Divertissement

Poursuivant notre exploration du divertissement du XXe siècle, le parcours de George Gershwin illustre à la fois l’ascension fulgurante d’un prodige et la fragilité de la condition humaine. Né à Brooklyn en 1898 sous le nom de Jacob Bruskin Gershowitz, il s’impose très tôt comme un talent musical hors pair, quitte à abandonner ses études secondaires pour se consacrer à la musique — distinction qui lui vaudra plus tard un prix Pulitzer à titre posthume (Biography).
Son œuvre témoigne d’une créativité foisonnante et d’une volonté d’hybridation entre jazz populaire et musique classique. Parmi ses créations les plus marquantes :
- « Rhapsody in Blue », fusion emblématique entre jazz et forme concertante ;
- « An American in Paris », évocation orchestrale d’une traversée culturelle ;
- « Porgy and Bess », qu’il a qualifiée de « folk opera », inspirée du roman de DuBose Heyward.
Le travail en duo avec son frère Ira a produit des standards encore chantés aujourd’hui. Ils ont signé ensemble des titres célèbres comme « Someone to Watch Over Me », « I Got Rhythm » et « They Can’t Take That Away from Me ». Le cinéma hollywoodien fit rapidement appel à leur talent, notamment pour des comédies musicales interprétées par des vedettes telles que Fred Astaire et Ginger Rogers.
La fin de sa vie est tragique et soudaine. Au milieu des années 1930, Gershwin commence à souffrir de maux de tête intenses et d’hallucinations olfactives — il sentait notamment une odeur de caoutchouc brûlé — et connaît des épisodes de perte de connaissance, y compris un black-out de dix secondes lors d’une représentation avec l’orchestre symphonique de Los Angeles. D’abord attribués à des troubles nerveux, ces signes masquaient en réalité une tumeur cérébrale maligne. Une opération d’urgence est pratiquée dans la nuit du 11 juillet 1937, mais George Gershwin meurt plus tard ce même jour, à l’âge de 38 ans ; la lésion est aujourd’hui considérée comme étant probablement un glioblastome (PBS).
Après sa disparition, Ira Gershwin continua d’écrire des paroles avec d’autres compositeurs et s’éteignit en 1983 à l’âge de 86 ans. Ce récit, à la croisée de l’histoire culturelle et de la médecine, éclaire la contribution durable de George Gershwin à la musique américaine et rappelle combien la créativité peut être vulnérable face aux limites du savoir médical de l’époque.
