Il n’y a pas que les couronnes serties de diamants, les bijoux et les pièces d’or qui intéressent, cet automne, les trafiquants et les voleurs : les fossiles et les ossements préhistoriques sont aussi visés. Ce patrimoine naturel et culturel fait l’objet d’un trafic mondial — un marché illégal en expansion qui traduit, selon les douanes, une prédation de la rareté au détriment du bien commun et du patrimoine scientifique. Le phénomène s’inscrit clairement dans le cadre plus large du trafic d’ossements de dinosaures, devenu une source lucrative et préoccupante pour les autorités.
La semaine dernière encore, les services des douanes de Poitiers ont remis à l’université locale un ensemble de crânes, de vertèbres et de dents fossilisés de mosasaures, ces prédateurs marins du Crétacé. La saisie remonte au 1er novembre 2023 : lors d’un contrôle d’un véhicule sur l’A10, les deux occupants n’ont pas fourni de justificatifs attestant la légalité du transport, si bien que les spécimens ont été consignés. Des expertises menées par le Muséum d’Histoire naturelle de Paris ont confirmé l’authenticité des pièces avant leur cession à l’université de Poitiers.
Une traçabilité obligatoire
Autre saisie notable : le 6 août dernier, les agents du pôle contrôle du bureau de douane de Caen ont vérifié les documents puis la marchandise d’une déclaration d’importation d’objets de collection en provenance des États‑Unis, déclarée pour une valeur de 112 570 euros. Les analyses d’un expert local et d’un spécialiste du CNRS ont confirmé qu’il s’agissait d’ossements authentiques de Tricératops, comprenant notamment une portion de corne et de collerette. Problème : ces biens archéologiques sont soumis à des justificatifs d’importation, de détention et de circulation que l’importateur n’a pas pu produire ; les agents ont donc procédé à la saisie.
Autre prise marquante, le 27 janvier 2025 à Menton : lors d’un contrôle sur l’A8, les douaniers ont découvert neuf dents de dinosaures dissimulées dans des colis transportés par un camion espagnol. Ces fossiles, estimés à 70 millions d’années par un paléontologue local, circulaient en direction de l’Italie.
En 2024, la douane a réalisé 60 constatations ayant abouti à la saisie de plus de 22 000 biens culturels, témoignant de l’ampleur du phénomène et de la nécessité d’une traçabilité stricte pour lutter contre le trafic d’ossements de dinosaures et autres objets patrimoniaux.
