Sommaire
« Quand on écoute le disque, on sent bien que c’est mon histoire de A à Z. Donc j’ai un peu cette hantise de me dire que je vais partager des choses très personnelles et que je ne sais pas comment ce sera reçu. C’est comme si j’avais raconté des secrets », confie Amel Bent à propos de son huitième album studio, Minuit Une, paru le 16 mai 2025. L’artiste a composé ces chansons alors qu’elle traversait le deuil de sa grand-mère, survenu en 2023. À l’approche de ses 40 ans, elle livre un témoignage sincère sur ce projet intime et profond.
Une pochette riche de symboles
La couverture de l’album reflète un instant de vie tiré de la création du disque : Amel Bent la nuit, tentant d’endormir son plus jeune enfant tandis que le reste de la famille dort. Sur le mur, une photo de sa grand-mère témoigne du travail de deuil accompli durant cette période. « À travers cette pochette, je voulais montrer un peu de mon intimité et dire ‘Voilà ce que cet album promet’. C’est une porte ouverte sur ce qu’il y a vraiment au fond de mon cœur et de mes tripes », explique-t-elle.
Une symbolique nocturne pensée dans la structure
L’album s’intitule Minuit Une, comme le premier mot de la première chanson, tandis que les derniers mots de la dernière plage sont « 8 heures du matin, c’est déjà demain… ». Amel Bent souligne l’intention qui sous-tend ce choix : « L’idée c’était vraiment de passer une nuit avec moi. Une nuit d’écriture, et d’introspection. » Contrairement à la tendance actuelle où les auditeurs ne respectent plus l’ordre des chansons, elle soigne soigneusement l’agencement pour inviter à un parcours nocturne et introspectif.
La nuit, entre angoisse et inspiration
La nuit a toujours eu une place ambivalente dans la vie d’Amel Bent. « Enfant, j’avais une vraie angoisse du moment du coucher », confie-t-elle. À l’approche de ses 40 ans, elle admet encore ne pouvoir s’endormir que si elle écoute des séries, souvent violentes, qui recréent un certain univers sonore. « J’ai besoin d’entendre des gens gueuler, comme s’il me fallait recréer quelque chose dans ma tête. Je n’arrive pas à m’endormir dans le silence. »
Mais au-delà de cette complexité, la nuit a été une source d’inspiration pour son album : « Écrire à ce moment m’a permis de faire un travail d’introspection et de livrer des choses très personnelles. »
Un album profondément personnel, marqué par le deuil
Les textes de Minuit Une reflètent la mélancolie traversée par l’artiste, qui évoque ouvertement la tristesse en tant qu’état d’être, consacre une chanson pleine de tendresse à sa grand-mère (« Mima ») et aborde la violence subie dans l’enfance dans « Mauvais rôle ». « Écrire pendant une période de deuil donne des textes qui ne sont pas forcément joyeux », explique Amel Bent. « J’étais dans une profonde détresse émotionnelle, je ressentais une vraie douleur. Je me suis posé beaucoup de questions sur moi, sur mon existence. »
La disparition de sa grand-mère a provoqué un « basculement très violent », l’obligeant à envisager la vie autrement. Malgré la sagesse liée à l’âge avancé de sa grand-mère, elle relate la douleur comme un enfant face à un concept qu’elle n’arrivait pas à appréhender pleinement.
L’évolution d’une femme face à la quarantaine
Abordant son prochain anniversaire, Amel Bent ne se focalise pas sur l’âge mais sur l’instant présent : « Je préfère l’approche de ma quarantaine plus que mes 30 ans, plus que mes 20 ans. J’aime ce qui se passe maintenant, tout de suite. »
La question de la place des femmes dans l’industrie musicale au-delà d’un certain âge reste cependant centrale. Elle confirme la difficulté pour une artiste féminine de perdurer : « Les femmes de la quarantaine, la cinquantaine, manquent cruellement au paysage musical. Elles étaient là quand elles avaient 20 ou 25 ans, donc évidemment, tu te demandes si tu vas pouvoir exister encore et comment. »
Face à cette réalité, elle a choisi dans Minuit Une de faire un album « moderne et de mon âge », un projet authentique qui reflète les inquiétudes, espoirs et douleurs d’une femme de son âge, tout en restant ancré dans la modernité.
Un virage vers des sonorités rock
Ce nouvel opus se démarque aussi par des influences rock plus marquées : « Les grosses guitares que l’on entend, c’est juste la Amel de la scène. Mon énergie en concert est très rock. Il y a une forme de brutalité, quelque chose de très cash dans la manière dont je produis mes chansons. » Elle souhaitait que cette énergie scénique fasse écho dans l’album studio, évitant ainsi la rupture souvent constatée entre l’univers studio et la scène live.
L’Eurovision, un projet exclu
Interrogée sur la possibilité de représenter la France à l’Eurovision, Amel Bent décline : « Non ! J’ai trop d’anxiété. Je ne sais pas comment font les artistes qui participent à l’Eurovision… Je préfère rester dans ce que je connais, dans ce que j’ai construit avec mon public. »