Au début des années 1970, l’écart entre les générations s’était installé aux États‑Unis, opposant des Américains plus conservateurs qui soutenaient le président Nixon et la guerre du Vietnam à une jeunesse progressiste marquée par une culture de contestation. CBS a trouvé le moyen de transformer ce débat politique en sitcom. All in the Family a fait ses débuts en 1971 et est immédiatement devenu l’un des plus grands succès télévisuels de l’époque. Le programme dominait régulièrement les classements annuels et a valu des Emmy à l’ensemble de son casting. Carroll O’Connor campe Archie Bunker, patriarche désabusé et volontairement obtus, qui s’adoucit au contact de sa femme Edith, interprétée par Jean Stapleton, et de leur fille Gloria, jouée par Sally Struthers, aux côtés de leur mari Mike; Rob Reiner incarne Mike, figure emblématique de la contre‑culture, ce que Archie n’apprécie pas toujours.

La chanson thème, Those Were the Days, a été écrite par Lee Adams et Charles Strouse, duo connu pour Applause et Bye Bye Birdie. Elle regarde le passé avec une douce nostalgie tout en sonnant comme une mélodie qui aurait pu être populaire au début du XXe siècle. À l’écran, Carroll O’Connor et Jean Stapleton, dans leurs rôles d’Archie et Edith, la chantaient assis au piano et déclamaient des couplets sur les Dodgers de Brooklyn, sur le président Hoover, sur le coût des choses autrefois moins élevé, et sur les femmes portant des jupes longues et les cheveux courts. Le dernier vers, « I don’t know just what went wrong / those were the days », résumait de manière percutante la nostalgie du personnage d’Archie.
Une version étendue, d’environ deux minutes et demie, a été enregistrée par O’Connor et Stapleton et est attribuée à « The Bunkers ». Elle s’appuie sur un arrangement nostalgique de style Dixieland et a été publiée comme single à la fin de 1971. Au début de l’année suivante, la chanson a progressé dans les charts: elle a atteint la 43e place du Billboard Hot 100 et a culminé à la 30e place sur le classement Easy Listening, destiné à un public plus mature.
En définitive, le morceau illustre comment All in the Family a su mêler satire sociale et musique populaire pour devenir un phénomène culturel, bien au‑delà du cadre télévisuel.
