Sommaire
L’essentiel
- Le collège-lycée catholique Saint‑Stanislas de Nantes entame sa rentrée dans une atmosphère lourde après des révélations du diocèse concernant des agressions sexuelles commises entre la fin des années 1950 et les années 1990.
- Cinq prêtres et au moins un membre du personnel éducatif, tous aujourd’hui décédés, sont mis en cause par une dizaine d’anciens élèves.
- Le diocèse a lancé un appel à témoignages destiné aux personnes ayant fréquenté l’établissement ; parents et élèves ont été informés avant la rentrée.
Rentrée sous tension
Au collège‑lycée Saint‑Stanislas, dans le quartier Talensac à Nantes, la rentrée s’est déroulée sous haute surveillance. Trois policiers stationnaient sur le parvis tandis que les élèves, entre sourires de retrouvailles et visages fermés, évoquaient l’affaire. Vendredi, le diocèse de Loire‑Atlantique a communiqué des révélations selon lesquelles une dizaine d’anciens élèves auraient subi des agressions sexuelles, des viols, ainsi que des coups ou punitions corporelles, entre 1958 et 1995.
Ce lundi matin, presque tous les élèves déclaraient connaître l’affaire. Deux jours avant la reprise, un mail adressé aux parents a été évoqué, invitant les potentielles victimes à se manifester, dit Léon*, 16 ans, en entrant dans la cour.
« Notre époque se doit de révéler de tels agissements »
Salomé*, nouvelle élève en classe préparatoire, confie avoir été choquée par ces révélations : « Psychologiquement, c’est un choc, mais c’est important d’en parler, de lever le tabou sur les agressions sexuelles dans les institutions catholiques. Même si cela peut entacher l’image du lycée, notre époque se doit de révéler de tels agissements. »
Plus réservé, Marius*, en première année d’études supérieures, déclare ne pas être surpris : « Je suis scolarisé à Stanislas depuis la 6e, j’ai déjà entendu des rumeurs d’agressions. Certaines sont très récentes mais je reste prudent face aux rumeurs non vérifiées. Pour les accusations plus anciennes, je les entends sans pour autant me sentir concerné », ajoute‑t‑il, précisant n’avoir jamais rencontré de problème durant sa scolarité.
Questionnements et sentiment de sécurité
Un élève de 17 ans rapporte que ses parents l’ont informé tout en le rassurant : « Les faits datent d’il y a plusieurs dizaines d’années, aujourd’hui le corps professoral n’est plus le même. » Son camarade espère que la rentrée permettra aux professeurs d’apporter davantage d’informations et de répondre aux questions, même si la plupart des adolescents ne se sentent pas en insécurité sur place aujourd’hui.
Interrogés, le directeur actuel du collège‑lycée et le personnel d’accueil ont décliné toute interview, renvoyant aux communications du diocèse. Selon le directeur diocésain, les accusations viseraient cinq prêtres et « au moins un membre du personnel éducatif ». Les six personnes mises en cause seraient aujourd’hui décédées. À ce jour, dix victimes auraient signalé des faits ; un homme, qui avait confié les sévices à sa famille, s’est suicidé.
Appel à témoignages
Ces révélations s’inscrivent dans une série d’affaires mettant en lumière les sévices subis par des élèves dans certains établissements catholiques avant les années 2000, à l’image de l’affaire Bétharram ou de celle du Relecq‑Kerhuon. Le diocèse de Nantes a lancé un appel à témoignages destiné aux personnes ayant fréquenté l’établissement, les établissements scolaires de l’Enseignement catholique de Loire‑Atlantique ou l’un des trois petits séminaires de l’époque, et qui auraient été témoins ou victimes.
« Quels que soient l’époque concernée, les délais, le temps passé, aucune agression sexuelle ni aucune violence ne doivent être tues, aucune victime ne doit être réduite au silence, aucune souffrance ne doit rester enfouie si elle peut, par la libération de la parole, être atténuée », ont déclaré vendredi le directeur diocésain de l’Enseignement catholique et l’évêque de Nantes.
*Tous les prénoms ont été modifiés.