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Le trio nord‑irlandais Kneecap, dont un membre est poursuivi au Royaume‑Uni pour « infraction terroriste », doit donner dimanche un concert sous haute surveillance lors de la dernière journée du festival Rock en Seine. Le spectacle, d’environ une heure, est programmé vers 18h30.
Invité plusieurs mois plus tôt, le groupe de Belfast — chantant en gaélique et oscillant entre punk et rap — n’avait pas anticipé que sa présence déclencherait une vaste controverse. En faisant de chacun de leurs concerts une tribune en soutien à la cause palestinienne, au moment de la guerre dans la bande de Gaza, les artistes ont attiré l’attention des médias et des autorités.
Un membre poursuivi pour « infraction terroriste »
L’un des trois membres, Liam O’Hanna dit Mo Chara, est mis en examen pour « infraction terroriste » après s’être couvert, lors d’un concert à Londres en 2024, d’un drapeau du Hezbollah, mouvement islamiste libanais classé organisation proscrite au Royaume‑Uni. Soutenu par des centaines de partisans, Mo Chara a comparu mercredi à Londres et est reparti libre ; la décision a été ajournée au 26 septembre.
Ces péripéties judiciaires n’empêchent pas Kneecap de poursuivre une tournée à guichets fermés, comme lors de leur passage à Glastonbury fin juin, où ils avaient qualifié Israël d’« État criminel de guerre ». En revanche, ils ont été exclus du festival Sziget à Budapest après une interdiction d’entrée prononcée par le gouvernement hongrois.
Des subventions supprimées
« On a l’assurance que le groupe va se tenir tout à fait correctement », avait déclaré Matthieu Ducos, directeur de Rock en Seine, quelques jours avant l’ouverture du festival à Saint‑Cloud. Selon lui, Kneecap reste relativement confidentiel en France mais a gagné en notoriété pour des raisons artistiques et en visibilité à cause de la polémique.
La ville de Saint‑Cloud a retiré sa subvention de 40 000 euros au festival, une première. La région Île‑de‑France a également annulé ses aides pour l’édition 2025 — elle versait 295 000 euros en 2024, plus 150 000 euros d’aides indirectes via l’achat de billets. Ce désengagement des collectivités ne compromet toutefois pas la viabilité de l’événement, dont le budget est estimé entre 16 et 17 millions d’euros cette année.
Retailleau appelle à la vigilance
En France, Kneecap — dont le nom signifie « rotule », en référence à la pratique de milices paramilitaires visant les genoux pendant le conflit nord‑irlandais — s’est déjà produit cet été aux Eurockéennes de Belfort et au Cabaret vert de Charleville‑Mézières, sans incident. Malgré tout, des voix demandent leur déprogrammation à Saint‑Cloud. « Ils profanent la mémoire des 50 Français victimes du Hamas le 7‑Octobre comme de toutes les victimes françaises du Hezbollah », a déclaré Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a pour sa part affirmé que la vigilance serait de mise « envers tout propos à caractère antisémite, d’apologie du terrorisme ou appelant à la haine ». Rock en Seine est détenu par le groupe américain AEG et Combat, société de l’homme d’affaires Matthieu Pigasse, qui défend la présence du groupe au nom de la « liberté de création et d’expression ». « Il ne faut pas accepter le principe de censure parce que, sinon, c’est une vague qui va déferler sur les festivals et sur les médias », a‑t‑il déclaré.
