5 Morceaux rock des années 70 qui ont mal vieilli

par Olivier
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5 Morceaux rock des années 70 qui ont mal vieilli
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Il est remarquable de constater à quel point la musique rock des années 1970 — une décennie commencée il y a plus d’un demi-siècle — continue de toucher les auditoires modernes. « Born to Run » de Bruce Springsteen reste aussi galvanisant que peut l’être le rock d’arène, « Kashmir » de Led Zeppelin conserve une lourdeur rarement dépassée, et il est difficile de trouver quelqu’un dans le monde occidental qui ne soit pas prêt à entonner « Bohemian Rhapsody » de Queen à tout instant.

Mick Jagger et Keith Richards sur scène

Cependant, cinquante années, c’est long : les goûts, la culture et la politique évoluent, et la technologie aussi. Beaucoup de titres populaires des années 1970 ont perdu de leur attrait pour des raisons variées — paroles devenues problématiques, éléments sonores aujourd’hui datés, ou tout simplement usure due à la surdiffusion. Voici cinq morceaux de rock des années 70 qui ont mal vieilli.

The Rolling Stones – « Brown Sugar »

Sorti en single en 1971 et longtemps considéré comme l’un des sommets du groupe, « Brown Sugar » fut classé n°1 du Billboard Hot 100 en mai de la même année et figura pendant des décennies dans les setlists des Rolling Stones. Son riff entraînant a séduit les foules jusqu’au XXIe siècle.

Mais le titre est aujourd’hui profondément problématique. Dès l’ouverture, les paroles évoquent un « navire négrier de la Côte d’Or à destination des champs de coton » et décrivent une femme noire — vraisemblablement une esclave afro-américaine — qualifiée de « douce comme du sucre brun », avec la ligne « elle goûte comme une fille noire devrait » (« just like a Black girl should »). On y trouve aussi la mention des fouets dans la phrase originale « hear him whip the women just around midnight ». Le texte fétichise la noirceur et naturalise la relation maître-esclave du point de vue blanc, évoquant même le sang « anglais » qui « se réchauffe » (« cold English blood runs hot »).

Des tentatives ont été faites pour atténuer certains passages — notamment la ligne sur le fouet — mais la chanson est restée controversée. Après avoir été jouée presque sans interruption pendant cinq décennies, elle a finalement été retirée des concerts des Rolling Stones en 2021, sans garantie toutefois qu’elle ne réapparaisse pas sur scène.

Led Zeppelin – « Stairway to Heaven »

Considérée par beaucoup comme l’un des monuments du rock, « Stairway to Heaven » (1971) est une ballade épique en trois mouvements : une ouverture acoustique atmosphérique qui monte progressivement vers un climax hard rock, un solo de guitare emblématique, puis un retour à une fin acoustique contrastée. À l’écoute, le morceau emmène et crée l’impression d’une expérience quasi mystique.

Pourtant, la chanson a mal vieilli : elle souffre d’une réputation de prétention et, surtout, d’avoir été surjouée jusqu’à l’usure. Elle est tristement devenue un « rite de passage » pour les guitaristes débutants et, selon la légende, est désormais interdite dans de nombreux magasins de guitares, le personnel en ayant assez d’entendre des amateurs s’essayer au fameux riff de Jimmy Page (phénomène popularisé par une scène humoristique du film Wayne’s World où Wayne se fait interdire d’essayer la chanson en magasin). Même si l’interprétation des quatre membres sur l’enregistrement est remarquable, des années de rediffusions radiophoniques et d’imitations souvent médiocres ont émoussé l’effet original. À tel point que Robert Plant, chanteur et parolier, a lui-même exprimé à plusieurs reprises son aversion pour « Stairway to Heaven ».

Deep Purple – « Smoke on the Water »

Autre hit indéniable des années 1970, « Smoke on the Water » (1973) est immédiatement reconnaissable, notamment grâce au riff chromatique de Ritchie Blackmore, devenu un passage obligé pour les guitaristes débutants et un tube repris dans des stades ou lors d’événements populaires. Mais cette omniprésence est aussi son talon d’Achille : la chanson est tellement connue qu’elle en devient un cliché du classic rock, donc facile à parodier.

L’anecdote qui a inspiré le titre fait désormais partie du folklore du rock : en 1971, Deep Purple devait enregistrer en Suisse dans le studio mobile des Rolling Stones, installé dans un casino de Montreux, mais la veille des sessions un concert de Frank Zappa se solda par un incendie du bâtiment après l’utilisation d’une fusée éclairante. Le groupe dut se relocaliser et composa « Smoke on the Water » sur la base de cet événement.

Le bassiste Roger Glover relativise aujourd’hui : comme il l’a raconté à Louder, « rétrospectivement, ‘Smoke On The Water’ est assez hilarant. C’est comme écrire une chanson sur une activité quotidienne banale : ‘Je suis allé à l’épicerie / Pour acheter du frooooooome.' »

Paul Anka – « (You’re) Having My Baby »

Dans un registre soft rock ultra-douillet, Paul Anka, auteur de classiques comme « My Way » (popularisé par Frank Sinatra) ou « She’s a Lady » (interprété par Tom Jones), a connu un succès commercial avec « (You’re) Having My Baby » en 1974, qui resta trois semaines en tête des charts américains. Musicalement et sur le plan de la production, le titre est professionnel, mais il agace par son lyrisme sucré et son côté mièvre.

Ce qui irrite particulièrement à l’écoute contemporaine — et l’avait déjà fait à l’époque chez certains —, c’est l’insensibilité du texte face à l’évolution des rôles de genre : l’utilisation de l’expression « my baby » (« mon bébé ») au lieu de « our baby » (« notre bébé ») dans le refrain symbolise, pour beaucoup, une perception déséquilibrée de la paternité et de la maternité. D’autres passages semblent déconnectés des débats sur le libre choix en matière de famille. Le morceau figure régulièrement dans les listes des pires chansons de tous les temps, bien que, indépendamment de ces raisons, son seul son mièvre suffirait à le classer ainsi.

Starland Vocal Band – « Afternoon Delight »

L’idée de ce qui est considéré comme « sexy » change avec les époques. Le titre léger et country-folk « Afternoon Delight » du Starland Vocal Band, n°1 pendant deux semaines en 1976, célèbre sans retenue les rapports sexuels diurnes avec des paroles du type : « Ma devise a toujours été ‘quand c’est bon, c’est bon’ / Pourquoi attendre le milieu d’une nuit froide et sombre ? »

L’instrumentation est inoffensive, mais la chanson paraît aujourd’hui d’un érotisme naïf et un peu risible comparée à d’autres titres funk et soul du même âge qui conservent davantage de puissance. Ironiquement, le groupe remporta le Grammy du meilleur nouvel artiste, alors que les deux couples formant le groupe avaient divorcé au moment du succès, et le quatuor disparut rapidement après ce hit unique. Même pour ceux qui tolèrent les paroles légèrement grivoises, le refrain entêtant peut rapidement tourner à la torture mentale.

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