Couvre-feu pour les adolescents à Nîmes face à la violence

par Olivier
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Couvre-feu pour les adolescents à Nîmes face à la violence
France

Face à une série d’actes criminels liés au narcotrafic à Nîmes (Gard), un couvre-feu pour les adolescents de moins de 16 ans est instauré à partir de ce lundi soir dans plusieurs quartiers défavorisés et gangrenés par le trafic de drogue.

Dans le quartier de Pissevin, situé au sud-est de la ville, les habitants, partagés entre peur et scepticisme, attendent surtout un renforcement des effectifs policiers. Mohamed Ali Bedja, 63 ans et gardien d’immeuble, confie que « la peur est là » sur la place Léonard de Vinci, théâtre d’une nouvelle fusillade jeudi dernier, et espère « voir passer un peu plus de voitures de police ».

La fermeture des commerces et services publics, tels que la pharmacie, les bureaux de poste et la médiathèque, témoigne du climat tendu dans le quartier. Certains commerçants, comme un épicier de 33 ans natif de Pissevin, évoquent la disparition des centres de loisirs et regrettent qu’au lieu d’un couvre-feu, davantage de financements soient alloués aux associations locales pour offrir des activités et détourner les jeunes des rues.

Violences et couvre-feu dans six quartiers

La municipalité, de tendance droite, a annoncé vendredi la mise en place d’un couvre-feu, en vigueur dès lundi, destiné aux mineurs de moins de 16 ans. Il s’applique de 21h00 à 6h00, dans un premier temps pour une durée de 15 jours, renouvelables. Les quartiers concernés sont : Pissevin, Valdegour, Mas de Mingue, Vistre, Clos d’Orville et Chemin Bas, tous frappés par des violences récurrentes, notamment fusillades et règlements de comptes liés aux tensions entre bandes rivales.

Cette mesure rejoint les initiatives similaires prises récemment dans d’autres villes françaises comme Béziers, Triel-sur-Seine, Viry-Châtillon ou Saint-Ouen, toutes confrontées à des problématiques comparables.

Renforts policiers et intimidations

Le préfet du Gard, Jérôme Bonet, a annoncé l’arrivée d’une soixantaine de policiers supplémentaires sur le terrain, assurant que « tout est mis en œuvre pour mettre fin à cette spirale de violences ». Toutefois, le futur commissariat destiné à renforcer la présence policière dans le quartier demeure fermé, sa devanture toujours murée suite à un incendie criminel d’un local voisin l’été dernier, empêchant son inauguration.

Protection des mineurs et contexte meurtrier

Selon Richard Schieven, adjoint au maire en charge de la sécurité, le couvre-feu vise à protéger les mineurs qui ne sont pas impliqués dans le trafic, mais aussi à empêcher l’exploitation de très jeunes adolescents, parfois âgés de 12 ou 13 ans, utilisés par les narcotrafiquants. Il rappelle que ces renforts doivent sécuriser la population et les commerçants afin d’éviter des victimes de balles perdues.

Récemment, le corps partiellement calciné d’un jeune majeur de 19 ans, originaire de Seine-Saint-Denis, a été retrouvé à proximité, crime lié selon le parquet aux tensions dans les quartiers nîmois.

Un couvre-feu jugé insuffisant

Dans plusieurs villes moyennes comme Nîmes ou Avignon, le niveau de violence lié au narcotrafic s’intensifie, phénomène jusqu’alors surtout observé dans des métropoles comme Marseille, épicentre du narcobanditisme dans le sud de la France.

Pour le syndicat de police Unité, bien que jugé « utile », ce couvre-feu ne constitue pas une solution pérenne face au narcotrafic. Wissem Guesmi, secrétaire départemental adjoint, souligne que « les jeunes délinquants tirent en toute impunité, même en plein jour, et ce n’est certainement pas un couvre-feu qui va les en empêcher ».

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