Lorsque l’on évoque Agatha Christie, quels mots viennent immédiatement à l’esprit ? Mystère, complot, et cette capacité presque surnaturelle à tisser des intrigues complexes où chacun joue un rôle précis, à l’image de la rigueur quasi impossible du célèbre Hercule Poirot. Le nom d’Agatha Christie est devenu synonyme de romans policiers emblématiques. Plus de quarante ans après sa disparition, ses œuvres se comptent en milliards d’exemplaires vendus, confirmant son statut d’auteure la plus lue au monde.
Ses histoires, riches en tromperies et en déductions, ont été adaptées maintes fois au théâtre, au cinéma, à la radio et même dans des émissions inattendues comme certains épisodes des Muppets.
Cependant, un pan méconnu de son œuvre reste souvent ignoré du grand public : les six romans signés Mary Westmacott. Ces ouvrages racontent des histoires douces-amères sur l’amour, tirant leur inspiration des expériences personnelles de l’auteure et explorant la complexité émotionnelle des relations humaines.

En un retournement digne d’une intrigue policière, Mary Westmacott et Agatha Christie étaient en réalité la même personne, un secret longtemps gardé loin des regards indiscrets.
Une identité secrète

La fille d’Agatha, Rosalind, décrivait les romans signés Westmacott comme « un éloignement total de l’univers habituel de la reine du crime ». Ce pseudonyme visait à dissocier ces récits des attentes liées au nom d’Agatha Christie, célèbre pour ses intrigues policières. En effet, il aurait été surprenant que l’auteure derrière Hercule Poirot se lance dans un roman centré sur les relations interpersonnelles, tout comme il serait étonnant que J.K. Rowling écrive un roman politique scandaleux sous son propre nom.
Le choix du nom Mary Westmacott vient de Mary, son second prénom, et Westmacott, un nom de famille ancien de sa lignée. Sous ce masque, elle publia six romans avec un succès modéré. L’un d’eux, Absent in the Spring, fut même qualifié par Christie comme « le seul livre qui m’ait entièrement satisfaite ».
Elle réussit à maintenir ce secret pendant près de vingt ans avant que son identité ne soit dévoilée. D’autres auteurs de renom ont également adopté des pseudonymes pour s’affranchir des attentes publiques, à l’image de Stephen King, qui publia sept romans sous le nom de Richard Bachman, ou encore Chuck Palahniuk, reconnu pour ses écrits audacieux sous différentes signatures. Ces exemples confirment combien le recours à un alias permet à certains écrivains de renouveler leur créativité et échapper aux contraintes de la célébrité.
