La vérité cachée sur Joe Cocker

par Angela
0 commentaire
A+A-
Reset
La vérité cachée sur Joe Cocker
Royaume-Uni, États-Unis

Joe Cocker est peut-être l’interprète le plus singulier de l’histoire du rock, par son style, son mystère et son parcours vers l’icône. Né au Royaume‑Uni et élevé en Angleterre, il a émergé de la tradition des groupes de pub tout en puisant des éléments envoûtants du blues américain. Sa présence scénique imprévisible et ses interprétations radicales des titres connus, notamment ceux des Beatles, l’ont associé à la génération hippie contestataire. Et contrairement à de nombreuses vedettes de l’ère Woodstock, Cocker a su durer, évoluer et expérimenter, ce qui lui a permis d’enchaîner des tubes jusqu’au milieu des années 1990.

Joe Cocker souriant en chemise rouge
Joe Cocker, jeune artiste, dans les années où il s’impose comme une figure du rock.

Une légende du XXe siècle décédée à 70 ans en 2014, plus d’une décennie avant son entrée au Rock and Roll Hall of Fame, la vie et l’œuvre de Cocker restent encore largement sous l’examen. Voici un aperçu de la vie mouvementée et influente de l’incarnation du rock ‘n’ roll, Joe Cocker.

Joe Cocker a commencé à jouer dans des groupes à 12 ans

Bien avant d’être surnommé Joe Cocker, il était John Cocker. Des amis et des proches à Sheffield, en Angleterre, l’appelaient Joe dès l’enfance. Il pensait que ce surnom venait de son passe-temps favori consistant à jouer au cowboy nommé « Cowboy Joe ». Son ami et voisin John Mitchell se souvient qu’ils avaient emprunté le nom à un lavandier local nommé Joe qui avançait dans la rue avec ses échelles et son matériel. Ils adoptèrent ensuite les noms « Joe » Mitchell et « Joe » Cocker.

À 11 ans, une fièvre pour la musique skiffle gagne le pays, et Cocker dévore des disques de ce style folk proche de la country et du rock, tandis que son frère aîné Vic crée un groupe skiffle. À 12 ans, un membre de ce groupe propose que Cocker en devienne le chanteur. Début 1960, il devient chanteur principal et batteur d’un groupe appelé les Cavaliers. Un peu plus d’un an plus tard, à 17 ans, Cocker parcourt les pubs du nord de l’Angleterre en tant que frontman de Vance Arnold and the Avengers. En 1964, utilisant son nom réel pour l’essentiel, le premier single solo, « I’ll Cry Instead », échoue à percer. Il co-écrit le premier single, « Margorine », issu de l’album de 1969, « With A Little Help From My Friends ». Cet opus ne rencontre pas le succès commercial, atteignant seulement la 48e place au Royaume‑Uni et restant absent des charts américains.

Joe Cocker portant une veste noire brodée en 1968
Portrait de Joe Cocker en 1968, annonçant les débuts d’une carrière errante mais prometteuse.

Les reprises et Woodstock ont rendu Joe Cocker célèbre

À la fin des années 1960 et au début des années 1970, le courant dominant dans le rock voulait que les artistes écrivent leur propre matériel. Joe Cocker a choisi l’inverse en s’imposant comme interprète de reprises, réinventant des morceaux connus. Son interprétation de « With a Little Help from My Friends », chanson d’époque des Beatles, prend une tournure blues-rock surpuissante et grimpe à la première place au Royaume‑Uni et à la 68e place aux États‑Unis. Cette performance séminale, notamment lors du festival de Woodstock en 1969 — qui, à l’époque, était le plus grand festival musical jamais organisé — transforma pratiquement du jour au lendemain le chanteur britannique inconnu en une star internationale.

Joe Cocker interprète lors du festival Woodstock
Woodstock propulsea Joe Cocker sur le devant de la scène.

Ses reprises des titres populaires se sont ensuite vendues par dizaines de milliers. On retrouve notamment sa version de « Feeling Alright » de Dave Mason, « Delta Lady » de Leon Russell, « She Came in Through the Bathroom Window » des Beatles et « The Letter » des Box Tops. La version bluesy de ce dernier devient l’un de ses plus grands succès, culminant à la 7e place aux États‑Unis pendant des années. L’un de ses derniers succès survint en 1987 avec une reprise de « Unchain My Heart », immortalisée par son idole Ray Charles.

La raison de son style de performance

Autant sa voix est célèbre, autant sa présence scénique est devenue légendaire. Alors qu’il chantait, il se mettait à tressaillir, trembler et bouger de manière irrégulière, se contorsionnant dans des positions inconfortables. Ces mouvements sont devenus emblématiques et l’ont distingué dans l’imagerie de Cocker, au point d’être imitée plus tard par des comédiens comme John Belushi dans Saturday Night Live.

Joe Cocker sur scène dans les années 1970
Une interprétation scénique unique, née d’un sentiment d’émotion et d’inspiration personnelle.

Selon Cocker, ce style naît aussi d’un sentiment d’aliénation et d’un certain embarras créatif. « Je n’ai jamais joué d’orgue, de piano ou de guitare, alors tout cela venait d’un mélange de frustration et d’essayer d’imiter les autres, sans le faire exprès », expliquait‑il en 2012 au Broward Palm Beach New Times. « Les gens ont interprété cela comme une maladie, comme si j’avais la paralysie. Je suis moins démonstratif aujourd’hui, mais j’ai toujours ma propre façon de sentir le rythme. » Son mouvement scénique fut aussi influencé par des services de culte chrétien, et lors de Woodstock, il prit une ampleur particulière : le public, captivé, passait d’une activité à l’autre jusqu’à ce qu’il se mette à chanter « Let’s All Get Stoned », une reprise de Ray Charles, réveillant l’assistance comme une expérience quasi gospel.

Des problèmes de dépendance

Tout au long des années 1960 et 1970, des spéculations persistaient sur le fait que ses gestes scéniques étranges et exubérants étaient liés à des abus d’alcool et de drogues. Cocker a en effet lutté contre de lourdes dépendances tout au long de sa vie adulte et, s’il a cessé de boire et de se droguer au début des années 1980, il a parfois monté sur scène alors qu’il était encore en cours de sobriété.

Joe Cocker en chemise bleue évitant le regard
Années de turbulence et de sobriété qui ont marqué sa carrière.

Après un succès éclatant à la fin des années 1960, Cocker ne grava et ne se produisit plus beaucoup au début des années 1970. En juin 1974, un concert de retour très attendu à Los Angeles, au Roxy, devait être une soirée unique devant un public complice et bienveillant. Il tourna au fiasco : « Cocker a embarrassé et attristé ses amis les plus proches du milieu musical par une prestation difficile et incohérente », écrivait le critique John Rockwell dans le New York Times. Cette nuit‑là, il eut du mal à se tenir debout et à se souvenir des paroles. À un moment, il a vomi sur scène et, à un autre, il resta assis dans le silence pendant que le groupe jouait « With a Little Help From My Friends ».

En 1977, toutefois, il remontait sur scène à Los Angeles. Malgré une arrivée sur scène avec une bière et un comportement erratique, les fans, amis et dirigeants discographiques furent agréablement surpris lorsqu’il se mit à chanter. Le président du conseil d’Elektra/Asylum, Joe Smith, disait alors : « Nous avons vu qu’il était en train de se produire et de ne pas tomber. On dirait qu’il s’était ressaisi. Maintenant, il s’agissait juste de mettre tout cela sur disque. »

Si vous ou quiconque connaît des personnes confrontées à des problèmes d’addiction, de l’aide est disponible. Visitez le site de l’Administration des services de santé mentale et de l’addiction (SAMHSA) ou contactez la ligne d’assistance nationale de SAMHSA au 1-800-662-HELP (4357).

Suggestions d'Articles

Laisser un Commentaire