L’Amour est dans le pré : l’influence de la production sur les choix

par Olivier
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L'Amour est dans le pré : l'influence de la production sur les choix
France

Ce fut une drôle de surprise pour Océane. « Le jour de la Saint-Valentin, j’étais au magasin avec des clients quand j’ai reçu un bouquet de fleurs accompagné d’une lettre et de chocolats », se souvient la maraîchère de 26 ans. Elle a reçu ce colis peu après la diffusion de son portrait pour la nouvelle saison de L’Amour est dans le pré sur M6. « Apparemment, il m’avait écrit, mais je n’ai pas eu son courrier entre les mains », affirme la Bretonne. Si son expéditeur ne lui a pas menti, c’est que la production de l’émission n’a pas retenu sa lettre.

« On a toujours éliminé les lettres écrites par des bimbos qui sont sur Instagram à moitié à poil. Même chose pour les gens qui ont des choses à vendre de façon très évidente… On essaie d’enlever l’insincérité », explique Karine Le Marchand. Ce tri des courriers, déjà évoqué lors des saisons précédentes, vise à filtrer les profils qui semblent opportunistes ou manifestement insincères.

Le tourbillon des speed datings

L’influence de la production ne s’arrête pas au tri des lettres : elle intervient aussi pendant les speed datings. Gilles, céréalier de 58 ans, en rit aujourd’hui : « On m’avait proposé un carnet au moment de la lecture des courriers, mais je ne savais pas à quoi ça servait. Donc je ne l’ai pas utilisé et je n’ai pas pu réviser. J’étais là : « Qu’est-ce qu’elles m’ont raconté, déjà, dans leurs lettres ? » » Le Normand admet avoir « une mémoire de poisson rouge ». Lors du speed dating, on lui a finalement remis un carnet et il a pris des notes, notant les grandes lignes, ce qui lui a permis de trancher.

Cependant, pour certains agriculteurs, enchaîner les tête-à-tête complique la prise de décision : fatigue, confusion et oubli des détails rendent le choix difficile.

Éviter le choix de « deux personnes catastrophiques »

Karine Le Marchand intervient parfois pour éviter des décisions manifestement néfastes. « Avoir du recul sur soi-même, ce n’est pas évident. Il y en a aussi qui vont faire un choix malheureux, de façon évidente, et dans ce cas‑là, on se dit qu’il ne faut absolument pas qu’ils maintiennent ce choix. »

Elle précise : « Si, sur les deux prétendantes, il n’y en a qu’une qui ne semble pas être un choix pertinent et que l’autre est super, je ne dis rien. Mais il est arrivé, notamment cette saison, qu’une personne veuille sélectionner deux personnes catastrophiques. C’était quelqu’un de très indécis, qui ne se souvenait plus des prénoms et était complètement largué. Je lui ai donc dit : « Je m’en fous, choisis au moins celle‑ci, fais‑moi confiance. » Et elles ont fini en couple. Donc je suis contente. Parce qu’au départ, elle n’en voulait pas. »

Forte de quinze années à la tête de L’Amour est dans le pré, l’animatrice revendique une expérience d’entremetteuse : « Quand on fait cette émission, c’est qu’on veut casser les codes et rencontrer l’amour sincèrement. » Elle met en garde les agriculteurs contre les schémas répétitifs : « On est toujours attiré par des profils qui réveillent des abandons ou des habitudes qu’on a pu avoir dans l’enfance. Quand on voit que cela va se produire, que l’on connaît l’agriculteur qui nous a parlé de son passé, on se dit : « Non, il ne va pas recommencer avec ses vieux démons. » »

« Fais‑la ta connerie, mais n’en fais pas deux »

L’exemple de Christophe, viticulteur de 57 ans lors d’une saison précédente, illustre ces interventions. Il s’était épris de Guillaume, un étudiant de 25 ans, relation qui paraissait vouée à l’échec pour la production et une large partie du public. « Pour tous les téléspectateurs, pour toute la production, il était évident que cela n’allait pas marcher, résume l’animatrice. Après, il en voulait vraiment. Dès l’instant où l’autre prétendant était convenable, on a laissé faire. Christophe disait qu’il ne pouvait pas faire autrement. Je lui ai répondu : « Vas‑y, fais‑la ta connerie, mais n’en fais pas deux. » » Le flirt entre le quinquagénaire et le vingtenaire a causé un chaos émotionnel, mais Christophe est finalement resté en couple avec l’autre prétendant jusqu’à l’été suivant.

Pour limiter les déséquilibres à la ferme, la production oriente les agriculteurs : « On essaye d’orienter les agriculteurs pour qu’il n’y ait pas trop de déséquilibre à la ferme. Parce qu’il y a des filles gentilles, qui sont super pour eux, mais dont on sent très bien qu’elles vont être complètement éclipsées par la seconde qui a une grosse personnalité. »

Parmi les stratégies employées, la production peut, par exemple, faire arriver une prétendante plus timide quelques heures avant l’autre afin qu’elle bénéficie d’un tête‑à‑tête et se libère davantage : « Voilà, on essaye, avec nos moyens, de leur laisser une chance. »

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