France Télévisions et Radio France dénoncent dans une lettre commune adressée à l’Arcom une « campagne de dénigrement » menée de façon répétée à leur encontre par des médias proches du milliardaire Vincent Bolloré. Les dirigeantes des deux groupes publics mettent en cause en particulier des interventions régulières sur CNews et Europe 1.
Les présidentes des deux établissements publics ont saisi le régulateur pour alerter sur ce qu’elles jugent être une offensive systématique : selon elles, le caractère outrancier et déséquilibré de ces interventions dépasse le simple échange d’opinions. Elles estiment que ces attaques contribuent à éroder la confiance dans l’information de service public, à relativiser la responsabilité journalistique — fondée sur l’honnêteté et la rigueur — et, de fait, à fragiliser la qualité du débat démocratique.
Les signataires demandent au président de l’Arcom de préciser sa position face aux propos dénigrants régulièrement diffusés et au temps d’antenne significatif qu’ils occupent sur certaines stations et chaînes. Elles doivent être entendues par le régulateur au sujet de cette affaire.
La séquence en question
L’affaire trouve son origine dans la diffusion, début septembre, d’une vidéo tournée en juillet dans un restaurant parisien, qui a déclenché une vive polémique politico-médiatique. On y voit deux journalistes — Thomas Legrand, chroniqueur pour la radio publique et pour la presse écrite, et Patrick Cohen, animateur intervenant sur la radio publique et sur une chaîne de télévision du service public — échanger avec des responsables du Parti socialiste.
Au cours de cet échange, l’un des journalistes affirme : « nous, on fait ce qu’il faut pour (Rachida) Dati, Patrick et moi ». Ces propos ont valu aux deux journalistes des accusations de connivence avec le PS et de parti pris à l’encontre de la ministre de la Culture sortante, provoquant un débat intense sur l’indépendance et la déontologie des journalistes du service public.
La diffusion de la séquence a été largement commentée par des médias du groupe visé, ainsi que par un quotidien national, qui y ont vu une confirmation d’un prétendu biais politique du service public. Ces organes, qui critiquent régulièrement l’audiovisuel public pour un supposé « penchant à gauche » — notamment sur les questions d’immigration et d’insécurité — se défendent pour leur part des accusations selon lesquelles ils promouvraient des idées d’extrême droite.
Jusqu’à récemment, les directions de France Télévisions et de Radio France n’avaient pas répondu directement à ces attaques. Leur lettre à l’Arcom marque un pas dans la riposte institutionnelle face à ce qu’elles qualifient de campagne de dénigrement.
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