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Mardi soir, Emmanuel Macron était l’invité d’une émission spéciale sur France 2 consacrée à l’environnement. Cette interview, enregistrée à Nice durant la conférence des Nations unies sur les océans, a permis au président de la République de défendre vigoureusement son bilan écologique tout en critiquant certaines décisions récentes en France, y compris celles prises par son propre camp.
Un bilan écologique contesté mais fermement défendu
Emmanuel Macron a exprimé son agacement face aux critiques évoquant des reculs dans sa politique écologique. Il a rejeté le reproche concernant la promesse non tenue d’interdire le glyphosate, affirmant ne pas avoir « de leçon à recevoir ». Selon lui, les journalistes passent d’un extrême à l’autre : « Ce que j’adore le plus, c’est les journalistes qui pendant huit ans ont dit : « il n’a pas de bilan écologique », et qui maintenant disent : « il détricote son bilan écologique ». »
Le chef de l’État a également regretté que les questions sur ces reculs éclipsent les débats essentiels liés aux enjeux océaniques, son principal sujet lors de cette intervention.
Un succès diplomatique salué à Nice
Le président a mis en lumière l’importance de la conférence internationale sur les océans, qu’il coprésidait avec le Costa Rica. Selon lui, jamais autant de chefs d’État et de gouvernement ne s’étaient mobilisés pour la cause des océans. « Nice, vraiment, est un succès », a-t-il affirmé.
Parmi les engagements majeurs obtenus figure la ratification prochaine du traité pour la protection de la haute mer, dont l’entrée en vigueur pourrait être effective dès le 1er janvier 2026, une avancée qu’Emmanuel Macron a qualifiée d’« exploit ». Ce traité devrait mettre fin au statut de « Far West » des zones océaniques internationales.
Critiques du désengagement américain
Dans cet entretien, Emmanuel Macron a également pointé du doigt le retrait des États-Unis de certaines initiatives climatiques, mettant en garde contre l’exploitation abusive des métaux rares dans les profondeurs océaniques. « Nous serions totalement fous d’exploiter avant d’avoir la connaissance scientifique de ces abysses », a-t-il déclaré.
Prévu au Groenland pour un déplacement prochain, il a insisté sur sa volonté d’empêcher toute « prédation » ou « menace » dans ce territoire stratégique, soulignant l’importance d’une vigilance géopolitique et environnementale accrue.
La situation de l’activiste Paul Watson évoquée
Lors de l’émission, Emmanuel Macron a été interpellé sur le cas de Paul Watson, activiste écologiste et fondateur de Sea Shepherd, qui a renouvelé sa demande d’asile politique en France. Bien que le président ait rappelé que l’attribution de l’asile est une compétence indépendante relevant de l’Ofpra, il a assuré que Paul Watson est « en sécurité » sur le territoire français et a exprimé son souhait que ce dernier et sa famille puissent formuler leur demande dans les règles.
Des reculs écologiques dénoncés
Tout en valorisant son rôle diplomatique, Emmanuel Macron a dénoncé plusieurs décisions prises ces derniers mois en France, qu’il considère comme des reculs pour l’écologie. Il a notamment cité la suspension de MaPrimeRénov’, la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) dans certaines villes et un possible retour de certains pesticides. Le président a alerté sur une « remise en cause de la priorité donnée au climat » qui, selon lui, constituerait une « grosse erreur ».
Il a exhorté les autorités à ne « rien relâcher de l’effort » en matière écologique.
Concernant la nomination de Christophe Castaner, son ancien ministre de l’Intérieur, chez le géant chinois de la fast fashion Shein, Emmanuel Macron s’est montré agacé et a répondu : « C’est un peu nul ce que vous faites. » Toutefois, il a précisé que Castaner travaille désormais à « décarboner le Grand port de Marseille », tout en soulignant la difficulté pour les ministres de retrouver une vie normale professionnelle après leur mandat.
Des ONG jugent les promesses insuffisantes
Malgré les annonces d’extension des aires marines protégées, plusieurs ONG estiment que les engagements restent symboliques et insuffisants. Nicolas Fournier, membre de l’ONG Oceana, a qualifié les mesures concernant le chalutage de fond de « plus symboliques qu’efficaces ».
Face à ces critiques, Emmanuel Macron s’est défendu en soulignant l’importance du chalutage pour l’approvisionnement des criées et la disponibilité de poissons à un prix abordable, un argument qui n’a pas réellement convaincu ses opposants.
