Dépollution des Calanques de Marseille : un chantier crucial débuté

par Olivier
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Dépollution des Calanques de Marseille : un chantier crucial débuté
France

L’essentiel

  • Vingt ans après une alerte sur des concentrations de plomb et d’arsenic, le chantier de mise en sécurité des sols des calanques de Marseille débute.
  • Vingt scories — résidus solidifiés d’anciennes usines métallurgiques ou chimiques — seront traitées d’ici 2027, par évacuation ou confinement sur place.
  • Le chantier, évalué à 14 millions d’euros, se déroule sous de strictes contraintes sanitaires et environnementales.

Un littoral marqué par l’héritage industriel

Entre les Goudes et Callelongue, le littoral sud de Marseille mêle falaises calcaires, eau bleue et traces d’un passé industriel : des scories, dépôts de résidus issus d’usines métallurgiques et chimiques, parsèment les bords de route, les plages et la lisière de la mer. Par méconnaissance, ces résidus ont servi de remblais pour créer routes et parkings du littoral, explique Mélody Gros, cheffe de projets « Sites et sols pollués » à l’Ademe, maître d’ouvrage du chantier depuis 2012.

La présence d’arsenic et de plomb dans ces sols représente un risque sanitaire, surtout pour les enfants et les femmes enceintes. Dès 2005, l’Institut de veille sanitaire avait alerté sur le danger de concentrations élevées sur certains sites, notamment l’Escalette et la plage de Saména. L’ingestion, par contact main-bouche ou par consommation des produits de la mer, est considérée comme la voie d’exposition la plus problématique. Chaque coup de vent ou forte pluie favorise aussi la dispersion de ces métaux lourds dans l’environnement.

2 500 tonnes de résidus évacuées

Suite à une condamnation de l’État par le tribunal administratif de Marseille imposant une dépollution avant le 30 juin 2028, la première phase du chantier, financée à hauteur de 14 millions d’euros, démarre enfin. Du 15 septembre au mois de mars 2026, sept dépôts, de Saména à la calanque des Trous, seront mis en sécurité, indique l’Ademe sur le site dédié au projet : https://calanques-de-marseille.ademe.fr/.

De septembre 2026 à mars 2027, treize scories supplémentaires, des Goudes à Callelongue, seront traitées. Vingt dépôts au total seront pris en charge sur les 77 estimés dans la zone, priorisés selon le risque de dispersion, d’instabilité et d’accessibilité. Chaque dépôt fera l’objet d’un traitement « au cas par cas » : soit retrait des résidus puis évacuation vers un site de traitement des déchets dangereux, soit confinement sur place. Jérémy Durand, de la société Antea Group, maître d’œuvre de l’Ademe, estime que la première année permettra d’évacuer 2 500 tonnes de résidus.

Sous haute surveillance sanitaire et environnementale

Le chantier s’étalera de septembre à mars, du lundi au vendredi entre 8h et 18h, et implique de strictes mesures pour limiter les risques de dispersion : brumisation des zones de terrassement, dispositifs de protection pour prévenir les déversements en mer, aspiratrices équipées de filtres haute performance. Une tente de confinement de 250 m² permettra de vider les aspiratrices vers les bennes dans un espace clos, détaille Jérémy Durand. Des tests d’arrachement ont été réalisés pour évaluer l’impact du mistral, souvent violent sur le littoral.

Le chantier est équipé de capteurs de particules PM2,5 et PM10 avec des seuils de vigilance et d’alerte pouvant provoquer un arrêt des travaux. Des analyses en laboratoire seront effectuées chaque semaine. « En dix ans, il n’y a eu aucune plombémie anormale dans le secteur », assure Cécile Morciano, responsable du service santé environnement à l’ARS Paca. Selon elle, cette opération contribuera à réduire davantage les impacts environnementaux des métaux lourds et les risques sanitaires associés.

Inquiétudes locales et contraintes logistiques

Les riverains anticipent un chantier long et contraignant sur une zone déjà difficile d’accès : la rotation des camions et des engins de chantier pourrait accentuer la congestion de l’unique route, et les bases de vie du chantier réduiront le nombre de places de parking disponibles. Les comités d’intérêt de quartier restent vigilants et appellent au partage d’informations. Le premier coup de pelle officiel est attendu lundi.

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