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Alice Sebold et la lutte contre l’injustice
En novembre 2021, l’autrice américaine Alice Sebold a présenté des excuses publiques à Anthony Broadwater, un homme innocent qui a passé 16 ans derrière les barreaux pour un crime qu’il n’a pas commis. Cette affaire concerne le viol de Sebold, survenu en 1981 alors qu’elle était étudiante. Sebold a décrit la condamnation erronée de Broadwater comme symbolique de la victimisation des hommes noirs par un système judiciaire qu’elle considère comme défaillant.
Comme souvent chez les victimes de violence, Sebold a lutté avec des problèmes de santé mentale après son agression, mais a su transformer son traumatisme en récits captivants. Son premier livre, bien que peu remarqué, a été suivi par un best-seller qui a inspiré un film populaire en 2009, mettant en vedette une jeune Saorise Ronan.
Une enfance d’érudition et de rébellion
Issue d’une famille d’académiques dans une banlieue aisée de Philadelphie, Sebold, alors étudiante à l’Université de Syracuse, a été victime d’une agression sexuelle peu après son arrivée sur le campus. Elle évoque le sentiment de voir sa vie détruite tout en réalisant qu’elle était à un tournant de son existence. Cette expérience a catalysé sa détermination à poursuivre ses études et à initier sa carrière de femme écrivain, tout en cherchant à traduire son agresseur en justice.
Une réponse indifférente aux traumatismes
Malheureusement, la réponse des autorités à sa plainte a été décevante. Sebold a même été confrontée à un policier qui lui a rappelé que le tunnel où elle avait été attaquée avait été le lieu d’un meurtre horrible dans le passé, la qualifiant de « chanceuse ». Sa famille a également minimisé son expérience, lui posant des questions banales au lieu de lui apporter du soutien. Ce manque de compassion l’a poussée à nommer son livre sur l’agression « Lucky », soulignant l’ironie de la situation.
Une œuvre littéraire inspirée par la douleur
Bien que son premier livre, « Lucky », ait vendu un million d’exemplaires, c’est son deuxième roman, « The Lovely Bones », qui a connu un succès retentissant, avec plus de 10 millions d’exemplaires vendus. Ce livre, bien que fictif, aborde l’agression sexuelle, illustrant à travers l’histoire de la protagoniste, Susie Salmon, les conséquences dévastatrices d’un crime attribué à un voisin. L’œuvre a également été adaptée en film, contribuant à la carrière de Saorise Ronan.
Les conséquences de la mauvaise gestion de l’affaire
Le chemin vers la justice pour Sebold a été chaotique. Cinq mois après son agression, elle a identifié un homme, Anthony J. Broadwater, comme son agresseur, bien que l’enquête ait été mal menée. Au final, Broadwater a purgé 16 années d’emprisonnement, proclamant toujours son innocence. Heureusement, il a été exoneré en 2021, et Sebold a reconnu que son sort était le reflet d’un système judiciaire défaillant.
Un avenir incertain pour son œuvre
L’exoneration de Broadwater met maintenant en lumière le statut du livre « Lucky », qui est un récit d’un crime pour lequel un homme innocent a été condamné. En attendant d’éventuelles révisions, son éditeur a suspendu la distribution de l’ouvrage. En outre, un film basé sur « Lucky » est également en suspens, car les doutes concernant la culpabilité de Broadwater ont conduit à l’arrêt du projet. L’avenir d’Alice Sebold dans le monde littéraire semble donc incertain, alors qu’elle fait face à un nouveau chapitre de sa vie et de sa carrière.