
Imaginez avoir une seule chance, un seul instant pour réaliser tout ce dont vous avez toujours rêvé. Saisiriez-vous cette opportunité ou laisseriez-vous passer votre tour ? Ces paroles célèbres d’Eminem dans « Lose Yourself » illustrent à merveille le moment unique qu’a vécu Master P dans les années 1990. Lors de la saison NBA 1998-99, marquée par un lock-out difficile, la ligue a redoublé d’efforts pour raviver l’attention des fans. Dans ce contexte, les Charlotte Hornets ont invité le rappeur Percy Miller, alias Master P, à tenter sa chance lors d’un essai en pré-saison.
Ce choix n’était pas motivé par un simple coup commercial. Selon des témoignages relayés par différents médias, Master P rêvait depuis longtemps de jouer en NBA, même si les circonstances de sa vie ne lui avaient jamais permis d’accéder à cette opportunité. En 1999, il détenait pourtant 361 millions de dollars, fruit de sa persévérance et de son talent. Parti de rien, avec seulement un don de 10 000 dollars de son grand-père, il avait bâti une carrière musicale solide en lançant No Limit Records. Et le basket avait toujours une place dans son esprit, comme en témoigne le clip de son tube « Make ‘Em Say Uhh » sorti en 1997, où il rappe sur un tank doré posé sur un terrain de basket. Cette fois, il avait une vraie chance de montrer ce qu’il savait faire sur un vrai parquet. Allait-il saisir l’instant ou faiblir sous la pression ?

En janvier 1999, Master P a électrisé les fans des Hornets. Son tube retentissait dans l’arène tandis que les supporters acclamaient chaleureusement l’entrée de leur équipe lors d’un match d’entraînement interne. Selon des témoignages, l’ambiance était plus intense que lors de nombreux matchs officiels. Eldridge Recasner, ancien meneur des Hornets, gardait un souvenir marqué de ce moment : « C’était plus bruyant que nos matchs en saison régulière. J’ai joué huit ans en NBA et je n’ai jamais vu autant de monde pour un match d’entraînement interne. » Bien que Master P soit resté un joueur remplaçant sur le papier, pour les fans, il était la star incontestée, scandée sous le cri « We want P ! ».
Sur le terrain, il a inscrit 9 points en 3 tirs réussis sur 6, distribué 4 passes décisives, pris 2 rebonds et perdu un ballon lors de la victoire des Hornets. Malheureusement, sa carrière NBA n’a pas dépassé ce moment d’éclat puisqu’il fut remercié en février. Coach en CBA, Kevin Smart expliquait qu’il manquait à Master P de nombreuses bases fondamentales du basketball « apprises dans le cadre d’un jeu organisé ». Jouer au basket occasionnellement ne suffisait pas à rattraper ce retard. Master P a également tenté de rejoindre les Toronto Raptors par la suite, mais a imputé ses échecs à la célébrité, estimant que la politique au sein de la ligue constituait un obstacle. Quoi qu’il en soit, il a saisi sa chance et reste une figure emblématique pour son audace et sa passion mêlées.
