Colère à Fessenheim : le RN et la centrale nucléaire

par Olivier
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Colère à Fessenheim : le RN et la centrale nucléaire
France

La centrale nucléaire de Fessenheim, située dans le Haut-Rhin, demeure au cœur d’une controverse malgré sa fermeture il y a cinq ans. Le démantèlement, long et complexe, se poursuit encore aujourd’hui avec environ 400 personnes mobilisées sur le site.

Le maire de Fessenheim, Claude Brender, souligne que si l’effectif actuel est bien inférieur à celui de l’époque où la centrale était en activité (environ 1 200 emplois), « il y a encore de l’activité ». L’annonce par le Rassemblement national d’une proposition de loi visant à relancer la centrale a fait grand bruit dans la commune, suscitant beaucoup de réactions, notamment d’incompréhension et de colère.

« Des habitants m’ont interrogé en se demandant si la réouverture était possible, mais c’est un gag ! », s’exclame Claude Brender. Nicolas Goldberg, expert en énergie, confirme que la remise en marche est irréaliste. « Les deux réacteurs sont en train d’être démantelés et le circuit primaire a été décontaminé à l’acide. Il n’y a plus rien pour que cela fonctionne. »

Une proposition de loi qui provoque une vive réaction à Fessenheim

Le député Les Républicains Raphaël Schellenberger qualifie cette initiative d’un simple coup de communication. « C’est dramatique car c’est un symbole blessant pour les ouvriers qui ont œuvré à la centrale et pour tout le territoire », explique-t-il. La centrale, bien qu’à l’arrêt, reste un élément marquant du paysage local, et l’idée d’un redémarrage alimente les passions.

Dans une boulangerie de la rue principale, Nadège, boulangère, s’agace de cette proposition. « C’est n’importe quoi ! Pourquoi voter ce genre de loi alors qu’on sait tous que c’est impossible ? On ne peut pas rouvrir du jour au lendemain. » Elle relève que l’arrêt de la centrale a entraîné une baisse d’activité commerciale, mais que les commerçants se sont adaptés.

En face, au snack-restaurant, le patron partage ce constat : « Évidemment, il y a moins de monde depuis la fermeture, mais je ne regrette pas de m’être installé ici. Il faut bien faire vivre Fessenheim. L’idée de rouvrir la centrale, c’est une connerie. On ne peut pas faire marche arrière, c’est le passé. »

Des projets d’avenir sur le site de Fessenheim

À plus long terme, la dynamique locale s’oriente vers un nouveau projet : la création d’un technocentre dédié au recyclage des métaux faiblement radioactifs issus du démantèlement nucléaire, avec une mise en service prévue entre 2031 et 2032. Ce projet pourrait générer environ 200 emplois.

Le maire Claude Brender espère également voir s’implanter une nouvelle centrale nucléaire sur le site. « C’est mon combat. Nous disposons déjà de la source froide et du réseau. Tous les éléments sont là pour produire de l’électricité à nouveau, peut-être pas avec de gros EPR, mais avec de petits réacteurs », projette-t-il, tout en reconnaissant que ce type de projet prendra plusieurs années, voire décennies.

Le député Raphaël Schellenberger partage cette vision : « Fessenheim doit rester un site nucléaire, les infrastructures existantes s’y prêtent. »

La population locale ne manifeste pas de réticence face à cette perspective. Nadège, la boulangère, confie avoir grandi à proximité et ne jamais avoir été dérangée par la présence de la centrale. Marie, une nouvelle habitante avec sa famille, ajoute qu’elle se sent à l’aise dans une commune bien équipée en écoles, commerces, supermarchés et services de santé, ce qui contribue à la qualité de vie.

Un territoire en mutation mais toujours dynamique

Selon Claude Brender, la fermeture de la centrale a été vécue comme un traumatisme profond, assimilé à un gâchis économique et une décision à caractère politique. Il souligne néanmoins que la commune a perdu environ une centaine d’habitants mais commence à les regagner, avec une population qui devrait bientôt dépasser les 2 500 habitants. Par ailleurs, plusieurs nouveaux projets d’entreprise voient le jour, illustrant la vitalité retrouvée du territoire.

Thibaut Gagnepain, journaliste

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