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Les cours d’éducation physique et sportive (EPS) à l’école laissent souvent des souvenirs contrastés : pour certains, un stress à chaque séance, pour d’autres, un moment de plaisir indispensable. Toutefois, jusqu’au lycée, les élèves sont contraints de suivre ces cours, qui ne se déroulent pas toujours dans des conditions idéales. De vieux équipements, des installations inadéquates, ou encore des conditions climatiques extrêmes viennent compliquer la pratique sportive.
Près de la moitié des établissements scolaires français, selon le « Gymnase score », ne disposent pas d’infrastructures adaptées aux besoins des élèves. Cette réalité s’illustre au travers de nombreux témoignages évoquant tapis troués, praticables moisis, courses sous la pluie, la neige ou la canicule, et cordes d’escalade obsolètes, faisant du sport scolaire un véritable parcours du combattant.
Marie, aujourd’hui âgée de 35 ans, se remémore ses cours de gymnastique au lycée dans un bâtiment délabré : « Le gymnase sentait le moisi, les tapis étaient troués, et le praticable couvert de taches de moisissure. J’aimais déjà peu la gymnastique, alors dans ces conditions, c’était encore pire. » Anne évoque quant à elle les tapis en coco, dont les fibres provoquaient des irritations douloureuses lors des roulades, laissant des marques cuisantes dans le dos.
Un seul gymnase pour 1 400 élèves ou absence totale d’installations
Patrice se souvient d’une époque où les infrastructures étaient très limitées : « En 1972, un seul gymnase devait accueillir les élèves de deux collèges comptant 900 et 500 élèves chacun. » Dans un contexte plus récent, Greg, parent d’élève, souligne qu’aucun stade n’est disponible pour le collège Simone Veil à Pontoise, pourtant récent, obligeant les élèves à utiliser des terrains de rugby – des espaces peu adaptés pour l’athlétisme ou la course d’orientation.
Des enseignants et élèves rapportent des défis physiques presque héroïques. Émilie, 30 ans, se rappelle avoir dû parcourir 25 minutes à pied, gravissant un escalier de 200 marches pour atteindre un stade éloigné. En hiver, les cours se tenaient par des températures de -5 °C dans la neige, en été sous une chaleur étouffante de 30 à 35 °C sans aucun abri. Le rugby se pratiquait sur un terrain gelé, avec chaque année des blessures graves. L’absence d’installations sanitaires compliquait encore davantage les séances, ne disposant que de deux robinets de jardinage pour toute une classe.
Des règles strictes malgré des conditions extrêmes
Eli, 45 ans, se souvient d’une séance d’endurance par un soleil de juin implacable : « Nous devions marcher une demi-heure jusqu’au stade puis faire une heure de sport sous une chaleur accablante, sans avoir le droit de boire avant la fin. Nous étions rouges comme des tomates et mettions des heures à récupérer. » Un autre témoignage anonyme rappelle une course d’hiver en 1975, avec des élèves courant en short et t-shirt dans un pré boueux recouvert de glace.
Tristan, professeur d’EPS, rapporte une expérience pédagogique étonnante vécue en tant qu’élève en 2002, où un ancien enseignant utilisait une corde en chanvre datant des années 60. De nos jours, il observe des situations encore plus perturbantes, évoquant des interruptions soudaines dues à des attaques par drone ou des problèmes d’insécurité.
Le cross sous la pluie et des souvenirs parfois absurdes
Sophie raconte avec humour la difficulté de pratiquer le lancer de javelot et de disque en hiver, avec 30 minutes de marche pour rejoindre les terrains. Les traditionnels cross sous la pluie chaque octobre sont aussi une réalité souvent vécue.
Greg conclut avec une touche de légèreté : « L’odeur des gants de boxe française, c’est un classique que tout le monde connaissant la discipline a déjà expérimenté. »
Ces récits, parfois drôles, parfois poignants, mettent en lumière un problème récurrent : le manque d’investissement dans les infrastructures sportives scolaires. Alors que les cours d’EPS sont essentiels pour la santé et le développement des élèves, le manque de moyens transforme souvent ces moments en véritables épreuves.
Le défi reste donc de voir un jour des gymnases modernes et des stades accessibles à tous dans l’ensemble des établissements scolaires, offrant ainsi des conditions dignes pour la pratique du sport à l’école.
