Sommaire
L’essentiel
- Une vidéo TikTok raconte le drame qui aurait frappé une mère célibataire.
- Après la confiscation de son téléphone, son fils aurait ravagé le foyer familial, causant 70 000 euros de dégâts.
- Il s’agit d’une infox TikTok virale, vaguement fondée sur un fait divers sans lien avec la confiscation d’un smartphone.
« Cette maman travailleuse confisque le téléphone de son fils, mais sa réaction va détruire sa vie et lui coûter une fortune qu’elle n’a pas. » Ces mots lancent une vidéo TikTok vue par plus d’un demi-million d’internautes et dont le contenu fait froid dans le dos. La mesure disciplinaire y serait présentée comme découlant d’une « mauvaise conduite » de l’enfant.
« Dix heures d’usine épuisantes plus tard », la mère rentrerait chez elle et trouverait l’hécatombe : télévision « explosée », canapé « éventré », table « brisée », frigo « renversé », vaisselle « défoncée », portes « arrachées », micro-ondes « jeté par la fenêtre », carrelages « explosés au marteau », toilettes « fracassées », matelas « lacérés »… jusqu’à la chambre de l’enfant, qui aurait saccagé ses propres affaires. Le récit s’arrête là, mais pas sans chiffrer le montant des dégâts : 70 000 euros en tout.
En commentaires, de nombreux internautes prennent pitié pour cette femme, déplorent la disparition de l’autorité parentale et s’interrogent sur les sanctions dont cet « enfant terrible » a fait — ou devrait faire — l’objet.
On vérifie ?
FAKE OFF
Les indices d’infox qui ne trompent pas
D’une part, les images du carnage sont génériques, probablement générées par IA ou récupérées auprès d’une banque d’images. Dès le début, le personnage de la mère change totalement d’un plan à l’autre. La suite est tout aussi incohérente (le « fils », par exemple, apparaît comme un homme adulte).
De simples illustrations ? Pourquoi pas, sauf que le récit ne donne aucune indication de lieu ni de date. On ne sait même pas dans quel pays se déroulerait l’événement. Un fait divers crédible, même si ses protagonistes sont anonymisés, comporte toujours ces informations.
Dernier indice : l’usage du terme enfantin « maman » au lieu de « mère », systématique sur les fausses chaînes d’info TikTok. Est‑ce une stratégie pour toucher un public précis ? Chacun tirera ses conclusions.
Quoi qu’il en soit, ces éléments suffisent à susciter des doutes. Voyons maintenant ce qu’une recherche par mots‑clés apporte.
Une vieille infox… fondée sur un fait divers sans rapport
L’affaire a circulé sur d’autres plateformes, jusqu’à tomber sur un article du site Blavity publié le 17 septembre 2022. Ce papier évoque un contenu TikTok désormais supprimé qui, lui, aurait montré des images authentiques.
Le récit y était sensiblement le même que dans la vidéo virale actuelle, mais précisait que l’enfant avait 12 ans et que l’incident n’aurait pas découlé uniquement d’une confiscation de smartphone, mais aussi d’une fessée.
L’article mentionnait ensuite une clarification de la mère, également publiée sur TikTok (sans lien fourni). Selon ce témoignage :
- La vidéo d’origine aurait été diffusée contre son gré par une connaissance.
- Son fils n’avait pas 12 ans, mais 15 ans.
- L’incident a bien eu lieu, mais n’a résulté ni d’une fessée ni d’une confiscation de téléphone.
- L’adolescent souffre d’une maladie mentale depuis sa naissance, source de crises parfois très violentes. « Je gère ce type de situations depuis quinze ans », expliquait la femme, qui déplore que sa mésaventure ait été déformée sur la Toile.
Quant au montant des dégâts, il n’était pas évoqué dans ce témoignage.
Source mentionnée : article Blavity.
Notre verdict
Blavity est un média dont les contenus sont généralement considérés comme fiables. En l’absence de lien vers le témoignage complet de la mère, il paraît néanmoins raisonnable d’adhérer à la version selon laquelle la vidéo virale a été décontextualisée et recyclée pour générer du clic. La chaîne qui a publié la vidéo (tarnews) se présente comme fournissant « la pointe de l’information en terme [sic] d’actualités ! ». Plutôt que la « pointe », c’est le sensationnalisme qui domine ici.
Conclusion : la diffusion actuelle relève d’une infox TikTok exploitant un fait divers préexistant sans rapport direct avec la confiscation d’un smartphone.
Faits divers
Tags : infox, TikTok, parentalité, faits divers, France
