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Une soirée marquée par des violences s’est déroulée à Béziers, dans le quartier de la Devèze, reconnu pour ses difficultés sociales. Un guet-apens a été tendu aux pompiers et aux forces de l’ordre samedi soir, entraînant un policier blessé, ainsi que l’incendie d’un appartement touché par un tir de mortier d’artifice. Ce quartier paupérisé, gangrené par le trafic de stupéfiants, a vu la situation dégénérer en une véritable émeute.
Le commissaire Eric Agniel a rapporté que les fauteurs de troubles ont eux-mêmes appelé les pompiers pour signaler un feu de poubelle. À leur arrivée, une cinquantaine d’individus, certains positionnés sur les toits, attendaient les secours. Les pompiers ont alerté la police, qui a envoyé plusieurs agents de la brigade anticriminalité se trouvant alors pris au piège par des individus hostiles. L’incendie d’un appartement a finalement mis fin aux violences.
Un appartement entièrement détruit
Le mortier d’artifice a embrasé un appartement de 130 m², nécessitant le sauvetage d’une personne bloquée au quatrième étage, ainsi que d’autres réfugiées sur le toit, grâce à une échelle. Les interventions des secours se sont déroulées sous la protection des forces de sécurité intérieure, dans une ambiance tendue. Le feu a complètement détruit le logement, où vivait une femme avec ses trois enfants majeurs. Heureusement, aucune autre victime n’est à déplorer, à l’exception du chat de la famille. Une dizaine d’habitants de l’immeuble ont été évacués.
La municipalité de Béziers, dirigée par Robert Ménard, a annoncé avoir relogé la famille sinistrée et condamné fermement ces actes qualifiés « d’inadmissibles ». Par ailleurs, un policier a été légèrement blessé au mollet par un tir de mortier.
Conséquences judiciaires et contexte
Le procureur de la République de Béziers, Raphaël Balland, a précisé que les faits pourraient être qualifiés de violences avec arme lors d’un guet-apens, ainsi que de destruction volontaire par incendie, ce qui expose les auteurs à une peine pouvant aller jusqu’à dix ans de prison.
Ces événements seraient liés à une récente vague d’interpellations de petits revendeurs et à la saisie d’une importante quantité de stupéfiants dans ce quartier. Un mineur suspecté de revente de drogue a été présenté au juge des enfants samedi, un autre devait être jugé dimanche, et un majeur sera jugé en comparution immédiate lundi.
Mesures et contexte sécuritaire dans la région
Aucune interpellation liée aux violences de la nuit n’a eu lieu pour l’instant. Le procureur rappelle que tous les acteurs, y compris les consommateurs impliqués dans le trafic de drogue, ont une part de responsabilité. Ces dernières années, plusieurs villes moyennes comme Béziers et Nîmes subissent l’aggravation de la violence liée au narcotrafic, jusqu’à présent surtout observée dans des villes comme Marseille.
À Nîmes, face à une série d’actes criminels, le préfet a annoncé le renforcement des effectifs policiers, tandis que la mairie a instauré un couvre-feu de 21h pour les moins de 16 ans qui durera 15 jours. À Béziers, un couvre-feu pour les moins de 15 ans est déjà en place depuis deux ans, de 23h à l’aube. Au printemps 2024, un jeune de 19 ans avait perdu la vie dans ce même quartier, heurté par un véhicule près d’un point de deal.