Vers un passeport digital pour vêtements en Europe d’ici 2026

par Olivier
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Vers un passeport digital pour vêtements en Europe d'ici 2026
Union européenne

La fabrication d’une paire de jeans émet une quantité significative de polluants — notamment si la confection a lieu dans un pays où l’électricité provient du charbon. Ces données sur les conditions et les méthodes de production ne sont aujourd’hui pas visibles en rayon. Pour aider les consommateurs à évaluer le coût environnemental réel d’un vêtement, l’Union européenne prévoit d’instaurer d’ici à fin 2026 un passeport digital pour l’industrie du textile et des chaussures, sur le modèle d’un Nutri-Score mais adapté aux impacts environnementaux. Il s’agit d’un des volets du nouveau règlement européen sur l’écoconception des produits durables, entré en vigueur en juillet 2024. Pour être commercialisé sur le marché européen, chaque produit devra disposer de ce passeport, qui pourra prendre la forme d’un QR code.

Résistance du textile, impact des microfibres…

Ce passeport, applicable aux marchandises circulant dans les 27 États membres, repose sur une méthodologie scientifique reflétant les pratiques industrielles de conception des produits textiles. Il prendra en compte la durabilité (résistance du textile et réparabilité), l’impact des microfibres tout au long du cycle de vie (de la conception au recyclage), ainsi que d’autres paramètres déterminants : composition, consommation d’eau, conditions de travail ou encore logistique et distribution.

Le résultat se traduira par un score final permettant de comparer l’empreinte environnementale des articles : celui d’une paire de chaussettes peut varier de 50 à 200 points d’impact, tandis que celui d’un jean oscillera entre 2 000 et 4 000. « C’est même mieux que le Nutri-Score, » soutient Christophe Girardier, président de la start-up Glimpact, qui développe des solutions d’évaluation de l’impact environnemental des produits et des entreprises. « Avec le passeport digital, le consommateur ne se contente pas d’une catégorie A à E : il dispose d’une information qui lui permet de différencier les produits entre eux, même s’ils sont dans la même classe. Le score est exprimé sur une échelle continue : plus il est élevé, plus l’impact est important — c’est simple à comprendre. »

« Fini le greenwashing »

Le passeport fournira des informations aux consommateurs et aux fournisseurs en s’appuyant sur la méthodologie européenne PEF (Product Environmental Footprint), dont les premiers travaux remontent à 2013. Selon Christophe Girardier, ce cadre scientifique obligera les acteurs à mesurer leurs impacts en harmonisant les règles. « Fini le greenwashing avec ça ! » affirme-t-il, y voyant un potentiel de transformation des pratiques industrielles.

Cette réglementation vise à terme l’ensemble des produits de grande consommation, à l’exception des denrées alimentaires, qui relèvent d’un autre texte. Interrogé sur la question de la contrainte réglementaire, l’eurodéputé David Cormand a déclaré : « Il n’y a jamais eu d’innovation sans contrainte. On n’a pas le droit d’inventer n’importe quoi. Le critère du maintien de la vie sur Terre et de la préservation de l’environnement est fondamental. »

Pour lui, ces règles constituent aussi un moyen de lutter contre le dumping social et environnemental et de protéger les entreprises qui fabriquent de manière plus verte en Europe. « Le but est de passer d’une logique de productivisme nationaliste à une protection du territoire, » a-t-il expliqué, estimant que la compétitivité des entreprises dépendra de leur capacité à appliquer ces standards.

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