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TF1 a diffusé ce mercredi en deuxième partie de soirée La Face cachée de l’homme en noir, un documentaire hommage à Thierry Ardisson, décédé deux jours auparavant, écrit et réalisé par son épouse, la journaliste Audrey Crespo-Mara. Ce film dévoile l’homme intime derrière la figure publique, explorant sa carrière ainsi que son combat contre un cancer.
Le documentaire alterne entre deux récits : la maladie, illustrée par les séquences d’ouverture et de clôture, et une biographie structurée autour de dix commandements. Cette narration double souligne la volonté de Thierry Ardisson de maîtriser son récit jusqu’à sa propre disparition, intégrant sa maladie au sein même de son image médiatique.
Mettre en scène sa disparition
Au début du documentaire, on découvre Thierry Ardisson tel qu’on ne l’avait jamais vu, allongé dans un lit à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière fin 2024. Il y est soigné pour un cancer du foie depuis 2012. Tandis qu’une infirmière lui administre une séance d’immunothérapie, il déclare croire en sa « bonne étoile ». Son épouse, plus pragmatique, espère que le carcinome disparaisse.
« Comme il aimait à se décrire, il a existé à travers les médias. Il avait envie de se mettre en scène, jusqu’à mettre en scène sa disparition », analyse une chercheuse universitaire. Pour Thierry Ardisson et sa famille, il était normal et logique de montrer cette phase de la maladie dans ce documentaire.
Les images hospitalières, à la fois humaines et parfois gênantes, peuvent choquer certains spectateurs, témoignant d’une difficulté à affronter la fin de vie, souvent vécue comme intime. Le médecin animateur Michel Cymes souligne que la représentation de cette étape peut susciter un sentiment de voyeurisme chez l’audience, surtout lorsqu’il s’agit d’une personnalité publique.
Une société où les émotions priment
Le documentaire illustre aussi la sensibilité de Thierry Ardisson, souvent ému aux larmes, et son habileté à capter l’air du temps. Dans une société dominée par l’expression émotionnelle, notamment dans la politique ou les médias, la santé devient un thème hautement émotionnel. Le lien profond entre santé et émotion s’explique notamment par la confrontation à la mort, ultime stade de la maladie.
Cette dimension émotionnelle est au cœur de la façon dont le documentaire a été conçu, révélant un homme qui accepte d’exprimer sa vulnérabilité.
Libérer la parole autour de la maladie
Comme de nombreuses figures publiques avant lui – Céline Dion, Selena Gomez, Nicolas Demorand – Thierry Ardisson fait le choix de médiatiser son combat. Cette transparence contribue à libérer la parole sur certaines pathologies et à briser les tabous entourant la maladie.
La chercheuse rappelle que voir d’autres malades exposer leur expérience peut soulager ceux qui vivent dans la peur ou la honte de leur maladie. Michel Cymes renforce cette idée en évoquant son propre partage de son passé de cancer, incitant au dépistage et à une meilleure prise en charge.
La provocation comme forme de combat
En mars 2025, Thierry Ardisson apprend la présence de nodules dans ses poumons, un développement qu’il aborde avec humour, qualifiant sa situation de semblable à un scénario de film. Cette forme d’humour et de provocation face à la maladie est perçue comme un mécanisme de combat, même si des moments de faiblesse ont certainement existé.
Un goût renouvelé pour la vie
Face à sa femme, Ardisson assure ne jamais avoir eu peur et confie que la maladie a redonné du sens à sa vie. Il prend désormais davantage plaisir aux choses simples, comme passer du temps avec ses proches, et adopte une attitude résiliente : « Quand ça va mal, il faut serrer les dents et continuer. »
Cette évolution des priorités est commune chez les malades atteints de cancer ou de maladies chroniques, qui apprennent à se concentrer sur l’essentiel et à profiter de chaque instant.
Un hommage poignant au service public
Le documentaire rend également hommage aux soignants et au système hospitalier public. Malgré sa notoriété, Thierry Ardisson est traité à l’APHP et non dans le privé, ce qui souligne la qualité et l’importance des services publics de santé.
Sur son lit d’hôpital, il exprime sa reconnaissance pour le dévouement des équipes soignantes, tout en notant la société individualiste dont il provenait, celle des médias. Il découvre alors une autre façon de faire société, fondée sur la solidarité et le collectif.
Ce film témoigne ainsi d’une valorisation de l’hôpital public et d’un hommage sincère à ceux qui y travaillent, à un moment où les effectifs diminuent et la charge de travail ne cesse d’augmenter.
