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Phil Hartman et l’héritage du divertissement

Dans le paysage du divertissement américain, Phil Hartman reste une figure incontournable. Son talent protéiforme a marqué plusieurs générations, que ce soit sur la scène de l’humour télévisé, au doublage ou au cinéma.
Hartman s’est fait connaître notamment par ses huit années sur Saturday Night Live, où il a brillé par la variété de ses prestations : imitations pointues, personnages absurdes et sketches inoubliables. Il a par ailleurs prêté sa voix à des personnages devenus cultes dans une série animée phare et obtenu des éloges pour son rôle de présentateur arrogant dans une sitcom radiophonique, rôle qui lui a valu une nomination aux récompenses professionnelles.
Parmi ses talents les plus remarqués :
- Imitations célèbres : Frank Sinatra, Bill Clinton, Ed McMahon, et d’autres figures du show‑business et de la politique.
- Personnages originaux : des créations loufoques et marquantes qui ont enrichi l’univers comique de la télévision.
- Doublage mémorable : des personnages animés qui ont acquis une longévité hors du commun.
En parallèle, Phil Hartman était un acteur de caractère recherché, capable de surgir dans une comédie des années 1980 ou 1990 et d’en voler la scène en quelques minutes. Sa polyvalence lui a permis de traverser les formats et les genres, laissant une empreinte durable sur la comédie américaine.
Cependant, derrière cette réussite créative se cachait une vie personnelle troublée. Malgré la joie et le rire qu’il offrait au public, son existence hors caméra fut marquée par des épreuves profondes et s’acheva prématurément dans une tragédie difficile à évoquer.
La section suivante explore plus en détail les coulisses de sa vie et les circonstances qui ont conduit à cette fin tragique, afin de mieux comprendre le contraste entre sa carrière publique et ses difficultés privées.
La sœur cadette de Phil Hartman atteinte d’une maladie rare

Poursuivant le portrait familial de Phil Hartman, sa sœur cadette, Sarah Jane Hartmann, est née en 1951 avec une affection médicale grave connue aujourd’hui sous le nom de syndrome d’Angelman. Ce trouble génétique rare se manifeste par un retard de développement, une déficience intellectuelle, des troubles importants de la parole et des difficultés de motricité et d’équilibre.
Parmi les signes fréquemment observés figurent aussi une microcéphalie et des crises d’épilepsie récurrentes. Dans de nombreux cas, le besoin d’assistance est quasi permanent, ce qui transforme profondément la vie quotidienne des proches et des aidants.
Au début, leur mère, Doris, s’est occupée de Sarah Jane pendant les premières années. Puis, confrontée à l’épuisement, elle a connu une période de décompensation et la famille a dû confier Sarah Jane à une institution de soins. Lorsque les Hartmann ont déménagé aux États-Unis en 1957, Sarah Jane est restée au Canada, séparée du reste de la fratrie.
Cette réalité familiale a eu des répercussions durables sur Phil Hartman et sur la dynamique domestique, influençant les responsabilités partagées entre frères et sœurs et les choix de la famille au fil des ans.
Un grave désaccord avec Paul Reubens

Avant de devenir une figure de la comédie télévisée, Phil Hartman a commencé sa carrière dans l’univers de la musique. Dans les années 1970, il s’est fait un nom comme graphiste rock, réalisant plus de quarante pochettes d’album et plusieurs logos emblématiques, dont une illustration linéaire pour l’album Legend de Poco (1979) et le logo de Crosby, Stills & Nash.
Le travail d’atelier, souvent solitaire, l’a poussé à chercher un exutoire créatif. Pour se divertir, Hartman développait différents timbres de voix et personnages, ce qui l’a amené à rejoindre la troupe comique des Groundlings en 1975. C’est là qu’il a rencontré Paul Reubens, l’auteur du personnage enfantin à la voix aiguë connu sous le nom de Pee‑Wee Herman.
Les deux artistes ont collaboré sur un spectacle de scène en 1981, qui a ensuite abouti à des projets plus vastes : le film Pee‑Wee’s Big Adventure coécrit par les deux et, plus tard, la série pour enfants Pee‑Wee’s Playhouse, où Hartman apparaissait régulièrement sous les traits du marin rustaud Kap’n Karl.
- Années 1970 : carrière de graphiste rock, plus de 40 pochettes d’album.
- 1975 : entrée aux Groundlings, rencontre déterminante avec Paul Reubens.
- Années 1980 : co‑auteur de Pee‑Wee’s Big Adventure et participant à Pee‑Wee’s Playhouse.
Pourtant, malgré les succès communs, leur relation s’est rompue. Phil Hartman confiait ne plus parler à Paul Reubens, évoquant un « falling out » qu’ils n’ont jamais réparé. De son côté, Reubens restait volontairement évasif sur les raisons du conflit, affirmant toutefois que Phil lui venait souvent à l’esprit.
NBC a joué avec la carrière de Phil Hartman

À la fin des années 1980, Phil Hartman s’impose comme l’une des figures centrales de Saturday Night Live, rejoignant la troupe en 1986 et contribuant à l’un des âges d’or du programme. Sa palette d’impressions et de personnages, à la fois précise et inventive, l’a rapidement distingué auprès du public.
- Impressions mémorables : un Ronald Reagan aux airs calculateurs.
- Personnages marquants : le « Unfrozen Caveman Lawyer », mélange d’absurde et d’acuité comique.
Sa polyvalence et sa capacité à « tenir » les sketches lui valurent le surnom de « The Glue » : il était considéré comme l’un des talents les plus indispensables de la chaîne et de l’émission.
Hartman envisagea de quitter SNL en 1991, mais Lorne Michaels l’en persuada autrement. Un an plus tard, il faillit de nouveau partir, attiré par une opportunité majeure — la perspective d’apparaître aux côtés du nouveau présentateur du Tonight Show, Jay Leno. Selon certaines récits, Leno a nié qu’une offre formelle ait été faite pour un rôle de « sidekick », mais son équipe aurait tenté d’obtenir des apparitions occasionnelles de Hartman (notamment sous les traits de Bill Clinton), proposition finalement refusée par les responsables de SNL.
Lorsque Hartman quitta définitivement SNL en 1994, c’était pour développer son propre projet télévisuel, souvent décrit comme une version modernisée et réinventée du genre variété, mêlant sketches et coulisses scénarisées. La chaîne, soucieuse de le garder proche, soutint cette idée, mais la série envisagée n’aboutit pas après l’échec d’une émission comparable à l’automne 1994.
Privé de ce tremplin, Hartman accepta alors un rôle de soutien dans la sitcom NewsRadio, rejoignant ainsi une autre aventure télévisuelle. Cette période d’opportunités manquées et de changements illustre la fragilité des trajectoires dans l’industrie du divertissement et la manière dont des choix exécutifs peuvent orienter une carrière.
Il n’a jamais pu réaliser les films qu’il voulait

Phil Hartman n’était pas seulement un interprète comique : il écrivait également de la comédie. Il a été récompensé par un Emmy en tant que membre de l’équipe de scénaristes de Saturday Night Live et a cosigné le scénario de Pee‑Wee’s Big Adventure. Malgré ces succès, Hollywood a rarement pris le risque de produire ses projets originaux, privant le grand public de films qui auraient pu révéler Hartman comme tête d’affiche au cinéma.
Au sein de la troupe du Groundlings, il a créé Chick Hazard, un détective privé à la manière des années 1930. En 1984, il monta un spectacle d’une heure, somptueusement mis en scène, et suscita l’intérêt pour une adaptation télévisée ; des droits cinématographiques furent même achetés. Aucun de ces projets n’aboutit finalement, illustrant la difficulté à transformer un personnage de scène en succès durable sur grand écran.
Selon une interview donnée par son frère Josh Hartmann sur Larry King Live, Phil écrivit de nombreux scénarios qui ne furent jamais produits — des films qui auraient pu faire de lui une vedette du cinéma comique. Parmi eux figurait Mr. Fix‑It, une comédie horrifique écrite en 1984 et relancée en 1991. Hartman décrivait ce projet comme « un cauchemar américain » : une famille exposée à des déchets toxiques voit l’eau contaminée provoquer des violences entre ses membres et un accident terrible défigure le père dès le premier acte.
Des soutiens de poids, comme le réalisateur Robert Zemeckis, tentèrent de convaincre studios et investisseurs de croire au potentiel de Mr. Fix‑It, mais sans succès. Ces échecs à concrétiser ses scénarios montrent combien le passage de la scène au grand écran peut dépendre d’alliances et de circonstances souvent indépendantes du talent de l’auteur.
Les deux premières unions tumultueuses de Phil Hartman

Dans sa vie d’adulte, Phil Hartman a eu des relations amoureuses intenses et souvent troublées. L’acteur a été marié à trois reprises, et ses premières unions reflètent une période particulièrement instable de sa vie personnelle.
Peu après son installation dans le sud de la Californie à la fin des années 1960, Hartman rencontre sur une plage une jeune femme de 19 ans, Gretchen Lewis. Ils se marient en 1970, mais le mariage prend fin deux ans plus tard, en 1972.
En 1982, Phil Hartman fait la connaissance de Lisa Jarvis dans un club de Los Angeles. Ils dansent ensemble ; en l’espace d’une semaine, ils partagent un repas et assistent à un mariage à Santa Barbara. Avant la fin de l’année, ils se marient et passent leur lune de miel à Santa Barbara.
Selon Jarvis, Hartman semblait partager deux facettes distinctes : « Mon impression de Phil était qu’il était vraiment deux personnes. Avec le temps, on comprend que ses personnages sont une protection, et qu’ils font partie de sa personnalité. » Cette dualité expliquait en partie les tensions qui surgissaient dans leur couple.
De retour à Santa Barbara pour leur premier anniversaire en 1983, un incident intime au moment où Hartman encourageait des rapprochements dans la chambre fit comprendre à Jarvis que leur relation était terminée. Le divorce intervient peu de temps après.
Par la suite, Hartman se marie avec la mannequin et actrice en devenir Brynn Omdahl. Leur fils, Sean, naît en 1988. Après la naissance, Jarvis adresse aux nouveaux parents une carte de félicitations, à laquelle Omdahl répond par une lettre virulente contenant une mise en garde menaçante. Jarvis se souvient du ton menaçant du message, qui la dissuada définitivement de toute proximité.
- 1970–1972 : mariage avec Gretchen Lewis.
- 1982–vers 1983 : rencontre et court mariage avec Lisa Jarvis.
- Plus tard : mariage avec Brynn Omdahl et naissance du fils Sean en 1988.
Ces épisodes conjugaux révèlent les fractures personnelles derrière l’image publique de Phil Hartman et préparent la suite des tensions et des drames qui marqueront sa vie.
Son choix de partenaire provoqua un conflit avec une amie

Dans sa vie privée, Phil Hartman ne manquait pas d’alliés issus de la scène comique. Outre Paul « Pee‑Wee Herman » Reubens, il s’était lié d’amitié avec Cassandra Peterson, membre des Groundlings mieux connue sous le nom d’Elvira, Mistress of the Dark. Amies depuis des années, Peterson estimait pouvoir être franche avec lui et tenta de le dissuader d’épouser sa troisième épouse, Brynn Omdahl, en 1987.
« C’était une personne très perturbée, avec beaucoup de problèmes », déclara Peterson à Mr. Showbiz, propos rapportés par le New York Daily News. Selon la biographie de Mike Thomas, You Might Remember Me, lorsque Hartman lui annonça qu’il allait faire sa demande, Peterson aurait poussé un « Oh, god, no! », pensant qu’il plaisantait et suggérant que le couple vive peut‑être ensemble plus longtemps avant de franchir le pas.
La réaction de Hartman fut vive : il quitta la conversation en colère. « C’est la première fois — et, je pense, la dernière fois — que je l’ai vu en colère », se souvint Peterson. Cette brouille déclencha une rupture importante entre les deux artistes, qui dura plusieurs années.
- Amitié de longue date entre Phil Hartman et Cassandra Peterson.
- Les réserves publiques de Peterson au sujet du mariage de Hartman avec Brynn Omdahl (1987).
- Réaction colérique de Hartman et brouille durable entre les deux.
Le troisième mariage de Phil Hartman fut tumultueux

Poursuivant le portrait de sa vie, on découvre que le troisième mariage de Phil Hartman avec la mannequin et comédienne Vicki Jo Omdahl — connue professionnellement sous le nom de Brynn Hartman — a souvent été orageux. La différence de notoriété entre les deux conjoints a alimenté jalousie et ressentiment, Brynn regrettant de ne pas recevoir la même attention médiatique que son mari.
Cette frustration se traduisit par une carrière d’actrice limitée : Brynn n’obtint que quelques petits rôles, difficilement comparables à la célébrité grandissante de Phil. Parmi ses apparitions figurent notamment un rôle de serveuse dans le film North (1994) et un rôle mineur dans la série 3rd Rock from the Sun.
- Différence de notoriété et désir de reconnaissance.
- Carrières divergentes : succès médiatique de Phil vs rôles modestes de Brynn.
- Absences prolongées de Phil, qui passait de longues périodes en mer à bord de son bateau.
- Conflits répétés et refus apparent d’entamer une procédure de divorce.
Dans les années 1990, Phil Hartman cumulait succès télévisuels, publicités et apparitions cinématographiques, investissant une partie de sa réussite dans des plaisirs comme la navigation autour de l’île Catalina — des escapades qui l’éloignaient parfois de sa famille. Ces absences aggravèrent les tensions doméstiques et provoquèrent des disputes ouvertes entre les époux.
Plusieurs proches rapportèrent que le couple flirtait avec la séparation. À plusieurs reprises, des témoins évoquèrent des altercations bruyantes et la volonté de Brynn de mettre fin au mariage, tandis que Phil aurait résisté à la démarche. Ces frictions domestiques creusèrent un fossé qui précipita les événements dramatiques à venir.
Son épouse a lutté contre la toxicomanie

Dans l’intimité de sa vie familiale, Brynn Hartman a affronté des problèmes personnels avant et pendant son mariage avec Phil Hartman, ainsi que durant sa maternité auprès de leurs deux enfants, Sean et Birgen. Ces difficultés ont parfois pesé lourdement sur le quotidien du couple.
Selon son frère, Greg Omdahl, Brynn aurait développé une dépendance après son installation à Los Angeles dans les années 1980. « Elle a trop pris de cocaïne », a-t-il déclaré à ABC News, ajoutant qu’il l’avait persuadée de suivre une cure.
- Elle aurait ensuite été sobre pendant près d’une décennie.
- Un retour à la consommation aurait eu lieu, notamment après une fête de Noël en 1997 où l’acteur Andy Dick, invité des Hartman, a consommé de la cocaïne et en aurait donné à Brynn — un épisode qui, d’après Jon Lovitz, a mis Phil en colère (via HuffPost).
- D’après un témoignage rapporté par le Los Angeles Times, Brynn s’était également rendue en centre de réadaptation dans l’année précédant 1998.
Ces épisodes ont exercé une forte pression sur le couple. Pour tenter d’exorciser ses démons, Brynn a coécrit un scénario glaçant et prémonitoire, Reckless Abandon, dont l’intrigue met en scène une femme qui abat son mari avant de se donner la mort.
En filigrane, ces éléments personnels éclairent une facette sombre de la vie entourant Phil Hartman, contribuant à la complexité de son histoire publique et privée.
La mort tragique de Phil Hartman

La fin du mariage de Phil et Brynn Hartman, en mai 1998, se solda par un événement aussi rapide que terrible, qui marqua durablement le monde du divertissement. La police arriva au domicile familial d’Encino après un signalement de coups de feu et trouva le fils aîné, alors âgé de neuf ans, fuyant la maison.
Après avoir mis l’enfant en sécurité, les autorités pénétrèrent dans la maison et retrouvèrent le plus jeune des enfants. Un coup de feu retentit ensuite : il s’agissait d’une détonation fatale, auto-infligée par Brynn Hartman. L’enquête révéla que les premiers tirs avaient atteint Phil Hartman, qui dormait.
Le rapport du coroner indiqua plusieurs éléments médicaux et toxicologiques significatifs :
- Brynn Hartman présentait un taux d’alcoolémie extrêmement élevé.
- Une quantité notable de cocaïne fut retrouvée dans son organisme.
- Elle avait également ingéré une dose thérapeutique d’un antidépresseur courant.
Le coroner souligna que la combinaison de ces substances pouvait amplifier leurs effets réciproques. Au moment du drame, Brynn avait 40 ans ; Phil Hartman, figure majeure de la comédie et de la télévision, avait 49 ans.
Si vous ou une personne de votre entourage traversez une détresse psychologique, contactez les services d’urgence locaux ou une ligne d’aide dans votre pays pour obtenir un soutien immédiat.
Ce qu’aurait pu être pour Phil Hartman

En poursuivant le récit, on mesure mieux l’ampleur de ce que la carrière de Phil Hartman aurait encore pu offrir. Sa disparition tragique en 1998 a été un choc pour sa famille et ses proches, et elle a aussi eu des répercussions immédiates à Hollywood.
Plusieurs projets en cours furent modifiés ou abandonnés, privant le public de nombreuses possibilités créatives :
- Les deux personnages récurrents qu’il prêtait dans Les Simpson — l’acteur ringard Troy McClure et l’avocat douteux Lionel Hutz — furent immédiatement retirés de la série plutôt que d’être repris par d’autres voix.
- Un projet de film live centré sur le personnage de McClure, en développement, fut annulé après sa disparition.
- Sur la série suivante du créateur des Simpson, Phil Hartman avait été envisagé pour incarner le capitaine arrogant Zapp Brannigan ; après son décès, un autre comédien prit le relais et choisit d’interpréter le personnage en hommage à l’approche que Hartman aurait pu adopter.
- Sa sitcom à succès NewsRadio était encore en production au moment de sa mort. Lors de la première de la cinquième saison, le départ du personnage Bill McNeal fut commémoré, puis un ami proche de Hartman intégra la distribution sous les traits d’un nouveau personnage.
Ces décisions illustrent combien la perte de Phil Hartman a laissé un vide — non seulement pour sa famille et ses collègues, mais aussi pour le paysage de la comédie et de la culture populaire.
