L’Histoire de la Torture Blanche : Une Méthode Éprouvante

par Olivier
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L'Histoire de la torture blanche : méthode de punition en Iran
Iran

L’Histoire de la torture blanche comme méthode de punition

Depuis 1972, la prison d’Evin, située à Téhéran, en Iran, est un lieu de détention politique où des militants, artistes, écrivains et intellectuels sont soumis à des abus et à la torture. En août 2021, des vidéos de surveillance divulguées ont choqué le monde en montrant les conditions inhumaines au sein de cet établissement. Amnesty International a décrit ces images comme n’étant que la partie émergée de l’iceberg d’une épidémie de torture en Iran.

Parmi les méthodes de punition utilisées à Evin, la torture blanche se distingue. Cette forme extrême d’isolement cellulaire vise à forcer les détenus à signer des confessions ou à renoncer à leur volonté. Les prisonniers sont confinés dans une pièce entièrement blanche, où tous les éléments – sols, literie, vêtements, lumières, et même la nourriture – sont blancs. Les lumières sont agencées de manière à ce qu’aucune ombre ne soit projetée, et la pièce est insonorisée, privant ainsi le détenu de toute stimulation sonore. L’alimentation se limite au riz blanc sans assaisonnement, rendant toute expérience de goût et d’odorat impossible.

Bien que la torture blanche puisse sembler bénigne au premier abord, l’absence de stimulation sensorielle sur de longues périodes entraîne des effets secondaires graves, potentiellement permanents.

Étude sur la privation sensorielle

Dans les années 1949, le psychologue canadien Donald Hebb a mené une étude pionnière sur la privation sensorielle, qu’il a documentée dans son ouvrage « The Organization of Behavior ». Hebb avait auparavant expérimenté la privation visuelle sur des rats, puis a reçu des fonds pour étudier l’impact sur des humains. Les participants, principalement des étudiants, étaient rémunérés 20 dollars par jour pour leur participation à l’étude, qui se tenait au Centre médical de l’Université McGill à Montréal.

Les sujets étaient placés dans des pièces individuelles et privés de leurs sens. Ils portaient des lunettes et des écouteurs pour bloquer la vue et l’ouïe, avec des dispositifs pour diminuer le tactile. Si l’étude devait s’étendre sur six semaines, la plupart des participants n’ont tenu que quelques jours. Woodburn Heron, un collaborateur de Hebb, a rapporté que « presque tous ont signalé que la chose la plus frappante était qu’ils ne parvenaient pas à penser clairement. » Les tests cognitifs effectués après cette expérience ont révélé une déficience mentale temporaire.

L’expérience de la torture blanche

Amir Fakhravar, ancien détenu de la prison d’Evin, a partagé son vécu de la torture blanche. Dans une interview, il a expliqué : « Nous ne voyions aucune couleur, toute la cellule était blanche, le sol était blanc, nos vêtements étaient blancs, et la lumière, 24 heures sur 24, était blanche. » Les prisonniers qui souhaitaient utiliser les toilettes glissaient un morceau de papier blanc sous la porte et étaient escortés par des gardiens munis de chaussures rembourrées pour ne pas faire de bruit. Après huit mois d’isolement, Fakhravar ne savait plus reconnaître les visages de ses parents.

Un autre écrivain emprisonné a témoigné de son expérience, affirmant que les autorités obtiennent ce qu’elles désirent sans avoir à recourir à la violence physique. « Une fois que vous cassez, ils prennent le contrôle. Et à ce moment-là, vous commencez à confesser. » Pour beaucoup, cette forme de torture sans contact est pire que la violence physique, car les êtres humains sont des créatures sociales. L’isolement et la privation sensorielle entraînent souvent des problèmes psychologiques persistants, et ceux ayant subi cette méthode vivent souvent des tourments mentaux longtemps après leur sortie de prison.

Ombre des mains

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