De nos jours, chacun est libre d’épouser la personne de son choix. Cependant, il existe encore des exceptions, notamment certaines cultures où le mariage arrangé persiste, ainsi que dans des familles fortunées où il est attendu que les enfants épousent quelqu’un de leur propre classe sociale. Il y a un siècle, en particulier au sein des familles aristocratiques européennes, les choses étaient bien différentes. Par exemple, quand le prince Harry a épousé une Américaine divorcée, cela a suscité peu de réactions publiques, contrairement à ce qui s’était passé presque un siècle plus tôt lorsque son grand-oncle Edward VIII avait fait de même, ce qui avait failli provoquer une crise majeure au sein de la monarchie britannique.
Parmi ces familles rigides se trouvait la famille Monnier en France. Louise Monnier, une aristocrate française très attachée aux mariages convenables, allait jusqu’à punir sa fille de manière atroce lorsqu’elle tombait amoureuse du « mauvais » homme.

Le 23 mai 1901, les autorités françaises reçurent une dénonciation anonyme révélant qu’une « vieille fille » était détenue dans des conditions effroyables au domicile de Madame Monnier. À leur arrivée, la mère tenta d’empêcher la police d’entrer, en vain. Lorsque les forces de l’ordre découvrirent la pièce où Blanche Monnier était enfermée, elles furent horrifiées par la vision et les odeurs insupportables qui s’en dégageaient. Un rapport décrivit : « Dès que la lumière entra dans la pièce, nous remarquâmes, à l’arrière, étendue sur un lit, sa tête et son corps couverts par une couverture repoussante de saleté… L’air était irrespirable à cause de l’odeur nauséabonde qui régnait, ce qui rendait impossible toute investigation prolongée. » En réalité, Blanche avait passé 25 ans dans cette chambre, privée de toute lumière naturelle, coupée du monde, nourrie de nourriture avariée et contrainte de vivre dans sa propre saleté.
Quelle faute avait-elle commise pour mériter un tel châtiment ? Blanche avait simplement commis l’erreur de tomber amoureuse d’un homme jugé indigne par sa mère : un avocat considéré comme « sans ressources ». Refusant d’épouser un autre prétendant choisi par sa mère, elle fut enfermée pour plus de deux décennies.

Lorsqu’elle fut enfin libérée, Blanche Monnier était si amaigrie qu’elle ne pesait que 25 kilos. Transportée à l’hôpital, le personnel médical fut surpris de constater qu’elle demeurait lucide et exprimait le soulagement de pouvoir à nouveau respirer un air frais. Malgré un rétablissement partiel sur le plan physique, Blanche souffrit de troubles mentaux jusqu’à la fin de sa vie. Son bien-aimé était décédé pendant ces années d’emprisonnement, ce qui lui interdit à jamais de l’épouser ou de le revoir.
Comment une femme possédant une maison pleine de domestiques put-elle retenir ainsi sa fille durant 25 ans ? Une hypothèse avancée suggère que les serviteurs, terrorisés par leur maîtresse, n’osaient pas intervenir — bien qu’un d’entre eux ait finalement alerté les autorités en secret.
Le frère de Blanche, Marcel, fut condamné à quinze mois de prison pour sa complicité dans cette affaire, mais fut libéré après appel. Madame Monnier mourut peu après son arrestation, tandis que Blanche s’éteignit en 1913, dans un hôpital psychiatrique, à l’âge de 64 ans, douze ans après avoir retrouvé la liberté.

