5 chansons rock célèbres grâce au cinéma

par Olivier
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5 chansons rock célèbres grâce au cinéma
États-Unis


Don't You (Forget About Me) — vidéo (Simple Minds)

Le son est souvent l’un des aspects les plus négligés du cinéma, alors même qu’il influe profondément sur l’expérience globale d’un film. Le sound design peut à lui seul traduire les thèmes et les émotions d’une œuvre — pensez aux couches évocatrices et cosmiques d’un film comme Interstellar. Parfois, c’est la partition qui s’impose, au point qu’on a du mal à imaginer un film sans elle, comme les nombreux leitmotivs de Howard Shore dans la trilogie du Seigneur des Anneaux. D’autres fois, ce sont de simples chansons qui, mal placées, risquent de distraire à cause des paroles ; mais lorsqu’elles sont bien utilisées, elles peuvent sublimer un film autant qu’un film peut offrir une rampe de lancement à une chanson — y compris au rock.

Ici, nous parlons de chansons issues d’une bande originale dont, dans chaque cas, le morceau et le film sont indissociables. Et plus encore : chacune de ces chansons est devenue un méga-hit grâce au cinéma. Ces chansons rock célèbres par les films ont ainsi servi de tremplin pour une renommée durable.

I Don’t Want to Miss a Thing — Armageddon

Pour ceux qui ont traversé l’ère « I Don’t Want to Miss a Thing » d’Aerosmith à la fin des années 1990, on vous salue. Ce n’est pas que la chanson soit mauvaise — loin de là — mais elle a été tellement diffusée, encore et encore, qu’elle est devenue inévitable sur toutes les radios. Et qui peut oublier le cri caractéristique de Steven Tyler sur le dernier « dream of you » du refrain ?

Ce n’était toutefois pas la faute de Bruce Willis, ni celle de Ben Affleck, ni même de Liv Tyler, la fille du chanteur d’Aerosmith. C’est le film Armageddon (1998), pastiche de film catastrophe à la fois kitsch et galvanisant, qui a propulsé le morceau. L’intrigue — un astéroïde menaçant la Terre et une équipe d’élite chargée de l’arrêter — se conclut, grâce à la puissance du rock et à la voix monumentale de Tyler, par le triomphe de l’humanité. Résultat : Aerosmith a aussi vu ses comptes en banque s’envoler : fin 2025, « I Don’t Want to Miss a Thing » totalisait environ 1,2 milliard d’écoutes sur Spotify.

Fait notable, la parolière Diane Warren, auteure de nombreux succès (entre autres pour Cher ou LeAnn Rimes), a signé le titre. Elle n’était pas entièrement satisfaite des paroles, mais le morceau demeura un énorme succès — à la différence de l’astéroïde du film.

Eye of the Tiger — Rocky III

« Eye of the Tiger » de Survivor : vous l’avez forcément entendue. Imaginez Rocky assénant un coup à chaque « Dun. Dun dun dun » et vous saisirez pourquoi la chanson est devenue l’hymne ultime de la détermination et de la victoire. Pas dans le Rocky original de 1976, mais dans Rocky III (1982), où Rocky Balboa affronte Clubber Lang (Mr. T) et voit son assurance vaciller.

Dans le film, Apollo Creed (interprété par Carl Weathers) revient pour raviver la confiance de Rocky et lui dit qu’il doit retrouver « l’œil du tigre » — ce qui donne naturellement lieu au montage d’entraînement sur la chanson. Les paroles de « Eye of the Tiger » semblent d’ailleurs décrire point par point la situation du film dès leur première ligne : « Risin’ up, back on the street / Did my time, took my chances / Went the distance, now I’m back on my feet » — coïncidence ? Non.

Le morceau et son thème immédiatement reconnaissable ont été commandés directement par Sylvester Stallone, qui a contacté Frankie Sullivan et Jim Peterik de Survivor pour écrire une chanson avec « un sens de l’urgence » et une « sensation de rue ». Pour plus de détails sur cette commande, voir le récit disponible sur Muskoka Radio. Le film et la chanson se sont mutuellement élevés : « Eye of the Tiger » est restée six semaines en tête du Billboard Hot 100.

Don’t You (Forget About Me) — The Breakfast Club

On connaît tous la scène finale : avant que le générique ne s’accorde aux « la la la la » du morceau, John Bender (Judd Nelson) traverse le terrain de football du lycée Shermer et lève le poing, geste de défi et de solidarité naissante entre les marginaux de la colle du samedi. Cette scène finale de The Breakfast Club (1985) est si emblématique que beaucoup la retiennent mieux que leurs propres souvenirs de lycée. La chanson du générique, « Don’t You (Forget About Me) » du groupe écossais Simple Minds, n’a pas seulement été popularisée par le film : elle en est l’âme et on ne peut la dissocier de l’oeuvre.

Curieusement, « Don’t You (Forget About Me) » a été écrite spécialement pour The Breakfast Club, mais Simple Minds n’en fut pas l’auteur. Keith Forsey a composé le morceau pour le film et l’a proposé à plusieurs artistes connus, dont Billy Idol. Le succès a été colossal, porté par la réussite du film, et le duo chanson/film est devenu indissociable.

La bande originale du film a atteint la première place pendant que le film, produit pour seulement 1 million de dollars, rapportait 50 millions à sa sortie (plus de 150 millions fin 2025). Simple Minds n’a jamais plus connu un tel sommet, mais n’en avait pas besoin : le groupe et ce titre sont entrés dans la postérité, à l’image des personnages du film.

Danger Zone — Top Gun

Top Gun (1986) : des chasseurs à réaction, des rivalités de classe nourries d’ambiguïtés, une partie de volley sur la plage, Tom Cruise (Maverick), Val Kilmer (Iceman) et Goose. Ce qu’il fallait au blockbuster hollywoodien, c’était une chanson qui traduise le goût de la vitesse et du risque. Entrée en scène : « Danger Zone », titre au propos on ne peut plus explicite, évoquant le danger des vols à haute vitesse, proches et serrés.

La trajectoire de « Danger Zone » fut sinueuse avant d’arriver à Kenny Loggins. Selon le récit, les auteurs Giorgio Moroder et Tom Whitlock avaient d’abord approché REO Speedwagon, qui déclina car le chanteur Kevin Cronin ne pouvait atteindre certaines notes. D’autres groupes comme Jefferson Starship ou Toto auraient aussi été envisagés avant que Loggins n’obtienne finalement le morceau. Pour un récit détaillé de cette genèse, voir Ultimate Classic Rock. Quoi qu’il en soit, Top Gun a donné à « Danger Zone » une visibilité majeure : fin 2025, le titre dépassait les 650 millions d’écoutes sur Spotify.

Born to Be Wild — Easy Rider

Essayez de prononcer « born to be wild » sans étirer le « wild » sur plusieurs notes : difficile. Bien que l’expression ait l’air d’exister depuis toujours, elle a été forgée en 1968 par Mars Bonfire (nom réel : Dennis Eugene McCrohan), auteur de « Born to Be Wild ». Le groupe Steppenwolf a popularisé le titre, mais ce n’était pas qu’un hymne rock pour l’esprit rebelle : c’est le plus ancien morceau de notre liste à avoir vu sa notoriété exploser grâce à un film — Easy Rider (1969).

La séquence d’ouverture d’Easy Rider donne l’impression que « Born to Be Wild » a été écrite pour le film, alors que ce n’est pas le cas. On y voit Wyatt et Billy (Peter Fonda et Dennis Hopper) traverser le Sud-Ouest américain à moto, sur une séquence muette qui laisse presque l’intégralité du morceau jouer en contrepoint. Le message est clair : voilà le thème du film, road-movie entre amis et errance à la Jack Kerouac.

Publié en 1968, le titre avait déjà du succès, mais Easy Rider a propulsé sa célébrité dans la stratosphère et l’a associé durablement à l’imagerie des motards et à la contre-culture des années 60. Depuis, « Born to Be Wild » a été utilisé dans de nombreuses publicités et séries, renforçant encore sa longévité.

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