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En France, environ la moitié des fruits et légumes consommés sont importés, un phénomène aggravé au fil des décennies. Il y a vingt ans, le pays fournissait encore deux tiers de ses productions potagères. Désormais, la concurrence internationale est forte, avec notamment des tomates marocaines, de la salade espagnole, des oignons néerlandais, des kiwis néo-zélandais ou encore de l’ail argentin, éloignant la France de l’objectif de souveraineté alimentaire affiché.
Pour renforcer son autonomie alimentaire, l’installation de serres maraîchères, notamment chauffées, est envisagée. Cette méthode, bien que traditionnelle, permet d’améliorer significativement la productivité des cultures. Toutefois, l’expérience espagnole, avec l’étendue massive des serres qualifiée de « mer de plastique », pose la question des limites à ne pas franchir. Néanmoins, les professionnels français défendent ardemment ce modèle de production.
Selon Pierre-Yves Gestin, président de la coopérative bretonne Savéol, l’investissement dans les serres représente « un avenir essentiel ». Avec ses 125 maraîchers, Savéol produit une grande partie des tomates françaises, cultivées hors-sol dans des substrats divers sous serres chauffées. Ces installations permettent d’allonger les saisons de production, même si la méthode est parfois critiquée pour son faible aspect naturel.
Des rendements jusqu’à quatre fois supérieurs sous serre chauffée
Cette agriculture, critiquée pour son empreinte carbone, présente néanmoins des avantages notables. Les experts agricoles estiment que les rendements des serres chauffées peuvent être jusqu’à quatre fois plus élevés que ceux des cultures en pleine terre ou sous serres non chauffées. Ce gain de productivité s’applique aux tomates, courgettes, poivrons, aubergines, fraises et melons, mais pas aux pommes de terre ni aux légumes racines comme les carottes ou la betterave.
Les producteurs insistent sur la contribution des serres à la souveraineté alimentaire : « Manger des tomates françaises pendant huit mois et demi par an ne me choque pas », affirme Pierre-Yves Gestin. Il souligne une réduction de 57 % de la consommation énergétique en quinze ans et un impact carbone moindre comparé à d’autres productions agricoles. L’utilisation modérée de l’eau et la diminution du recours aux pesticides sont également mises en avant.
La coopérative Solarenn partage cet avis, vantant la limitation des maladies et champignons dans cet environnement contrôlé. Évoluant d’un chauffage au fioul lourd vers des systèmes au gaz avec cogénération, les serres sont perçues comme un outil de production efficace et peu gourmand en surface.
Protection face aux aléas climatiques et usages fonciers
Les serres offrent également une protection aux cultures contre les intempéries, comme les vents violents ou les orages de grêle. Cette caractéristique devient d’autant plus importante dans un contexte de raréfaction des terres agricoles. La coopérative Savéol propose par ailleurs d’implanter des cultures hors-sol sur des friches industrielles ou terres abandonnées, limitant ainsi l’artificialisation de terres encore en usage.
Cependant, le coût d’investissement est un frein notable : il faut environ 1,5 million d’euros pour un hectare de serre chauffée. De plus, certaines catastrophes naturelles peuvent malgré tout détruire les cultures, comme la tempête Ciaran qui a ravagé des installations en Bretagne.
Des espaces productifs mais fermés à la biodiversité
L’un des principaux inconvénients des serres chauffées réside dans l’artificialisation des sols qu’elles impliquent. L’eau ne pénètre plus dans le sol, et la biodiversité y est quasiment absente, hormis pour quelques insectes pollinisateurs autorisés. Ce milieu ultra-contrôlé est décrit comme « complètement fermé à toute vie » par Annick Briand, maraîchère et porte-parole de la Confédération paysanne dans la Manche.
Elle cultive elle-même des tomates, concombres et courgettes sous des « tunnels froids » non chauffés, qui préservent davantage les équilibres naturels. Pour elle, il faut trouver le juste « curseur » : tirer parti de l’énergie solaire sans tomber dans une artificialisation systématique qui exclut la terre des mains des paysans.
Cette inquiétude est renforcée par l’opposition à des projets d’extension massive de serres chauffées et parfois éclairées 24h/24, comme celui de la société néerlandaise Agro Care à Isigny-le-Buat. Bien que les aides publiques soient censées favoriser l’installation des producteurs locaux, ces projets industriels écologiquement controversés soulèvent un rejet ferme de la part des agriculteurs locaux, craignant la perte de leur terroir et de leurs conditions de vie. Un projet d’extension de 20 hectares a récemment été refusé par les autorités préfectorales.
Le modèle espagnol : un avertissement
Another major concern with heated greenhouses is their energy consumption, which depends heavily on energy prices. The recent surge in gas prices, exacerbated by geopolitical tensions, severely impacted producers and consumers alike. Simpler greenhouse structures, such as unheated tunnels, produce less but are more environmentally respectful — though this is no universal solution.
The situation in Spain’s Almería region offers a cautionary tale. There, tens of thousands of plastic tunnels create a vast ‘sea of plastic’ facilitating ultra-intensive agriculture that degrades the soil and exploits migrant workers under precarious conditions. This model is precisely what France aims to avoid as it seeks a balance between autonomy alimentaire and sustainable land use.
