Vengeance meurtrière d’un père : débat houleux en Italie

par Olivier
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Vengeance meurtrière d'un père : débat houleux en Italie
Italie

En Italie, le mot vengeance ne se contente pas d’être un simple proverbe. Guglielmo Palozzi, âgé de 62 ans, a été arrêté ce mardi pour avoir tué le même jour le principal suspect du meurtre de son fils, survenu cinq ans plus tôt.

En 2020, Giuliano, fils de Guglielmo alors âgé de 34 ans, avait été violemment roué de coups par plusieurs individus. Cette agression brutale l’avait plongé dans un coma profond, suivi d’une longue agonie de cinq mois dont il ne s’est jamais remis.

Une mort violente dans un parc

Dans cette affaire, Franco Lollobrigida, 35 ans, avait initialement été arrêté. Il avait toujours clamé son innocence jusqu’en 2023, admettant avoir frappé Giuliano mais affirmant que les coups les plus graves avaient été portés par d’autres. Après un acquittement en 2024, il avait été condamné en appel en mai dernier à dix ans de prison pour homicide involontaire aggravé. Il avait cependant été remis en liberté en attendant un pourvoi en cassation devant la Cour de Cassation italienne.

Selon le Corriere della Serra, Guglielmo Palozzi, qui travaille comme éboueur, a retrouvé Franco Lollobrigida dans un jardin public à Rocca di Papa, commune située en face de Castel Gandolfo, où se trouve la résidence estivale du pape au sud de Rome.

Le mardi matin à 10 heures, les deux hommes se sont croisés dans ce parc. Sans que l’on sache précisément s’il s’agissait d’un rendez-vous, ils ont échangé quelques mots avant que la rencontre ne dégénère. Guglielmo a alors sorti une arme à feu et tiré en direction de Franco, qui a été touché à la poitrine. L’homme a été vu tituber devant des témoins assis sur une terrasse de café et près d’un arrêt de bus, appelant à l’aide avant de s’effondrer, le cœur transpercé. Malgré les efforts des secours présents sur place, il est décédé instantanément.

Une douleur profonde et un acte irréversible

Après le tir, Guglielmo aurait jeté son arme dans la végétation environnante avant d’être arrêté par des passants puis pris en charge par les Carabinieri. Il a été placé en garde à vue pour homicide involontaire.

« Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé. Un geste imprudent de Guglielmo était envisageable après l’acquittement, mais pas à ce moment précis, quelques mois seulement après la condamnation en appel. Ce qui est certain, c’est que la douleur causée par la perte de leur fils était véritablement atroce », indique Fabrizio Federici, avocat de la famille Palozzi.

Il ajoute que Giuliano était considéré comme le membre le plus fragile de la famille, que chacun tentait de protéger. Sa disparition a provoqué un traumatisme profond. Un message envoyé par Franco Lollobrigida à l’époque, dans lequel il avertissait « appelez votre frère, il a fait une crise. Je l’ai laissé dans un état grave », est perçu par l’avocat comme une reconnaissance implicite de sa culpabilité.

Un geste qui divise profondément l’Italie

Si la douleur du père inspire une certaine empathie, son acte reste juridiquement un meurtre. Ce geste a vivement divisé l’opinion publique en Italie.

Les partisans de la vengeance saluent l’attente patiente de Guglielmo et sa manière de rendre justice : « Je préfère mille fois avoir un père comme lui qu’un fils comme Franco », « Bravo pour avoir attendu si longtemps avant d’agir ».

En revanche, ses détracteurs mettent en garde contre cette justice expéditive : « Avec la droite au pouvoir, les gens croient que la justice par eux-mêmes est normale, à la manière de la mafia », « Qu’il soit coupable ou non, en tuant lui-même il se place au même rang que des criminels », « C’est le reflet d’une justice défaillante ».

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