Le Féminicide de Magali Blandin : Un Enquêteur au Coeur du Drame

par Olivier
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Le Féminicide de Magali Blandin : Un Enquêteur au Coeur du Drame
France

L’essentiel

  • Mère de quatre enfants, Magali Blandin a été tuée à coups de batte de baseball le 11 février 2021 près de Rennes par son mari Jérôme Gaillard parce qu’elle l’avait quitté.
  • Cousin du meurtrier, le journaliste Valentin Gendrot revient dans son livre Un jour, ça finira mal sur ce féminicide.
  • « Cette affaire est terminée car tous les protagonistes ne sont plus de ce monde », explique l’auteur. Mais la question des féminicides reste omniprésente.

La famille est au cœur d’une rentrée littéraire marquée par des récits intimes et des règlements de comptes. Valentin Gendrot, qui a déjà publié des enquêtes marquantes, ouvre à son tour son album familial dans Un jour, ça finira mal, paru au début du mois chez Stock. Ce livre-enquête poignant décrit « la branche pourrie » de son arbre généalogique, en prenant pour point de départ le féminicide de Magali Blandin.

Magali Blandin, mère de quatre enfants, a été tuée à coups de batte de baseball le 11 février 2021 sur le palier de son appartement à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine) par son mari, Jérôme Gaillard, après qu’elle l’eût quitté. « Jérôme est le fils cadet de ma tante, la sœur de mon père. Jérôme est mon cousin, un cousin germain devenu, dans le froid verglacé, un meurtrier », écrit l’auteur en préambule.

Un meurtre et quatre suicides en douze ans

Cinq semaines après le drame, Jérôme Gaillard a reconnu les faits, expliquant aux enquêteurs avoir enterré sa femme dans une forêt après l’avoir recouverte de chaux vive, à deux kilomètres à peine de leur ancien domicile de Montauban-de-Bretagne. Mis en examen et incarcéré, il a mis fin à ses jours dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 2021, retrouvé pendu dans sa cellule.

Accusés de complicité de meurtre, ses parents Jean et Monique ont également été retrouvés morts en février 2023, douze ans après le suicide de leur autre fils survenu suite au départ de sa femme. « Les parents, les deux enfants, quatre suicides en douze ans. Ce livre est l’histoire de ces coupables qui ne seront jamais jugés », résume Valentin Gendrot. Cette succession de drames a laissé aujourd’hui quatre enfants orphelins.

Une violence omniprésente et qui se reproduit

Gendrot, qui avait coupé les ponts avec cette branche familiale depuis longtemps, décrit un cousin « mégalomane, mythomane » et des parents « toxiques » vivant dans le secret et adeptes des coups tordus. Cette mise à distance lui a permis de poser un regard documentaire et sans complaisance sur l’histoire.

À l’inverse, Magali est présentée comme « une femme super gentille, discrète, bienveillante et qui ne cherchait qu’à faire le bien autour d’elle ». Les caractères, note l’auteur, étaient terriblement mal assortis. Déjà après le mariage de Jérôme et Magali, certains proches avaient eu la crainte que « ça finirait mal » : on pouvait alors imaginer violences conjugales, emprise ou magouilles, mais pas l’assassinat perpétré dix-huit ans plus tard.

Gendrot ne cherche ni à rendre un hommage public à Magali, ni à régler des comptes personnels avec les Gaillard. Il raconte comment la violence, transmise de génération en génération, a fini par éclater en crime. « Mon grand-père frappait ma grand-mère, Jean a maintenu Monique pendant un demi-siècle sous son emprise et leurs deux enfants ont fait la même chose avec leurs épouses. Et cela se termine par un crime de propriété avec une femme qui est la propriété de l’homme. »

Le patriarcat derrière tant de féminicides

Pour l’auteur, cette affaire illustre une logique patriarcale responsable de nombreux drames. « Cette affaire est terminée car tous les protagonistes ne sont plus de ce monde. Mais la question des féminicides est toujours omniprésente car une femme est tuée tous les trois jours par son compagnon ou son ex », écrit-il, souhaitant remettre sur la table ce sujet brûlant.

Gendrot confie aussi avoir écrit pour exorciser la tragédie familiale : il croit à la valeur curative de l’écriture pour éradiquer le mal qui rongeait cette famille. Son livre-enquête vise à documenter la violence intime et sociale qui a conduit à la disparition de Magali Blandin et à interroger les mécanismes qui produisent tant de féminicides.

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