Divertissement
Succès, célébrité et fortune ne garantissent en rien le bonheur ni ne protègent contre la douleur personnelle. Si la tragédie est souvent source d’inspiration artistique, elle reste avant tout une réalité douloureuse qui touche chacun, indépendamment de sa renommée.
L’exemple poignant en est la vie de Billy Nelson, fils de Willie Nelson, l’un des chanteurs et auteurs-compositeurs les plus influents de la musique country. En plus de sa carrière remarquable, Willie Nelson s’est investi dans des causes sociales comme Farm Aid, aidant les agriculteurs américains en difficulté, et a participé à de nombreux concerts de bienfaisance. Malgré tout, son parcours personnel a été jalonné de conflits et de drames, y compris une lutte très médiatisée contre l’administration fiscale, des mariages multiples, et la douleur profonde liée à la perte tragique de son fils.
Le 25 décembre 1991, Billy Nelson, 33 ans, s’est donné la mort dans sa cabine en bois située dans le comté de Davidson, Tennessee. Cette nouvelle a bouleversé son entourage, d’autant plus qu’en apparence, il semblait sur la voie du rétablissement malgré des années difficiles. Willie Nelson a lui-même qualifié cette perte comme la douleur la plus sévère qu’il ait jamais connue.
Willie Nelson et sa première épouse Martha Matthews se sont mariés alors qu’ils étaient encore adolescents, et Billy était leur plus jeune enfant et unique fils. Le chanteur reconnaît avoir été souvent absent pendant l’enfance de ses enfants, accaparé par la nécessité de subvenir aux besoins de la famille. Leur relation fut parfois orageuse : selon des témoignages, Martha aurait même attaché Willie avec les cordelettes de ses enfants pour le calmer lors de ses excès. Malgré la séparation familiale, Willie et Billy entretenaient un lien fort autour de la musique gospel. En 1987, ils commencèrent un projet d’album commun, ponctué par des apparitions scéniques partagées.
Suite à la mort de Billy, Willie retira temporairement cet album. Il le termina cependant en 1994 sous le titre « Peace in the Valley », incluant un duo émouvant où Billy, en chantant le rôle principal, interprète « My Body’s Just a Suitcase for My Soul ». Cet album a été réédité en 2015, perpétuant ainsi la mémoire du fils disparu.
Billy Nelson avait mené une lutte contre l’alcoolisme, un combat difficile qui le marqua profondément. En 1990, il suivit un programme de désintoxication de 30 jours. Malgré plusieurs arrestations pour conduite en état d’ivresse, Billy semblait parfois optimiste, comme en témoigne un ami proche, Buddy Frank, qui partagea avec lui les derniers instants avant le drame. Ce dernier décrivait Billy sur le point de reprendre sa vie en main, y compris avec une nouvelle coupe de cheveux et des vêtements neufs, à quelques jours de Noël.
Les derniers instants de Billy furent néanmoins marqués par une rechute alcoolique, un combat que ses proches reconnaissent être la cause de sa fin tragique. La période des fêtes évoquait aussi pour lui de douloureux souvenirs, notamment la perte de sa mère deux ans auparavant et une séparation conjugale difficile. Ces circonstances rendirent Noël encore plus éprouvant, aggravant son désespoir.