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Beaucoup des chansons des années 70 que nous fredonnons encore aujourd’hui n’ont pas connu un succès immédiat : certaines ont mis du temps avant d’atteindre le grand public. Heureusement pour les artistes, leurs fans n’avaient pas besoin des stations de radio pour décider quelles chansons aimer — plusieurs titres n’ont pas été initialement choisis comme singles ou promus par les maisons de disques. Ces morceaux, adoptés par les fidèles des groupes, ont fini par se faire connaître par le bouche-à-oreille, si bien qu’aujourd’hui ils font parfois partie des chansons par lesquelles on identifie le plus un artiste.
Ce phénomène montre qu’on ne peut pas enterrer une bonne chanson et qu’il est difficile de prévoir ce qui touchera le public. Dans les exemples qui suivent, la plupart des titres traitent de l’amour, et l’un d’entre eux célèbre l’oubli des responsabilités pour savourer l’instant. Voici quelques chansons années 70 hits qui ont d’abord été des flops avant de devenir des classiques.
Cheap Trick — I Want You To Want Me
Les années 1970 ont été une période de profondes évolutions musicales, entre prog-rock, l’explosion punk et la diversité des genres à la mode, du disco au heavy metal. Cheap Trick, groupe formé en 1973 par le guitariste Rick Nielsen et le bassiste Tom Petersson à Rockford (Illinois), a cherché son public dans ce paysage mouvant. Connu pour ses prestations live énergiques et un long cycle de tournées, le groupe a signé chez Epic en 1976 et publié plusieurs albums studio. Ils sont devenus immensément populaires au Japon, mais sont restés plutôt discrets aux États-Unis.
La sortie de l’album live At Budokan a changé la donne : il mettait en valeur leur puissance scénique, l’enthousiasme du public japonais et l’arrangement plus incisif de leurs titres en concert par rapport aux versions studio. La version live de « I Want You To Want Me », qui n’avait pas réussi à se classer en tant que single principal de l’album In Color (1977), a explosé après sa publication en live et a atteint le top 10 du Billboard Hot 100.
Rod Stewart — Maggie May
Figure emblématique du rock au début des années 1970, le Britannique Rod Stewart a forgé sa réputation dans les années 1960 avec des groupes comme le Jeff Beck Group et The Faces avant de s’imposer en solo. Son succès tient en grande partie au titre « Maggie May », devenu l’un des morceaux les plus diffusés sur les ondes rock des années 1970.
Pourtant, la chanson a bien failli passer inaperçue : enregistrée en 1970, elle est sortie en 1971 en face B du single « Reason to Believe ». Tandis que l’A-side obtenait un succès modeste, ce sont les DJ et le public qui ont porté « Maggie May » — le titre s’est imposé et est devenu numéro 1 des deux côtés de l’Atlantique à l’automne 1971, plusieurs mois après la sortie du single. Le succès a également propulsé l’album solo de Stewart, Every Picture Tells a Story, en tête des classements aux États-Unis et au Royaume-Uni. « Maggie May » reste sans doute le plus connu et le plus apprécié des succès d’une carrière qui s’étend sur six décennies.
KISS — Rock and Roll All Nite
Le groupe théâtral de hard rock KISS, mené par Gene Simmons et Paul Stanley, est devenu l’un des ensembles les plus reconnaissables des années 1970, avec une popularité qui perdure. Le départ fut cependant laborieux : leur premier album (1974) n’a pas immédiatement séduit le grand public. Grâce à un travail de tournée intensif, le groupe a peu à peu imposé son image et son répertoire.
Le single « Rock and Roll All Nite », sorti en 1975, n’a atteint que la 68e place du Billboard Hot 100. La situation a changé avec la parution de l’album live Alive! à l’automne 1975, qui a atteint le top 10 du Billboard 200 et redonné vie à la discographie du groupe. La réédition du titre en version live en 1976 a grimpé jusqu’à la 12e place, devenant le premier de six singles de KISS à entrer dans le top 20.
Paul McCartney — Maybe I’m Amazed
L’année 1970 a été difficile pour Paul McCartney, frappé par la séparation des Beatles et une querelle publique avec John Lennon. Alors que Lennon s’éloignait du groupe après son mariage avec Yoko Ono, McCartney a rendu publique la séparation en promouvant son album solo McCartney, ce qui lui a valu une partie des critiques. L’album a néanmoins culminé au sommet des charts aux États-Unis et atteint la 2e place au Royaume-Uni, malgré un accueil critique souvent hostile.
Parmi les rares éléments unanimement salués figurait « Maybe I’m Amazed », une ballade d’amour adressée à sa femme Linda, louant son soutien pendant cette période difficile. Non retenue comme single et restée un titre de l’album, la chanson a acquis une nouvelle vie avec la version live extraite de Wings Over America (1976), sortie en single début 1977 : elle a atteint la 10e place aux États-Unis et la 28e au Royaume‑Uni, et demeure un incontournable des concerts de McCartney.
Derek and the Dominos — Layla
« Layla » est aujourd’hui considérée comme l’une des plus grandes chansons d’amour du rock classique. Écrite par Eric Clapton, ancien guitariste de Cream, elle exprime sa passion contrariée pour Pattie Boyd, alors épouse de son ami George Harrison. Loin d’être une complainte, « Layla » est un rocker entraînant, doté d’un riff d’ouverture immédiatement accrocheur.
Titre phare de l’album Layla and Other Assorted Love Songs (1970) de Derek and the Dominos, la chanson n’a pas dépassé le top 50 lors de sa sortie en version courte en 7″ aux États‑Unis en 1971 et n’a pas été classée au Royaume‑Uni. La notoriété du morceau a cependant grandi, en partie grâce à son caractère entêtant qui l’a rendu populaire en jukebox. Rééditée en 1972 dans sa version plus longue et épique, « Layla » a atteint la 10e place du Billboard Hot 100. Au Royaume‑Uni, la version single est restée abrégée, mais le titre s’est malgré tout hissé jusqu’à la 7e place du classement des singles britanniques.
