Le Surfpark de Canéjan : Vers une autonomie en eau confirmée ?

par Olivier
0 commentaire
A+A-
Reset
Le Surfpark de Canéjan : Vers une autonomie en eau confirmée ?
France

Le projet de l’Académie de la glisse à Canéjan, près de Bordeaux, pourrait devenir le premier Surfpark de France. Ce projet suscite un vif débat autour de sa consommation d’eau, un enjeu crucial dans un contexte de raréfaction des ressources hydriques. Quatre passionnés de surf porteurs du projet soutiennent que cette infrastructure sera autonome en eau grâce à un système de récupération des eaux de pluie et à des bassins de stockage, tandis que plusieurs associations dénoncent une consommation excessive qui mettrait en péril les ressources locales.

Pour clarifier cette controverse, la mairie de Canéjan a sollicité un rapport indépendant, confié à Gabriel Poli, expert près la cour d’appel de Bordeaux. L’étude visait à vérifier les écarts importants entre les estimations des porteurs du projet et celles des opposants, notamment sur la quantité d’eau utilisée annuellement par le Surfpark.

Évaluation divergente de la consommation d’eau

Les promoteurs du Surfpark estiment que les besoins en eau s’élèveraient à environ 13 000 m³ par an, cette eau étant majoritairement issue de la récupération des eaux de pluie récoltées sur les toitures et utilisée pour compenser l’évaporation. En revanche, les associations environnementales, telles que Canéjan en Transition et la Sepanso, appuyées par un rapport d’un ancien chercheur de l’Inrae, Denis Loustau, évoquent un gaspillage considérable pouvant atteindre entre 147 000 et 280 000 m³ par an. Elles soulignent que la collecte des eaux pluviales ne représenterait qu’un apport marginal, impliquant un recours massif à l’eau potable du réseau public.

Un rapport indépendant nuancé favorable au projet

L’expertise menée par Gabriel Poli conclut à une consommation moyenne située autour de 20 000 m³ par an. Selon la modélisation réalisée sur la période 2014-2024, seules trois années sur onze entraîneraient un déficit en eau, nécessitant potentiellement un complément d’environ 4 000 m³ d’eau potable. Toutefois, le rapport précise que ce bilan reste incomplet, notamment n’intégrant pas les pertes par débordement ou celles occasionnées par les surfeurs quittant les bassins.

Pour remédier à cela, l’expert suggère d’augmenter le volume de stockage des eaux pluviales en période humide, en fermant temporairement le second bassin pour l’utiliser comme réserve de compensation. En réponse, les porteurs du projet s’engagent à ajouter une troisième cuve de stockage de 3 000 m³ en plus des deux prévues initialement, ce qui devrait largement couvrir les besoins en eau.

Cependant, Gabriel Poli insiste sur la prudence : il juge trop optimiste la conclusion d’une autosuffisance parfaite en eau, tout en reconnaissant que l’étude contraire, conduite par Denis Loustau, bien que recevable, penche excessivement vers le pessimisme.

Un débat marqué par des positions opposées

Edouard Algayon, l’un des quatre associés porteurs du projet, reconnaît que l’évaporation de l’eau a été sous-estimée mais souligne la convergence des évaluations indépendantes autour d’un même ordre de grandeur, nettement inférieur aux chiffres dénoncés par les opposants. Il affirme que ce rapport met fin aux polémiques et dénonce une opposition idéologique fondamentale au principe même de surfer dans une vague artificielle.

À l’inverse, les associations Canéjan en Transition et Surfrider Foundation maintiennent leur opposition, soulignant que le rapport d’expertise porte essentiellement un éclairage favorable à leurs revendications, notamment en termes d’irrégularités potentielles dans le permis de construire. Elles attendent désormais une décision judiciaire sur la légalité du projet, tout en critiquant la décision des porteurs de commencer les travaux avant cette décision.

Malgré le recours administratif, les responsables du Surfpark ont entamé les premières études géothermiques et le creusement du premier bassin, un chantier qui devrait s’étendre sur 12 à 18 mois.

Un projet à fort enjeu économique et sportif

Le Surfpark de Canéjan représente un investissement de 32 millions d’euros et comprendra deux bassins de vagues artificielles ainsi qu’un bâtiment d’accueil. Ce projet est porté par un promoteur local et quatre associés passionnés, parmi lesquels se trouvent Edouard Algayon, musicien et compositeur, et Nicolas Padois, exploitant d’une école de surf à Arcachon.

Tandis que certains dénoncent un « surf en boîte » et un projet nuisible à l’environnement, les promoteurs insistent sur la nécessité de ce type d’infrastructure, très attendue par les professionnels du surf en France. La France manque en effet de structures adaptées à l’entraînement dans les vagues artificielles, contrairement à ses voisins européens.

Le Surfpark vise à attirer environ 200 000 visiteurs par an, avec des tarifs variant entre 35 et 70 euros de l’heure selon les formules choisies. Un autre projet similaire est également en développement en Vendée, près de l’océan Atlantique, avec une ouverture prévue d’ici 2027.

Suggestions d'Articles

Laisser un Commentaire