Sous la pression des États‑Unis, l’Organisation maritime internationale (OMI) a repoussé d’un an l’adoption du premier plan mondial visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre des navires. Ce recul, obtenu après une semaine de négociations tendues à Londres, constitue un revers majeur pour la diplomatie climatique mondiale et une victoire revendiquée par Donald Trump. Le secrétaire général de l’OMI, Arsenio Dominguez, a exprimé son désarroi : « Je n’ai pas grand‑chose à vous dire pour l’instant. Ça n’arrive pas souvent. »
Le texte reporté visait la décarbonation maritime en contraignant le secteur, responsable d’environ 3 % des émissions mondiales de CO2, à réduire progressivement son empreinte carbone dès 2028, pour atteindre la neutralité en 2050. Le dispositif, approuvé en principe en avril, prévoyait une tarification des émissions au‑delà d’un certain seuil ; les recettes devaient alimenter un fonds international destiné à soutenir les pays vulnérables au changement climatique et à récompenser les navires les moins polluants.
Les États‑Unis se félicitent de la décision
Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a salué « une énorme victoire » pour le président Trump, l’accusant d’avoir évité « une augmentation massive des taxes imposées aux consommateurs américains ». Sur le réseau X, il a affirmé que le président avait « empêché le financement de projets climatiques progressistes » sous couvert d’une taxe mondiale sur le transport maritime.
Sur Truth Social, Donald Trump s’est vanté d’avoir bloqué ce qu’il qualifie d’« arnaque verte mondiale », déclarant : « Les États‑Unis ne toléreront PAS cette taxe sur le transport maritime et ne s’y conformeront d’aucune manière. » Il a ajouté que son administration n’autoriserait « ni une hausse des prix pour les consommateurs américains, ni la création d’une bureaucratie verte pour dépenser VOTRE argent dans leurs rêves écologiques ».
Un plan ambitieux repoussé sous pression
La proposition, soutenue par l’Union européenne, la Chine, le Brésil et les États insulaires du Pacifique, s’est heurtée à une coalition formée par les États‑Unis, l’Arabie saoudite et la Russie. Washington aurait même menacé plusieurs délégations favorables de restrictions de visas, de sanctions commerciales et de frais portuaires accrus. Le représentant du Brésil a dénoncé en séance plénière ces « méthodes » américaines, espérant que ce type de pression « ne remplacera pas la manière habituelle de prendre des décisions au niveau mondial ».
À Bruxelles, la Commission européenne a qualifié ce report de « regrettable » et a indiqué que l’Union européenne était prête à reprendre les discussions sur l’accord sous l’égide de l’OMI lorsque cela sera opportun. L’exécutif européen souligne que ce recul retarde un chantier essentiel pour la transition écologique du transport maritime et pour la décarbonation maritime, l’un des secteurs les plus polluants au monde.
Malgré ce revers, les principales associations et organisations poursuivent leurs appels en faveur d’une adoption rapide du cadre « Net Zero Framework » (NZF), afin d’assurer une visibilité réglementaire claire pour le secteur.
