au centre pénitentiaire de Toulouse‑Seysses, les agents ont retrouvé plusieurs objets illicites : un téléphone portable en possession de Fethi M. (désigné « détenu A » par le parquet), un second téléphone, cinq seringues, 96 g de résine de cannabis et des câbles de chargement dissimulés dans des trappes d’aération.
Selon Me Sarah Nabet‑Claverie, avocate de la famille, apprenant la fouille imminente, Fethi M. aurait avalé plus de 5 g de cocaïne par crainte qu’une découverte ne compromette une prochaine demande d’aménagement de peine. « Fethi allait passer en commission d’aménagement de peine sous peu. Alors, que la drogue soit la sienne ou non, il a dû se dire, s’ils trouvent ça dans la cellule c’est foutu pour moi », a déclaré l’avocate.
Une prise en charge médicale contestée
Vers 23h10, les codétenus ont alerté les surveillants via l’interphone, signalant une crise de convulsions. Fethi M. a été retrouvé conscient mais désorienté, placé en position latérale de sécurité (PLS) et ne gardant aucun souvenir de l’épisode.
Le SAMU a été contacté à 23h15, mais l’ambulance n’est arrivée qu’à 23h56. Une nouvelle crise a eu lieu pendant la prise en charge, puis un arrêt cardio‑respiratoire a été constaté à 00h48. L’équipe du SMUR, arrivée à 00h45, a pratiqué un massage cardiaque et a réussi à le réanimer ; il est toutefois resté inconscient. Il a été transféré au CHU de Rangueil à 1h15 et plongé en coma artificiel.
La famille met en cause le délai d’intervention et affirme que les appels à l’aide depuis la cellule se sont multipliés avant l’arrivée des secours. Le parquet a indiqué qu’une enquête tenterait de préciser les circonstances et la prise en charge médicale.
Enquête et suites judiciaires
L’enquête, initialement ouverte pour « recherche des causes de blessures graves », a été élargie aux chefs de « cession et détention de stupéfiants », « introduction d’objet illicite en maison d’arrêt » et « blessures involontaires ». La mère et la compagne du détenu ont rapporté qu’il avait admis avoir avalé « un truc » lors de la fouille, hypothèse corroborée par le service hospitalier évoquant une intoxication.
Un codétenu a déclaré que Fethi M. avait tenté de se faire vomir après la fouille. Les surveillants affirment n’avoir rien remarqué d’anormal et assurent que les secours ont été appelés dès la première alerte. Les résultats des analyses toxicologiques, encore attendus, devraient préciser les circonstances exactes de l’intoxication.
La famille se bat pour empêcher un arrêt des soins envisagé par l’hôpital, qui estimait que d’éventuelles séquelles seraient trop lourdes. Un recours déposé le 25 août auprès du siège juridique des hôpitaux de Toulouse a permis de suspendre la décision de débrancher, accordant plus de temps pour évaluer l’état du patient. Les codétenus ont été entendus par les forces de l’ordre et l’enquête se poursuit pour déterminer le nombre d’appels à l’interphone et les délais d’intervention des surveillants.
