Sommaire
L’essentiel
- Artiste et chercheuse en esthétique, science et technologie des arts, Marie‑Julie Bourgeois a créé la start‑up Nubus en 2021.
- C’est lorsque la géoingénierie solaire, qui consiste à injecter dans la stratosphère du dioxyde de soufre pour tenter de refroidir l’atmosphère, a commencé à émerger qu’elle a eu cette idée.
- Depuis, elle organise régulièrement des performances artistiques de « mise en situation » pour en dénoncer les dangers.
Performance sur le campus
Mais à quoi peut bien servir cette énorme « stratosphère » qui flotte dans les airs au beau milieu du campus de l’université de Saclay, en banlieue parisienne ? « Quand tu es prêt, envoie le gaz. » Alors que le ballon blanc, dirigé par un homme en blouse bleue, s’élève de quelques mètres, un gaz inodore et incolore s’échappe de la petite boîte en plastique qui y est accrochée.
Tableau étrange, tandis que le soleil cogne fort sur le carré d’herbe où se déroule l’expérience non identifiée pilotée par Marie‑Julie, elle aussi vêtue de la même veste que l’homme à la stratosphère. « Bienvenue chez Nubus ! », crie‑t‑elle au loin.
« Ça m’a paru complètement fou ! »
Artiste et chercheuse en esthétique, science et technologie des arts, Marie‑Julie Bourgeois nourrit depuis plusieurs années une marotte : créer des entités fictives plus vraies que nature autour des questions écologiques, en reprenant à son compte les discours solutionnistes de ceux qui voudraient résoudre le problème climatique sans que rien ne change, afin d’en révéler les dérives.
« J’ai créé la start‑up Nubus en 2021, au moment où la géoingénierie solaire commençait à émerger. Quand j’ai découvert cette pratique, ça m’a paru complètement fou ! » se souvient‑elle. Depuis, elle organise régulièrement des performances artistiques de « mise en situation » pour en dénoncer les dangers. Plus d’informations sur son travail sont consultables sur son site.
L’art comme outil de contestation
Auteure d’une thèse sur les fictions solaires, la chercheuse propose des incursions dans des futurs possibles en utilisant l’art. « Le but est de reprendre le discours de ces personnes qui investissent dans ces technologies en poussant encore un peu plus le curseur, pour faire prendre conscience aux gens de leur dangerosité », explique‑t‑elle.
En juillet dernier, Nubus a ainsi organisé un vrai‑faux lancement d’un ballon stratosphérique sur le campus, une mise en scène conçue pour interroger et alerter sur les promesses et les risques de la géoingénierie solaire.
