Lorsque Saturday Night Live fit ses débuts en octobre 1975, personne n’imaginait que cette émission deviendrait un véritable tremplin pour des étoiles qui allaient façonner la comédie américaine pendant plus de 45 ans. La toute première génération de comédiens, surnommés « The Not Ready For Prime-Time Players », comptait parmi ses rangs des figures comme Dan Aykroyd, Chevy Chase et le regretté John Belushi, qui devinrent de véritables icônes du rire.
Si l’on aurait pu penser que ces esprits comiques talentueux collaboreraient harmonieusement, la réalité en coulisses était bien différente. Si certaines amitiés, comme celle entre Aykroyd et Belushi, se nouèrent rapidement, d’autres relations se cristallisèrent dans la rivalité. La plus célèbre opposait John Belushi, le comédien populaire et terriblement énergique, à Chevy Chase, le charmeur arrogant de la scène comique de la fin des années 70. Cette inimitié naquit principalement de l’attitude cruelle de Chase et de l’envie bouillonnante de Belushi.
SNL ou « Le spectacle de Chevy Chase »
Dans l’industrie du divertissement, les ego peuvent vite devenir démesurés. Qu’il s’agisse de rockstars en pleine tournée ou de comédiens sur les plateaux de sketchs hebdomadaires, la célébrité est souvent un tremplin pour l’arrogance. C’est précisément ce qui arriva à Chevy Chase lors de sa première année à SNL.
En très peu de temps, Chase réussit à faire basculer l’émission en un véritable « Chevy Chase Show ». Sa présence charismatique et son segment « Weekend Update » attirèrent massivement l’attention des téléspectateurs, qui regardaient désormais surtout pour ses apparitions. Toutefois, derrière les caméras, l’ambiance était bien plus sombre. Chase, décrit comme cru et méprisant, s’attaquait régulièrement à ses collègues avec des railleries acérées. Selon Laraine Newman, ancienne coéquipière, il se moquait de ses pairs avec la férocité d’un grand frère cherchant à faire mal intentionnellement.
Belushi, notamment, fut une cible régulière. Son physique plus rond et ses origines modestes alimentaient les moqueries de Chase, qui n’hésitait pas à l’humilier en public. On rapporte même que Chase prétendait apprendre à Belushi à utiliser ses couverts ou à se débarrasser de ses poils de dos, une façon cruelle de souligner des différences culturelles et sociales. En somme, c’était un homme au tempérament difficile, peu apprécié parmi le casting.
Un brin de jalousie qui se transforme en haine
Avec une arrogance croissante alimentée par sa célébrité grandissante, il n’est pas surprenant que John Belushi, issu d’un milieu ouvrier, finisse par ressentir une forte irritation envers Chevy Chase. Ce qui commença comme une simple gêne se mua rapidement en un mépris profond.
Alors que Chase grimpait les échelons du succès, allant jusqu’à quitter SNL pour se consacrer à d’autres projets dès la deuxième saison, Belushi voyait avec amertume que son propre talent n’était pas autant reconnu. Malgré ses succès antérieurs sur scène et à la radio, il se retrouvait cantonné à des rôles mineurs à la télévision, tandis que Chase devenait une superstar de la comédie. Pour Belushi, cette situation était profondément injuste.
De plus, Chase retournait parfois à SNL en tant qu’invité, ce qu’il considérait comme une marque évidente de sa supériorité, n’hésitant pas à dénigrer la qualité du spectacle après son départ. Belushi, de son côté, se savait le plus talentueux des deux, avec ses nombreuses preuves à l’appui, et détestait voir Chase recevoir toute la gloire à sa place.