En 1969, alors que le célèbre festival de Woodstock et l’émergence du proto-punk marquaient l’époque, les amateurs de musique restaient sensibles aux sonorités bubblegum pop qui les poussaient à dépenser leur argent dans les disquaires. Le morceau le plus connu de l’année fut sans conteste Sugar, Sugar des Archies.

Les Archies étaient des popstars animés créés par Archie Comics et associés à The Archie Show, lancé en 1968. L’idée venait du promoteur légendaire Don Kirshner, qui avait connu le succès avec le groupe manufacturé The Monkees et qui espérait proposer une nouvelle chanson chaque semaine pour l’émission du samedi matin. Il fit appel au chanteur de session Ron Dante pour assurer la voix principale. CBS espérait que le cartoon servirait de plateforme promotionnelle récurrente; le lancement de 1968 fut un carton et démontra, comme pour les Monkees, qu’une émission télévisée pouvait aider à promouvoir la musique. Le premier single des Archies, Bang Shang-a-Lang, culmina juste en dehors du Top 20 du Billboard Hot 100.
Le succès transatlantique des Archies
Leur premier titre fut un succès modeste comparé au phénomène qui allait suivre, Sugar, Sugar, le hit international de l’année suivante. Le morceau fit son entrée dans le classement américain en juillet 1969 à la position numéro 91, puis monta jusqu’au numéro 1 en septembre, y restant quatre semaines. Au total, le single passa 22 semaines dans le classement, dont 12 semaines dans le Top 10. Au Royaume-Uni, il domina les charts pendant huit semaines. Au global, le disque s’est écoulé à plus de six millions d’exemplaires dans le monde et fut le plus grand succès pop de 1969 dans les deux pays.
Le morceau peut sembler naïf et simple aujourd’hui — et il était sans doute perçu ainsi par de nombreux auditeurs à l’époque — mais les observateurs expliquent son charme dans le contexte de la fin des années 1960. La pop a connu des avancées spectaculaires au cours de la décennie; tandis que le rock s’assombrissait face au climat politique et social trouble du Vietnam et à la lutte pour les droits civiques, les auditeurs recherchaient aussi des moments d’évasion pure. Comme le rappelle Jason Ankeny d’AllMusic, Sugar, Sugar est exactement cela: une chanson d’amour aussi douce et sirupeuse que son titre le suggère, mais qui a tout de même offert un coup de sucre addictif au public acheteur de musique.
En fin de compte, Sugar, Sugar demeure une chanson qui, malgré sa simplicité apparente, a marqué durablement l’histoire de la pop.
