Pourquoi les hippopotames cocaïnés de Pablo Escobar sont considérés comme des personnes légalement
Pablo Escobar, le célèbre narcotrafiquant colombien, est devenu milliardaire à l’apogée de son pouvoir et a construit un domaine connu sous le nom de Hacienda Napoles. Située dans un cadre naturel magnifique, cette propriété comprenait un aéroport privé, une piste de karting, une arène de taureaux, et même un zoo qui abritait des éléphants, des girafes et des chevaux. Escobar a également fait venir illégalement quatre hippopotames dans son zoo.
Après l’arrestation et la mort d’Escobar en 1993, Hacienda Napoles a été saisie. Si la majorité des animaux ont été transférés dans des zoos, les hippopotames ont été laissés en liberté sur la propriété, car leur transport était jugé trop coûteux et compliqué. Au fil des années, les animaux, surnommés « hippopotames cocaïnés », ont proliféré et leur nombre a atteint environ 100. Cette surpopulation est devenue un problème environnemental en raison de leur statut d’espèces envahissantes et de leur comportement agressif. De plus, leurs déjections modifient la chimie de l’eau dans la région. Selon l’écologiste Jonathan Shurin, « dans quelques décennies, il pourrait y avoir des milliers d’entre eux ». En réponse, le gouvernement colombien a envisagé la stérilisation pour limiter la croissance de la population des hippopotames cocaïnés.
Les hippopotames cocaïnés disposent de droits aux États-Unis
En octobre 2021, le gouvernement colombien a annoncé avoir stérilisé une vingtaine d’hippopotames cocaïnés. Face à leur grand nombre, certaines d’entre elles doivent être euthanasiées, ce qui suscite la controverse, car les habitants de la région les ont adoptés. En effet, la communauté veille à ce qu’aucun mal ne soit fait aux hippopotames. Le vétérinaire Gina Serna-Trujillo a déclaré : « La communauté nous surveille pour s’assurer que nous ne faisons pas autre chose que de la stérilisation ».
Aux États-Unis, le Animal Legal Defense Fund (ALDF) a intenté un procès contre le gouvernement colombien au nom des hippopotames cocaïnés, dans l’intention de les sauver de l’euthanasie. Un tribunal de district de Cincinnati a accordé à ces animaux le statut de « personnes intéressées », leur conférant ainsi des droits au titre du droit américain. Cependant, le professeur de droit colombien Camilo Burbano Cifuentes a précisé que cette décision n’a aucune portée en Colombie : « Cette décision n’a aucun impact en Colombie car elle n’a d’effet que sur ses propres territoires. Ce sera aux autorités colombiennes de décider du sort des hippopotames, et non aux américaines ».
Malgré tout, la reconnaissance légale des hippopotames cocaïnés comme des personnes aux États-Unis est un événement marquant, car c’est la première fois qu’un animal se voit accorder un tel statut dans ce pays.