Dix ans après les attentats de janvier 2015 : la menace terroriste évolue

par Olivier
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Dix ans après les attentats de janvier 2015 : la menace terroriste évolue
France

L’essentiel

Dix ans après les attentats de janvier 2015 qui ont visé Charlie Hebdo, une policière de Montrouge et un supermarché cacher, la menace terroriste demeure omniprésente. L’année précédente, neuf projets d’attentats ont été déjoués sur le territoire, un chiffre inégalé depuis 2017. Les contours de cette menace ont toutefois évolué : il s’agit de moins en moins d’actions projetées depuis l’étranger.

Il y a un mois, le 7 décembre dernier, trois étudiants – en informatique, psychologie et chimie – ont été mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », soupçonnés d’avoir envisagé une attaque sur le territoire. Bien qu’aucune cible précise n’ait été identifiée, les discussions entre ces individus faisaient état d’une attaque potentielle au moyen d’engins explosifs, ciblant par exemple le siège de la DGSI ou la mairie de Poitiers. Ce projet a été le neuvième déjoué en 2024.

Selon le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui s’est exprimé dans le Parisien à l’occasion des dix ans des attaques, « la menace terroriste n’a jamais été aussi présente ». Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a également constaté une augmentation de 55 % du nombre d’ouvertures de procédures liées au djihadisme, passant de 38 en 2023 à environ 60 en 2024.

Cette hausse est en partie attribuée à l’organisation des Jeux olympiques à Paris l’été dernier, trois projets déjoués étant ciblés contre cet événement. La guerre entre le Hamas et Israël a également contribué à l’aggravation de la situation. Les experts de l’antiterrorisme surveillent de près l’évolution en Syrie, suite au renversement du régime de Bachar al-Assad, ainsi que la possible recomposition de l’État islamique et l’émergence de groupes terroristes concurrents.

Dans une note adressée aux préfets, Bruno Retailleau a appelé à redoubler de vigilance lors des grands rassemblements, en prenant exemple sur les attaques à la voiture-bélier survenues en Allemagne et en Nouvelle-Orléans. Il a souligné l’importance de dispositifs adaptés pour se prémunir des attaques terroristes, incluant le filtrage des accès, la vidéoprotection, et des plans de circulation. Depuis mars 2023, le plan Vigipirate est à son maximum : « urgence attentat ».

Attaques de Charlie Hebdo

Si, dix ans après la vague d’attentats la plus meurtrière que la France ait connue, la menace reste aussi forte, elle a évolué. En 2015, les attentats étaient souvent orchestrés par des commandos téléguidés depuis l’étranger, comme l’État islamique en zone irako-syrienne ou les frères Kouachi. Selon des sources sécuritaires, l’affaiblissement de ces groupes rend ce modèle moins efficace car ils manquent de moyens financiers et humains pour mener des opérations similaires aux attentats du 13 novembre.

Aujourd’hui, les groupes terroristes sont plus enclins à embrigader des individus à distance via les réseaux sociaux, les incitant à agir seuls ou au sein de groupes très restreints. Les attaques de masse avec des armes lourdes ne sont plus la norme, car elles sont onéreuses et plus facilement détectables. Les candidats au djihad sont donc poussés vers des actions de proximité, à l’arme blanche ou à l’aide de véhicules.

Les acteurs de l’antiterrorisme signalent également un rajeunissement des profils des suspects. Les trois jeunes interpellés en décembre avaient entre 19 et 20 ans. Un adolescent de 14 ans a été mis en examen en mars pour avoir tenté de projeter un attentat contre un centre commercial à Lille. Par ailleurs, trois mineurs ont été arrêtés, associés à des Belges planifiant un attentat à Bruxelles. En 2023, 15 mineurs avaient été mis en examen pour des actes terroristes, chiffre passé à 18 en 2024.

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