Des milliers manifestent à Ankara pour soutenir l’opposition turque

par Olivier
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Des milliers manifestent à Ankara pour soutenir l'opposition turque
Turquie

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Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dimanche dans le centre d’Ankara pour soutenir le CHP, principal parti d’opposition, à la veille d’une audience judiciaire déterminante. Ce rassemblement est intervenu alors que le CHP fait face à des accusations de fraude qui pourraient bouleverser sa direction et relancer les tensions politiques, dans le contexte plus large des manifestations en Turquie.

L’audience est prévue en milieu de matinée devant le 42e tribunal civil de première instance de la capitale. Pour certains observateurs, cette procédure judiciaire ressemble à une tentative visant à affaiblir le plus ancien parti politique du pays, qui avait infligé une lourde défaite à l’AKP lors des élections locales de 2024 et qui progresse désormais dans les sondages.

Un candidat en prison

Le CHP rejette catégoriquement les accusations et dénonce une manœuvre gouvernementale destinée à réduire sa capacité d’opposition. La popularité du parti s’est accrue après l’organisation de larges mobilisations — les plus importantes en Turquie depuis dix ans — déclenchées par l’arrestation en mars de son candidat à la présidence, le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu.

L’audience doit notamment trancher sur l’éventuelle annulation des résultats du congrès du CHP de novembre 2023. Lors de ce congrès, les délégués avaient mis fin au long mandat de Kemal Kilicdaroglu et porté Özgür Özel à la tête du parti. L’acte d’accusation désigne Kemal Kilicdaroglu comme partie lésée et réclame des peines pouvant atteindre trois ans de prison pour Ekrem Imamoglu ainsi que pour dix autres maires et cadres du CHP, poursuivis pour « fraude électorale ». Si la justice en venait à suivre ces réquisitions, Özgür Özel pourrait être destitué de sa fonction à la tête du parti.

« Erdogan, démission ! »

La veille de l’audience, la foule a scandé des slogans hostiles au président. « Écoute cette place, Erdogan », a lancé Özgür Özel aux manifestants qui scandaient « Erdogan, démission ! ». Il a accusé le pouvoir d’avoir « abandonné le train de la démocratie » et d’avoir choisi « de gouverner le pays par l’oppression plutôt que par les urnes », affirmant que toute force susceptible de menacer sa domination devenait désormais une cible.

Özgür Özel a qualifié le procès de politique et les accusations de « calomnieuses », allant jusqu’à dénoncer « un coup d’État » et promettant la résistance. De son côté, Ekrem Imamoglu a déclaré aux journalistes que l’affaire dépassait le cadre du parti : « Il ne s’agit pas du CHP mais de l’existence ou de l’absence de démocratie en Turquie », a-t-il affirmé après s’être présenté devant un tribunal dans une autre procédure.

Depuis l’arrestation d’Ekrem Imamoglu en mars, Özgür Özel a réussi à mobiliser des foules régulières, organisant chaque semaine des rassemblements jusque dans des localités longtemps considérées comme des bastions du président, et consolidant la dynamique qui avait conduit le CHP à une large victoire aux élections locales de mars 2024.

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