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Les remakes cinématographiques constituent un terrain de jeu risqué, oscillant entre succès retentissants et échecs cuisants. Ils séduisent avant tout les producteurs qui y voient une opportunité d’exploiter des formules déjà éprouvées, limitant ainsi les incertitudes financières. Pourtant, la démarche ne garantit en rien la qualité ni l’accueil critique ou public.
Le remake, tout comme le yaourt, peut être savoureux ou périmé. Par exemple, la sortie imminente de Y a-t-il un flic pour sauver le monde ? a suscité l’inquiétude des cinéphiles quant à l’audace de revisiter un classique de la troupe “ZAZ” en remplaçant Leslie Nielsen par Liam Neeson dans le rôle emblématique de Frank Drebin. Le choix de ce dernier, acteur polyvalent reconnu notamment pour ses rôles dans Rob Roy ou Love Actually, pourrait être prometteur, même si l’exercice de recréer le délicat humour pince-sans-rire de Nielsen reste un défi de taille.
Les désastres industriels
Nombreux sont les remakes passés à la postérité pour leurs échecs remarquables. Lorsqu’un film original est vraiment réussi, toute tentative de reproduction vire souvent à la simple copie, rarement à la hauteur. Le cas de Le Schpountz de Gérard Oury, remanié avec Smaïn en remplacement de Fernandel, a tourné au fiasco. De même, certains remakes de comédies françaises à l’étranger, comme Mixed Nuts de Nora Ephron, adaptation ratée du culte Le Père Noël est une ordure, illustrent bien cette difficulté à transposer avec succès l’essence d’une œuvre.
D’autres exemples notoires incluent Psycho de Gus Van Sant, remake du chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, qui malgré un hommage sincère, peine à convaincre. En revanche, Michael Haneke, en refaisant son propre film Funny Games à l’identique mais avec des stars internationales, prouve que le réalisateur peut conserver la force de l’original tout en proposant une version adaptée.
Des remakes à la hauteur, voire supérieurs
Loin de tous les flops, certains remakes rivalisent, voire surpassent leurs modèles. Terry Gilliam, par exemple, avec L’Armée des douze singes, s’est inspiré du court-métrage expérimental La Jetée de Chris Marker pour créer une œuvre riche bénéficiant de performances remarquables de Bruce Willis et Brad Pitt. Cet exemple démontre que le secret réside souvent dans la capacité à signer une version personnelle et innovante plutôt que de se contenter d’imiter.
Brian De Palma, avec son Scarface violent et intense, a su faire oublier la version originale de Howard Hawks, tout comme Frank Oz avec sa relecture de La Petite boutique des horreurs, et John Carpenter avec The Thing, version angoissante et plus sombre de La Chose d’un autre monde. Ces choix audacieux ont su marquer les esprits au point que bon nombre de cinéphiles ignorent qu’une autre version du film existe.
Quand le remplacement tourne au fiasco
Dans la catégorie des erreurs manifestes, on trouve des remakes qui mettent particulièrement mal à l’aise, à l’instar de La Nuit du chasseur avec Richard Chamberlain et Fenêtre sur cour où Christopher Reeve tente de reprendre un rôle jadis rendu célèbre par James Stewart. Cela donne des versions embarrassantes : ni l’interprétation ni la mise en scène ne parviennent à égaler les originaux. L’état de santé de Reeve à l’époque, paralysé suite à un accident, ajoute une dimension douloureuse à cette tentative de renaissance cinématographique.
Enjeux autour du remake de la célèbre comédie policière
Pour le film Y a-t-il un flic pour sauver le monde ?, il est encore trop tôt pour se prononcer. Liam Neeson, capable d’une grande versatilité, pourrait restituer l’humour sec et le côté stoïque de Leslie Nielsen, à condition que le scénario soit à la hauteur. Ce projet, qui suscite crainte et curiosité, illustre parfaitement l’enjeu des remakes cinématographiques : conquérir une nouvelle génération tout en respectant la mémoire des œuvres cultes.
