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La solidarité s’exprime de diverses façons : le journaliste français Christophe Gleizes, détenu en Algérie depuis un mois, a été symboliquement nommé membre du jury du prix littéraire attribué chaque année par la ville de Biot, dans les Alpes-Maritimes, à un ouvrage écrit par un journaliste.
Les livres en lice envoyés à Christophe Gleizes
« La ville de Biot a voulu s’associer à cette cause de la liberté d’expression, de la liberté de la presse, de la liberté tout court », a déclaré Jean-Pierre Dermit, maire sans étiquette de cette petite commune proche d’Antibes, lors d’une cérémonie au cours de laquelle les ouvrages en compétition pour l’édition 2025 ont été envoyés par voie postale au journaliste détenu à Tizi Ouzou.
Dans le colis étaient contenus les six livres en compétition pour ce prix récompensant chaque année un ouvrage « écrit par un journaliste sur un fait d’actualité avec une part de vécu personnel ». Parmi eux, Prisonnier du désert, d’Olivier Dubois, ancien otage au Mali, et La Meute, de Charlotte Belaïch et Olivier Pérou, portant sur les Insoumis.
Des conditions de détention jugées « correctes »
Selon la famille de Christophe Gleizes, plusieurs courriers envoyés au début juillet 2025 n’avaient pas été remis au journaliste au 20 juillet, à l’occasion de la dernière visite de son avocat. C’est la famille qui a donné son accord pour son implication symbolique au sein du jury, le journaliste étant injoignable.
Les informations transmises par l’avocat algérien indiquent que Christophe Gleizes bénéficie de conditions de détention correctes : il occupe une cellule de 10 m² partagée avec une autre personne, peut emprunter jusqu’à trois livres par semaine à la bibliothèque de la prison et regarder les chaînes algériennes ainsi que beIN Sport à la télévision.
Une condamnation intervenant dans un contexte diplomatique tendu
Christophe Gleizes, collaborateur des magazines So Foot et Society, a été condamné fin juin 2025 à sept ans de prison ferme en Algérie pour « apologie du terrorisme » et « possession de publications dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national ». La justice locale lui reproche notamment d’avoir été en contact avec un dirigeant du club de football de la Jeunesse Sportive de Kabylie, également responsable du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, classé organisation terroriste par les autorités algériennes.
Cette condamnation intervient dans un climat de crise diplomatique aiguë entre la France et l’Algérie, marqué par des expulsions réciproques de diplomates et par l’arrestation en novembre précédent de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale ».
Selon Reporters sans frontières, qui soutient ce journaliste, seul Français parmi les 573 journalistes emprisonnés dans le monde, le procès en appel de Christophe Gleizes pourrait se tenir à l’automne.
Le prix littéraire de la ville de Biot, nommé en hommage à Stéphane Frantz di Rippel, un directeur d’hôtel français enlevé, torturé et tué en 2011 en Côte d’Ivoire après avoir refusé de révéler la présence d’envoyés spéciaux français dans son établissement, est remis cette année le 24 octobre.