L’Hydroptère : le combat pour faire renaître le bateau volant

par Olivier
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L'Hydroptère : le combat pour faire renaître le bateau volant
France, Suisse

Un bateau né dans l’esprit de Tabarly

L’Hydroptère n’est pas un voilier ordinaire. Imaginé par l’immense Éric Tabarly et Alain Thébault en 1994, il a été conçu comme une véritable formule 1 des mers, grâce à la collaboration d’ingénieurs du groupe Dassault, de Naval Group et d’Airbus. À le voir de haut, cet étrange voilier semble davantage un avion qu’un bateau. Cela s’explique par le fait que sa conception relevait davantage de l’aéronautique que de la voile. Ce projet audacieux, qui a coûté plusieurs dizaines de millions d’euros, a permis à l’Hydroptère de battre des records de vitesse.

En 2009, il a été le premier engin à voile à dépasser la vitesse de 100 km/h sur l’eau, atteignant l’incroyable vitesse de 55,5 nœuds lors d’une rafale. Jusqu’en 2015, le trimaran volant a tenté d’inscrire son nom dans le livre des records, avant d’être abandonné et rapatrié dans un chantier naval à Nantes. Aujourd’hui, il est encore en pièces détachées. Gabriel Terrasse, qui travaille sur la reconstruction, assure qu’il reste de nombreuses solutions à trouver.

« J’ai vidé mes comptes pour ça »

Abandonné durant des années, le voilier a souffert ; il a rouillé et été pillé. Gabriel Terrasse, à la tête du projet sobrement nommé « Hydroptère 2.0 », affirme : « Je l’ai récupéré parce que je ne voulais pas qu’il finisse sous une pelleteuse. J’ai vidé mes comptes pour ça. Maintenant, on essaye de réunir des entreprises qui ont les compétences pour nous aider à le remettre à l’eau ». Ce projet ambitieux se heurte néanmoins à un défi majeur : le financement. Les réparations nécessaires coûtent très cher, avec des estimations de plusieurs dizaines de milliers d’euros juste pour le mât.

Pour soutenir ses efforts, Gabriel Terrasse a lancé une campagne de financement participatif, espérant récolter 150.000 euros. Cependant, il se retrouve confronté à une opposition inattendue de la part de son prédécesseur, Alain Thébault, qui réclame que le bateau soit mis au musée plutôt qu’à l’eau, qualifiant les efforts de Terrasse de « bricolage ».

« J’ai peur qu’il y ait un accident »

Alain Thébault, ancien skipper emblématique de l’Hydroptère, a exprimé des craintes pour la sécurité du projet. Il estime que le travail actuel grouille d’amateurisme et se montre critique envers Gabriel Terrasse, qu’il décrit comme un « charlatan ». Malgré cette adversité, Terrasse reste déterminé à réaliser leur rêve commun, hélas entaché de tensions personnelles et professionnelles.

Un premier essai réussi sur l’eau

Malgré ces obstacles, il y a eu récemment une lueur d’espoir. Terrasse a réussi à mettre à l’eau la version expérimentale de l’Hydroptère, baptisée « L’Hydroptère.ch ». Ce prototype, qui avait longtemps détenu des records de vitesse sur le lac Léman, a été remis à l’eau avec succès au printemps 2024. « Tout le monde nous avait dit qu’on coulerait. Ça valide le fait que l’on sait faire », déclare-t-il, tout en espérant réitérer cet exploit avec le grand Hydroptère. Le défi est de taille et illustre un contexte où passion et ambition se heurtent à la rudesse de la réalité.

L'Hydroptère

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