Les musiciens oubliés des années 70

par Angela
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Les musiciens oubliés des années 70
États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie

Parmi les idées reçues sur les années 1970 figure celle selon laquelle cette décennie n’aurait été qu’un long feu d’artifice disco. Or, elle fut potentiellement la période musicale la plus créative de l’histoire, où naissaient et s’imposaient des genres comme le folk-rock narratif, le reggae, le rock d’arène et le soft rock, sans oublier le disco. De nombreux artistes ont connu un immense succès, avant que l’évolution culturelle ne redéfinisse les goûts et les industries. Voici quelques musiciens qui furent au sommet dans les années 1970 et que l’on a presque oubliés depuis.

Grand Funk Railroad

Grand Funk Railroad dans un aéroport
Grand Funk Railroad dans un aéroport

Parmi les premiers groupes hard rock à atteindre le grand public, Grand Funk Railroad – plus tard connu sous le nom de Grand Funk – sortit dix albums entre 1969 et 1974, tous certifiés or ou platine. Leur énergie sur scène et leur power trio furent saluées, et ils remplirent le Shea Stadium de New York en seulement trois jours, un exploit jusqu’alors réservé aux Beatles sur une période prolongée. Leur répertoire punchy, notamment des titres comme We’re an American Band et une reprise de The Loco-Motion, fit danser les radios et les foules.

Vers 1976, alors que leur créativité semblait s’étendre mais que l’intérêt public fléchissait, le groupe persista pour enregistrer un dernier album avec Frank Zappa, avant que Mark Farner ne se lance dans une carrière solo et que les autres musiciens ne forment Flint. Une tentative de retour au début des années 80 échoua rapidement.

The Raspberries

Eric Carmen chantant avec les Raspberries dans les années 1970
Eric Carmen aux Raspberries

Avec ses guitares acérées, ses refrains accrocheurs et ses harmonies riches, le groupe fut un pilier du mouvement power pop naissant au début des années 1970. Des titres comme Overnight Sensation (Hit Record), Let’s Pretend et I Wanna Be With You ont connu un large écho radio, mais leur plus grand succès, Go All the Way, surpassa largement les autres. Il a été redécouvert par Hollywood au XXIe siècle et apparait régulièrement dans des bandes originales nostalgiques des années 70.

Le sommet des Raspberries fut bref: la plupart de leurs tubes arrivèrent en 1972, puis la moitié du groupe quitta le navire en 1973 et le groupe se sépara officiellement en 1975. Eric Carmen partit vers une carrière solo, empruntant un virage vers le soft rock loin de l’énergie pop des Raspberries. Carmen est décédé en 2024.

Seals and Crofts

Seals and Crofts regardant l’objectif
Seals and Crofts

Parmi les duos les plus prospères de la pop-folk des années 70, Seals and Crofts mêlent douceur, sensibilité et harmonies suaves, préparant le terrain au soft rock et au répertoire adulte. Anciennement membres des Champs, Jim Seals et Dash Crofts parvinrent à placer une série de morceaux sur les charts entre 1972 et 1978 avec des titres tels que Summer Breeze, Diamond Girl et You’re the Love. Leur son s’appuyait sur des guitares acoustiques, des bois et des harmonies soignées.

À la fin des années 70, leur collaboration prit fin. Seals déménagea sa famille au Costa Rica et Crofts partit en Australie. Des reunions sporadiques eurent lieu jusqu’à ce que Seals fasse un AVC en 2017, puis décède cinq années plus tard.

Leo Sayer

Leo Sayer chantant et dansant en costume gris
Leo Sayer, voyage musical et transformation de style

Artiste un peu improbable, Leo Sayer révéla plusieurs facettes de sa créativité tout au long des années 70, sans jamais vraiment imiter quiconque. Repêché d’un duo raté nommé Patches, Sayer éclata après que Roger Daltrey des Who eut enregistré certaines de ses compositions, puis le single The Show Must Go On atteignit la deuxième place au Royaume-Uni en 1973. Son style scénique évolua ensuite vers le blues-rock et un vestiaire plus contemporain.

Long Tall Glasses devint son premier grand succès américain, précédant des titres à haute tessiture comme You Make Me Feel Like Dancing et When I Need You, qui montèrent chacun en tête des charts en 1976 et 1977. Après un autre slow, More Than I Can Say, il ne suscita plus le même écho aux États‑Unis, bien qu’il reste présent au Royaume‑Uni avant de faire une pause prolongée dans les enregistrements.

America

America jouant de la guitare sur scène dans les années 1970
America et ses harmonies vocales caractéristiques

America fut fondé au début des années 70 par trois membres d’origine américaine résidant au Royaume‑Uni. En 1972, le groupe inscrivit son morceau Neil Young-esque A Horse with No Name au sommet du palmarès américain et remporta le Grammy de Meilleur Nouvel Artiste. Forts de ce succès et des ballades folk introspectives comme Ventura Highway et I Need You, ils enchaînèrent des albums et des standards du soft rock tels que Sister Golden Hair et Tin Man.

Le trio connaîtra une traversée du désert lorsque Dan Peek quitta le groupe en 1977. Le groupe connaîtra ensuite un retour en force en 1982–1983 avec You Can Do Magic et The Border, mais ne retrouva jamais son niveau de popularité antérieur, continuant toutefois à tourner et à publier des albums jusqu’aux années 2010.

Bread

David Gates jouant de la guitare sur scène
Bread, douceur du soft rock

Parmi les formations les plus douces du soft rock des premiers années 70, Bread distillait des ballades discrètes et romantiques qui firent chavirer les cœurs. Dirigé par James Griffin et David Gates, le groupe connut une série de hits qui atteignirent le top 10, démarrant par Make It With You et s’enchaînant avec It Don’t Matter to Me, If, Baby I’m-a Want You et Everything I Own.

Le groupe se sépara en 1973 après quelques années d’activité intense. Le duo Griffin–Gates était à l’origine d’un succès partagé en écriture, mais lorsque les compositions de Gates furent privilégiées pour les singles, Griffin s’en sentit lésé et ouvrit la voie à une rupture. En 1976, une reformation donna le hit Lost Without Your Love, mais Griffin quitta de nouveau le groupe et Gates poursuivit Bread avec une nouvelle formation. Griffin poursuivit des carrières solo modestes et poursuivit des batailles juridiques pour stopper la nouvelle mouture du groupe.

Three Dog Night

Three Dog Night sur scène en costumes lilas dans les années 1970
Three Dog Night, expérience vocale et rock

Three Dog Night fut l’une des expériences les plus marquantes du rock des années 70, mêlant les expressifs chœurs à des répertoires variés écrits par des paroliers émergents et des artistes obscurs. De 1969 à 1974, ils vendirent plus de disques et accumulèrent davantage de hits dans le Top 10 que toute autre formation rock contemporaine. Leurs No. 1 incluaient des titres comme Mama Told Me Not to Come, Joy to the World et Black and White, qui continus d’illuminer des scènes de films et les playlists de classic rock.

Suite à plusieurs départs fin 1974, Danny Hutton quitta le groupe en 1975 et Three Dog Night ne grava plus avant le flop New Wave de 1983 encore, It’s a Jungle. Hutton revint plus tard, Negron partit, et Cory Wells resta lorsque le groupe retourna sur les circuits nostalgiques dans les années 1990 et au‑delà.

Anne Murray

Anne Murray chantant et souriant dans les années 1970
Anne Murray, voix douce et country-pop

Dans les années 70, la frontière entre soft rock et country s’effaçait grâce à des figures comme John Denver et Anne Murray. Pendant que la jeunesse écoutait hard rock, disco et punk, Murray, superstar canadienne, réussit son entrée sur le marché américain en 1970 avec Snowbird. Au fil de la décennie, elle s’imposa davantage sur les charts country et adult contemporary, tout en restant une figure incontournable des variétés, interprétant des standards modernes comme Danny’s Song, What About Me, Daydream Believer et You Won’t See Me. En 1978, You Needed Me devint un No. 1 pop.

À partir des années 80, son style devint plus country et ses textes s’éloignèrent du mainstream, la rendant plus discrète sur les ondes pop et son goût pour les ballades country dura jusqu’à la fin de sa carrière.

Melanie

Melanie avec de longs cheveux chantant en studio d’enregistrement
Melanie, icône amid/antidisque et Bloodlines

Figure emblématique de l’anti-guerre et de la contre‑culture hippie, Melanie fut l’une des artistes les plus marquantes des années 60 et 70. Elle participa à la première nuit du festival de Woodstock (1969), et ses hits comme Lay Down (Candles in the Rain), sa version de Ruby Tuesday et Brand New Key ont marqué les années 1970. Elle aborda aussi What Have They Done to My Song Ma et a connu un succès international tout au long de la décennie.

À partir des années 80, elle privilégia des projets partiels et scéniques, remportant un Emmy en 1989 pour le thème de Beauty and the Beast, et revenant sur scène en 2012 avec des créations racontant sa vie, avant de s’éteindre en 2024.

Andy Gibb

Andy Gibb en veste jaune et médaillon chantant sur scène
Andy Gibb et l’ombre des Bee Gees

Parmi les artistes pour lesquels les Bee Gees écrivirent des chansons, Andy Gibb, le plus jeune frère de Robin, Barry et Maurice, lança sa carrière dans les années 70 à un âge précoce. En 1977, l’essor disco des Bee Gees propulsa ses premiers tubes vers le Top 10, dont I Just Want to Be Your Everything, (Love Is) Thicker Than Water et Shadow Dancing. Il partageait avec eux le phénix de la jeunesse et l’attrait des publics de l’époque.

La suite fut marquée par des tentatives d’acting et de télévision, mais une addiction qui minait sa fiabilité promit une fin prématurée. En 1988, il mourut à 30 ans des suites d’une myocardite virale affaiblie par l’usage de drogues.

The Bay City Rollers

Bay City Rollers s’agenouillant et souriants
Bay City Rollers, icônes teenage

Pendant un temps au milieu des années 70, les Bay City Rollers semblaient pouvoir devenir les prochains Beatles, comme en témoignait l’enthousiasme de leurs fans jeunes et féminines. Formé en Écosse et baptisé d’après un coup de pinceau sur une carte, le groupe glamour pop proposa des reprises entraînantes comme Bye Bye Baby et I Only Want to Be with You, ainsi que des morceaux originaux tels que Shang-A-Lang et Money Honey. Leur succès atteignit même l’Amérique avec Saturday Night, numéro 1 en 1976.

Comme beaucoup d’idoles adolescentes, la fulgurance fut brève: les fans tournèrent rapidement la page et, d’ici 1978, les membres historiques avaient quitté le groupe, laissant place à une disparition rapide du phénomène Bay City Rollers.

Badfinger

Badfinger souriant dans les années 1970
Badfinger et les débuts Apple

Après un succès modeste au Royaume‑Uni et au Pays de Galles sous le nom des Iveys dans les années 60, le groupe fut découvert par des proches des Beatles et signé chez Apple Records. Après un changement de nom pour adopter l’étiquette Badfinger et le morceau Bad Finger Boogie, leur titre Come and Get It, enregistré pour le film The Magic Christian, devint un hit dans le monde anglo-saxon en 1970. Badfinger se fit connaître comme une machine à hits pop-rock et power pop, avec Day After Day, No Matter What et Baby Blue.

La période sombre commença avec des affaires troubles et des deals douteux, et le mal-être de Pete Ham culmina par son suicide en 1975. Des retours précoces dans les années 80 furent courts, suivis par le suicide de Tom Evans en 1983.

The Sylvers

The Sylvers en tenues jaunes et violettes sur scène
The Sylvers, famille étoile du R&B à leur époque

Les groupes familiaux occupaient une place importante dans les années 70, et si les Jacksons ou les Osmonds restent les figures les plus marquantes, les Sylvers réussirent une belle série de succès en mariant R&B, funk et disco. Présentés comme la réponse soul de Memphis au Jackson 5, les neuf frères et sœurs Sylvers participent au répertoire familial et atteignent le Top 20 du classement R&B en 1972 avec Fool’s Paradise, le premier d’une série de morceaux.

Le groupe s’exporta ensuite sur la scène pop avec Hot Line, numéro 5 en 1976 après Boogie Fever, numéro 1. Les années 80 virent d’autres succès mineurs et la notoriété diminua; après la mort en 1985 de Christopher Sylver, le groupe se sépara.

C.W. McCall

C.W. McCall souriant avec lunettes et veste en cuir
Le chanteur camionneur C.W. McCall

C.W. McCall est l’un des chanteurs country les plus prolifiques, mais il s’agit en réalité d’un personnage créé par le publicitaire Bill Fries. Fries présenta ce chanteur de camion-ride, popularisé par les publicités de Mertz Baking Company et son titre Old Home Filler-Up An’ Keep on-a-Truckin’ Café, qui connut un succès régional avant d’être repris nationalement par MGM Records. Puis vint Convoy, numéro 1 pop et country en 1975, capitalisant sur l’engouement pour les radios CB et les histoires de routiers héroïques. Le succès culmine avec l’adaptation cinématographique du morceau en 1978.

Fries poursuivit sa carrière publicitaire, tandis que son co-auteur Chip Davis lança Mannheim Steamroller, qui s’est imposé comme un incontournable de l’Electronic/New Age et a vendu des millions d’albums, dont une grande partie de Noël.

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