L’essentiel
- Amjad, un adolescent de 13 ans originaire de Gap, a fugué pour devenir guetteur dans le trafic de drogue à Marseille.
- La famille se sent délaissée par les autorités. « La police sait où il se trouve, mais ils ne font rien », estime la grand-mère.
- La police explique les difficultés pour retrouver l’adolescent, même s’il a bien été localisé à Marseille.
« Je veux devenir chouf ». Amjad, un enfant de « type franco-marocain » disparu depuis le 23 mars, a confirmé les craintes de sa mère. L’adolescent de 13 ans a quitté son foyer de Gap pour devenir guetteur au service des trafiquants de drogue à Marseille, attiré par l’argent facile. À Marseille, un guetteur peut gagner environ 150 euros par jour, selon un rapport de la Cour des comptes publié en octobre 2024. « Il travaille de dix heures à minuit, ou de minuit à dix heures sur un point de deal », relate sa mère, qui a pu lui parler au téléphone. « Lui, il s’éclate, il a l’insouciance d’un enfant. »
La mère déclare en avoir la garde exclusive, mais étant hospitalisée en centre de rééducation, elle ne peut s’en occuper correctement. « Il m’a dit qu’il ne voulait pas revenir en foyer, mais rester avec moi, ce qui n’est pas possible. S’ils le retrouvent, ils vont le replacer en foyer où il fuguera de nouveau, jusqu’au jour où on ne le retrouvera pas », explique-t-elle.
« On se sent délaissé »
Après la publication de son signalement par la police nationale et l’appel de sa mère, relayé sur les réseaux sociaux, des témoins affirment l’avoir aperçu dans le quartier du Mail, situé dans le 14e arrondissement de Marseille, un secteur notoire pour le trafic de drogue. « On se sent délaissé par tout le monde. La police sait où il se trouve, mais ils ne font rien », confie la grand-mère d’Amjad. « C’est un mineur, c’est impensable. Si ceux qui savent ne font rien, que puis-je faire en tant que grand-mère ? » La mère s’inquiète également du « suivi insuffisant » dont bénéficie son fils, qui était « sous la responsabilité » des services sociaux.
Contacté, le commissariat de Gap explique que retrouver l’adolescent est compliqué. « Nous n’avons pas les moyens de le localiser, bien que nous ayons plusieurs signalements », indique un porte-parole. « C’est un garçon qui fait des fugues de manière habituelle », précise Jérémie Bosse-Platière, directeur interdépartemental de la police nationale dans les Hautes-Alpes. « D’habitude, il rentre, mais pas cette fois. Nous savons qu’il voulait se rendre à Marseille parce qu’il est attiré par le trafic de stupéfiants et désirait s’y faire embaucher. »