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Les associations Mountain Wilderness et France Nature Environnement Isère ont déposé une plainte auprès du parquet de Grenoble contre le festival Tomorrowland Winter, organisé à la station de l’Alpe d’Huez, pour « nuisances sonores répétées et illégales ». Selon elles, l’événement, qui se déroule sur une semaine et rassemble chaque année plus de 22 000 personnes, « dépasse largement les seuils réglementaires d’émission sonore », portant atteinte à la santé et à la tranquillité des habitant·es, certains contraints de quitter la station pendant le festival.
Les deux associations affirment que, malgré des alertes récurrentes et des constats officiels, les pouvoirs publics sont restés inactifs, ce qui les a amenées à saisir la justice. La sixième édition de la version hivernale du festival est prévue en mars prochain.
Un événement « source de pollutions »
Mountain Wilderness et France Nature Environnement Isère dénoncent d’abord le bilan carbone « désastreux » lié aux déplacements des festivaliers, près de la moitié provenant de l’étranger, et pointent l’incitation des organisateurs à prendre l’avion via des « Flight Packages » depuis des villes comme Amsterdam, Bruxelles ou Barcelone. Pour les plaignants, ces pratiques sont « indécentes », notamment au regard de la disparition récente du glacier de Sarenne commémorée par les habitant·es de l’Oisans.
La pollution liée au festival est également qualifiée de « lumineuse » et « sonore ». Un bureau d’études spécialisé en acoustique aurait démontré que le volume sonore excédait, de jour comme de nuit, les limites réglementaires par un facteur important (x6 selon le communiqué des associations).
Lors d’une procédure contentieuse devant le tribunal administratif de Grenoble, le juge des référés aurait constaté que les bruits générés par le festival dépassaient les valeurs limites. À cette occasion, l’organisateur et le maire de l’Alpe d’Huez auraient reconnu la non‑conformité du festival aux normes sanitaires et environnementales.
Il n’est plus possible de fermer les yeux
Les associations signalent aussi l’agrandissement, en septembre 2024, d’un terrain de football de plus de 1 500 mètres carrés pour y installer la scène principale du festival. Elles estiment que la légalité de ces travaux reste incertaine et soulignent qu’ils ont mobilisé environ 600 000 euros de fonds publics.
Pour Mountain Wilderness et France Nature Environnement Isère, la répétition des infractions constatées rend impossible l’inaction. La plainte vise à rappeler que les manifestations festives, quel que soit leur retentissement médiatique, doivent respecter le droit et la santé publique, en particulier sur un territoire de montagne.
La réponse du festival
Les équipes de Tomorrowland Winter ont indiqué ne pas avoir reçu de plainte officielle à ce stade, tout en souhaitant « apporter des éléments de contexte concernant les sujets du son, de la faune et de la flore ». Appuyant leur propos sur « plus de vingt ans d’expérience », les organisateurs assurent agir « strictement dans le cadre des législations en vigueur ».
Sur la question des nuisances sonores, Tomorrowland Winter précise que « les scènes ferment à minuit […] et au plus tard à 1h30 », tandis que les scènes en montagne ferment à 16h30 et sont installées sur des plateformes déjà utilisées durant la saison hivernale par des établissements diffusant de la musique. Selon l’organisation, l’événement se déroule principalement dans le centre du village, « peu fréquenté par la faune », et la musique ne serait plus audible au-delà de 200 mètres.
Les organisateurs estiment en outre que la plupart des animaux seraient en hibernation en mars, moment où se tient le festival, et rappellent que le domaine skiable, exploité de décembre à avril, est « déjà habitué à un certain niveau d’activité humaine et sonore ». Ils affirment être ouverts au dialogue avec les riverains et disponibles pour échanger afin d’explorer des solutions concrètes aux nuisances.
