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Le lauréat viendra-t-il d’un autre continent ? Les cercles critiques estiment que le Nobel de littérature, qui sera décerné jeudi 9 octobre 2025, pourrait revenir à un auteur occidental après l’attribution, l’an dernier, à la Sud‑Coréenne Han Kang, première femme asiatique récompensée.
Parmi les noms les plus souvent cités figurent le Suisse Christian Kracht, considéré comme l’un des grands auteurs germanophones contemporains, et l’Australien Gerald Murnane, tous deux régulièrement avancés par les milieux littéraires internationaux.
Le précédent Elfriede Jelinek
« L’Académie suédoise était au grand complet au premier rang » lors du colloque où Christian Kracht a pris la parole au salon du livre de Göteborg, relève Björn Wiman, rédacteur en chef culturel du Dagens Nyheter, y voyant « un signe qui ne trompe pas ». Le même type de manifestation s’était déjà produit en 2004 lorsque l’Autrichienne Elfriede Jelinek avait obtenu le prix.
Le dernier roman de Kracht, Air (non traduit en français), oscille entre réel et fantastique, mêlant critique du consumérisme et quête existentielle. Selon Björn Wiman, après Han Kang « c’est au tour d’un homme blanc issu de la sphère linguistique anglo‑saxonne, allemande ou francophone » d’être récompensé.
Murnane et son « œuvre merveilleuse »
Parmi les favoris reviennent aussi les noms de Gerald Murnane et de la romancière aborigène Alexis Wright. Né en 1939 dans la banlieue de Melbourne, Murnane a grandi dans un foyer catholique. Son livre Les Plaines (1982), qui plonge dans le monde des propriétaires terriens australiens, a été décrit comme un « chef‑d’œuvre bizarre », davantage analogue à un rêve qu’à un roman au sens habituel.
« La question est de savoir s’il répondra au téléphone, je ne sais même pas s’il en a un », plaisante Josefin de Gregorio, critique au journal SvD, qui brosse le portrait d’un auteur très discret, resté en Australie et vivant à la campagne. « J’espère qu’il gagnera, je veux que davantage de gens découvrent son œuvre merveilleuse », confie‑t‑elle, tout en pariant également sur l’Américain George Saunders.
Un lauréat sud‑américain ?
D’autres noms régulièrement évoqués continuent d’apparaître parmi les prétendants : le Roumain Mircea Cărtărescu, le Hongrois László Krasznahorkai, la Canadienne Anne Carson, le Chilien Raúl Zurita, l’Indien Amitav Ghosh, la Mexicaine Cristina Rivera Garza ou encore l’Argentin César Aira.
Le choix pourrait cette année s’orienter vers l’Amérique du Sud, qui n’a pas eu de lauréat depuis 2010, année du sacre du Péruvien Mario Vargas Llosa, décédé en avril 2025.
Faites vos jeux, rien ne va plus
Les bookmakers multiplient les pronostics : Le Point note que, selon le site de paris OLBG, le Japonais Haruki Murakami et le Roumain Mircea Cărtărescu partageaient la première place à 6/1, soit environ 14 % de chances chacun, suivis par la Canadienne Anne Carson (7/1) et la Chinoise Can Xue (8/1). Le bookmaker Ladbrokes place Can Xue et le Hongrois László Krasznahorkai ex æquo en tête à 10/1, tandis que NicerOdds et Betsson misent plutôt sur l’Australien Gerald Murnane.
Un prix dominé par l’Occident
Depuis sa création, le Nobel de littérature a été largement dominé par des auteurs masculins et par les littératures occidentales. Sur 121 lauréats, seules 18 femmes ont été récompensées, et une minorité d’auteurs primés écrivent dans des langues asiatiques ou moyen‑orientales. Aucune langue africaine n’est, à ce jour, représentée parmi les lauréats.
