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Insolite : morts, files d’attente et reliques figées sur l’Everest

Pour enchaîner avec la section précédente, il suffit de rappeler que le sommet de l’Everest culmine à 29 032 pieds au‑dessus du niveau de la mer — un point qui inspire autant l’admiration que la défiance. Beaucoup gravissent ce sommet pour le frisson d’affronter la plus imposante barrière rocheuse de la planète, d’autres cherchent l’élévation spirituelle que confèrent des montagnes longtemps considérées comme sacrées, à l’instar du mont Fuji ou du mont Sinaï.
Malgré la fascination qu’exerce l’Everest, le prix à payer peut être terriblement élevé : la mort reste une issue récurrente. Dès 1953, la première ascension a ouvert la voie à une dynamique où l’augmentation des tentatives s’accompagne d’un nombre important de victimes. L’expédition fondatrice mobilisait déjà des centaines de porteurs et de guides — un aperçu des moyens requis pour conquérir ce sommet.
Le chemin vers le sommet

L’ascension d’un tel sommet suit aujourd’hui des itinéraires balisés par des milliers de passages, mais cela n’enlève rien à la difficulté. Parmi les obstacles principaux :
- Baisse drastique d’oxygène : environ 70 % de réduction, qui exige une condition cardiovasculaire exceptionnelle.
- Durée et logistique : il faut souvent près de trois mois au total (environ 19 jours aller-retour jusqu’au camp de base, puis près de 40 jours pour la montée et la descente).
- Poids du matériel : équipement, tentes, réservoirs d’oxygène et vivres doivent être transportés sur l’ensemble du trajet.
- Coût élevé : au‑delà des frais de voyage, les autorisations et l’encadrement rendent l’expédition très onéreuse — un permis individuel se chiffre en dizaines de milliers de dollars et le coût total par personne peut approcher les six chiffres.
Malgré ces barrières logistiques et financières, des centaines de personnes tentent l’Everest chaque année, et des milliers sont déjà parvenues au sommet. Le nombre de tentatives et de succès a augmenté au fil des décennies, en grande partie grâce à une meilleure prévision météorologique et à une organisation plus rodée.
Mort par les chiffres

Les études statistiques montrent que, bien que le taux de réussite ait sensiblement augmenté, le taux de mortalité global est resté aux alentours de 1 % depuis 1990. Quelques points à retenir :
- Le nombre d’alpinistes effectuant une première tentative est passé de l’ordre de 2 200 par an (1990–2005) à environ 3 600 par an (2006–2019), avec un taux de succès dépassant 60 % pour certaines périodes.
- La « zone de la mort » près du sommet, étroite et technique, engendre parfois des embouteillages de grimpeurs — une situation où le moindre retard peut se révéler fatal.
- Exemples récents : durant la fenêtre d’ascension de 2019, 11 décès ont été recensés parmi 891 sommets atteints (~1,2 %) ; en mai 2023, on a signalé environ 10 morts pour 500 sommets — soit un pourcentage significativement plus élevé sur cette période.
Pour des synthèses et chiffres détaillés, on peut consulter des rapports et enquêtes consacrés aux taux de réussite et de mortalité sur l’Everest (voir, par exemple, des analyses universitaires et articles de presse spécialisés).
Ce qui reste sur la montagne

Au‑delà du nombre de victimes, un des aspects les plus frappants est la quantité de corps laissés sur l’Everest. Sur les centaines de décès enregistrés depuis les premières ascensions, environ 200 cadavres demeurent encore sur la montagne, souvent inaccessibles et dispersés — certains servent même de repères pour les alpinistes.
Un mémorial informel s’est constitué le long de la route du camp de base, au niveau du col de Thukla, où des pierres et des tissus colorés commémorent les disparus. Les proches, les Sherpas et les visiteurs ajoutent régulièrement des éléments à ce lieu de mémoire improvisé.
Les données chiffrées — nombre total de morts, bilan annuel ou classement comparatif entre massifs — continuent d’alimenter débats et réflexions sur la pratique contemporaine de l’alpinisme et sur la gestion des expéditions sur l’Everest.
Pour approfondir ces points, on peut consulter des enquêtes détaillées et comptes rendus publiés par des organismes et médias spécialisés, qui synthétisent les bilans annuels et les analyses des tendances récentes.
